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Critique de AdeleSenMele


Tout ce que je vois de ce premier roman me prédispose à l'aimer : un titre intrigant, une auteure dont le nom de famille sonne comme une promesse, un bandeau si joli (forcément), une référence à l'Ecume des jours en quatrième de couverture et une héroïne prénommée comme ma fille… Je n'ai pas voulu lire les chroniques déjà rédigées, les avis déjà postés. Je veux garder la surprise… J'ouvre avec précaution (ce livre va voyager, comme tous ceux de la sélection) et je lis la première page. J'adore les premières pages, elles sont comme la première gorgée de bière de Delerm.
Bim ! J'adore cette première page. Et j'adore ce premier roman, jusqu'à la dernière page : Constance Joly, ne vous arrêtez pas d'écrire !
L'histoire est triste : Alma est rongée par la maladie mystérieuse de sa fille, Billie, qui semble la condamner à une mort certaine. Dès les premières pages, c'est la fragilité d'Alma, ses doutes et ses peurs qu'elle trimballe dans des valises, qui nous entraînent. Alma la femme-enfant, Alma la mère. Car c'est bien d'elle dont il s'agit dans ces pages, de ses interrogations, de sa souffrance puis de sa lente métamorphose et de sa délivrance au fil d'un voyage inattendu…
Ce qui frappe dans ce récit singulier, c'est l'écriture de Constance Joly. Je suis toujours stupéfaite par la capacité de certains auteurs à rendre poétiques, presque tolérables, la laideur, la tristesse, l'horreur même parfois. Alma pense que « Les mots sont de pauvres choses (…). Ils sont pratiques et incomplets, incapables d'exprimer la complexité de nos vies, la subtilité de ses nuances. Il faudrait les décrasser, les lessiver, les essorer pour leur faire dégorger un sens nouveau ». L'auteure nous démontre le contraire : sous sa plume, les mots s'enchaînent pour faire naître des tableaux incroyables où les couleurs et les odeurs éveillent tous nos sens. Même les sandwichs ont une saveur de thym et de fleur de capucine ! Un chat roux, un chardon, une criminelle irlandaise sortie d'un roman, une encyclopédie de Botanique, de l'hydromel, des poèmes, des matins pluvieux qui donnent « envie de froisser la feuille du paysage dans ses mains et de l'envoyer à la corbeille » : nous voici projetés au beau milieu d'un conte, à suivre Alma – sorte d'Alice au pays des merveilles moderne – entre réalité et échappées oniriques, vers la guérison.
Ce premier roman est un conte moderne et, en même temps, tout à fait intemporel, interrogeant le rapport mère-fille, la transmission, le poids de la responsabilité maternelle et la capacité à s'épanouir, indépendamment de ses enfants.
« La beauté ne sert à rien, et pourtant, elle console de quelque chose qu'on ne sait pas nommer » écrit Constance Joly. Sans hésiter, la beauté de ce premier roman est indispensable, elle console de cette culpabilité féminine encore trop répandue…

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