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Critique de jostein


Constance Joly a pris le temps pour faire revivre la mémoire de son père. A la naissance de sa fille, une de ses meilleures amies lui demande ironiquement des nouvelles de » ce vieil homo« . Elle avait oublié qu'il était mort depuis cinq ans. Comment oublier et insulter cet homme qui a osé affronter l'opinion publique pour être lui, qui a lutté dans le silence et la dignité contre cette maladie dont personne ne voulait dire le nom.
Un film en super-huit, des albums de photos, des tableaux ( le damné aux enfers ou le baptême de Clorinde) qui hantaient son enfance témoignent en quelques images du parcours de cet homme né à Nice. Très tôt, Jacques ressent son homosexualité mais il ne peut l'avouer suite au bannissement de son frère surpris par ses parents au lit avec un homme. Alors, il se tait, se marie avec Lucie. le couple part à Paris en 1968. Tous deux enseignants, ils mènent la vie de bohème de l'intelligentsia de gauche.
Lors d'un cours hebdomadaire à Clermont-Ferrand, il rencontre Denis. Dès lors, Jacques commence à traîner la nuit au jardin des Tuileries. Constance a sept ans, elle ne voit plus beaucoup son père. A trente-sept ans, le père de Constance accepte enfin son homosexualité et quitte le foyer. de taciturne, parfois rageur, il peut enfin rayonner. Alors que l'auteur passe rapidement sur l'effondrement de sa mère, elle donne des couleurs à la métamorphose de Jacques.
Quand et avec qui a-t-il contracté ce virus? Lors de son voyage à San Francisco avec son copain Ivan en 1979? Les premiers cas furent recensés entre octobre 80 et mai 81 à Los Angeles. Mais il faudra attendre 1996 pour espérer freiner les ravages du virus avec la trithérapie. Jacques apprend sa séropositivité en 1988. Après douze ans de vie commune, Ivan l'a quitté et il s'apprête à vivre avec Sören. seuls son amant et sa mère seront dans la confidence. Aux autres, il ne dira rien avant de s'effondrer.
Constance a vécu de merveilleux moments avec ses parents jusqu'au divorce.
Elle fut ensuite une des premières enfants à vivre au sein d'un couple d'homosexuels. Au coeur de cette histoire, l'adolescente grandit, s'ouvre à sa féminité.
Le texte est écrit avec le coeur. A chaque ligne, on sent l'admiration pour son père. Au-delà de l'évocation d'un sujet de moins en moins tabou mais toujours difficile, Constance Joly écrit pour faire vivre son père.
Difficile de passer derrière le remarquable Fairyland d'Alysia Abbott. On y retrouve d'ailleurs quelques similitudes, beaucoup moins marquées (Harvey Milk, période adolescente…). Je découvre ici une version plus courte, plus centrée sur les sentiments mais le témoignage dégage la même admiration pour un père qui a eu le courage de vivre sa différence. Si le récit est moins fouillé, moins ancré dans une culture, une époque (tout le monde ne peut pas vivre à San Francisco), j'ai aimé les intermèdes poétiques et les références qui se glissent de ci-de-là, notamment autour de ce titre évocateur, Over the rainbow.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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