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Citations sur Robert Musil : Tout réinventer (7)

Du côté de Robert, le refus de toute carrière, de toute Beruf, de toute profession à temps-plein ; le choix de l'étude, de l'activité d'écriture et de pensée, soit le choix de la solitude, d'une forme de marginalité sociale - quels que puissent être les prestiges susceptibles de l'accompagner, et les très hautes satisfactions afférentes. Ce refus de toute carrière est toutefois pleinement assumé, et même présenté comme un gage d'accomplissement, ainsi que le confirme cet éloquent autoportrait esquissé dans le Cahier 3 : "Robert ne s'attend à rien, ses relations sont purement sensuelles. A l'origine, il était très actif et productif ; maintenant, il ne peut se décider pour aucune profession, parce que l'homme sans profession, de nos jours, est presque le seul à pouvoir s'accomplir".
p126
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Les rapports entre les sexes doivent être, décide l'écrivain, absolument "fondés sur l'illusion ".
P101
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Comme le souligne Coetzee dans son étude consacrée au roman (Les désarrois de l'élève Törless), les nombres irrationnels, "qui échappent à toute représentation en terme de nombres entiers", se révèlent infiniment plus nombreux que les nombres rationnels. Si des calculs réels peuvent être effectués au moyen de nombres imaginaires ou irréels comme la racine carrée de -1, le monde, autrement dit l'effectivité des phénomènes, se pense donc dans un ordre de causalités qui ne peut plus être celui, hérité des temps médiévaux, de la logique propositionnelle. C'est ainsi que les pensées mortes et les pensées vivantes se compénètrent - compénétration elle-même théorisée par l'élève Törless, décidément très précoce.
p85
C'est bien une théorie du personnage, de sa disparition même, qui s'esquisse au cours de cet été 1907 : les plus lamentables ou les plus insignifiants, le jeune écrivain en est convaincu, sont précisément, souvent, ceux à travers lesquels viennent s'exprimer les grandes pensées. L'intérêt du lecteur, alors, ne se porte plus sur le personnage lui-même, mais sur les grands courants, les "violences", "la violence en général", auxquels il se voit confronté.
p123
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En réalité, si Robert Musil se préoccupe d'une vie équilibrée, il est surtout tout entier tourné vers l'éclaircissement patient de ce qu'il pressent être un dessein capital, une "perspective infinie", presque palpable déjà, de manière étonnamment précoce, quoique encore peu articulée. Une certitude tout de même : devenir un grand homme. Regard rétrospectif, datant du début des années 1920, sur cette ambition de jeunesse : "Qui veut devenir un grand homme. Qui a les dispositions nécessaires. Premières tentatives : officier, ingénieur. La manière dont il s'y prend montre son talent. Les systèmes religieux, les idées philosophiques de son adolescence révèlent de grandes dispositions. En même temps, forte composante autiste. Mais qu'explique aussi : fils unique. Pour devenir un grand homme, comment faire ?" (Journal 2, p90)
p56
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Il se joue ici quelque chose de tout à fait fondamental dans la mesure où l'effectivité de l'intention se verra menacée, remise en cause. Et si celui-ci ressentira physiquement, sa vie durant, les manifestations de ce processus général de disparition d'une croyance et du crédit moral qui l'accompagne, s'il en fera tout objet de son travail, et s'il fera de la Cacanie son grand théâtre, c'est sans doute parce que celui qui vit du seul crédit qu'il s'accorde - et qui, à un moment, finit par en manquer - ne peut que porter une attention extrême à ce mécanisme fiduciaire-là, un mécanisme revêtant des formes que rien, sinon, ne signale spectaculairement à l'attention. Une grande partie de l'œuvre de Musil peut ainsi être présentée comme un enregistrement de cette perte et une tentative d'y remédier jusqu'à un certain point, d'y échapper ensuite [...], et sa vie même comme une pratique de l'impossible, et peut-être, de l'impossible crédit à soi-même.
p21
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Lle lecteur fera ainsi, tout d'abord, la connaissance d'un homme, d'un écrivain, nommé Robert Musil, et fera aussi la connaissance, au fil de la seconde moitié de cette vie, d'un personnage, le prénommé Ulrich ; mais il côtoiera aussi, et tout du long, dès le départ, par intervalles, par éclipses, un très discret, très souvent invisible, mais omniprésent nobody. Ce comptable des manques, des vides, des absences m'a aidé à ne pas confondre le biographique et le récit biographique, à ne pas oublier que si "le biographique est constitué par la totalité des relations de l'individu à la totalité des déterminations", l'événement biographique, lui, "n'est pas ce qui arrive au sujet, mais tout aussi bien ce qui ne lui arrive pas".
p15
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