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Critique de umezzu


Cette étude de la dynastie Plantagenêt s'attache au moyen-âge anglais du XII éme siècle jusqu'au tout début du XV éme, de Henri II à Henry IV, le premier roi Lancastre. L'ouvrage est une suite de biographies, assez fouillées, accompagnée de quelques chapitres sur les particularités du temps : règles de la féodalité, oppositions entre pouvoir temporel et pouvoir du Pape, révoltes populaires (celle de 1381 fut proche de réussir), stratégie militaire (les fameux archers gallois)... le chapitre sur l'arrivée de la peste noire en 1348 à Bordeaux, alors possession anglaise, est angoissant en ces temps de coronavirus.
Le style de l'auteur est fluide et agréable. Tant mieux vu la densité d'informations distillées au long de ces six cent pages.

Jones explique bien le passage de la dynastie normande issue de Guillaume le Conquérant aux Plantagenêts. le naufrage de la Nef Blanche au large de Barfleur en 1120 avec à son bord Guillaume Adelin, le seul fils d'Henri Ier, fils du Conquérant, va conduire à une crise dynastique. Henri souhaitait que sa fille Mathilde, dite l'Emperesse, car veuve de l'Empereur romain germanique, lui succède. Finalement c'est Étienne de Blois, son cousin, qui s'empara du trône. Une guerre interminable s'en suivit. Mathilde était appuyée par son mari, le puissant Geoffroy Plantagenêt, comte d'Anjou. Pour les amateurs de romans historique, cette guerre civile, avec ses retournements de situation, apparaît en arrière fond dans les Pilliers de la terre de Ken Follett et dans certains tomes de la série frère Cadfaël de Ellis Peters...

Le vainqueur final fut le fils de Maud et Geoffroy, Henri II. Un roi qui sut étendre le pouvoir royal de façon considérable par les armes et par un mariage. Il épousa Aliénor d'Aquitaine, duchesse d'Aquitaine. L'étendue du domaine Plantagenêt était alors à son comble : Angleterre, Normandie, Anjou-Maine, Poitou et Aquitaine. Un summum, et le début des difficultés. Difficultés avec ses fils poussés à la révolte par leur mère. Celui qui nous est le plus connu est évidemment Richard Coeur de Lion. L'auteur ne remet pas en cause sa bravoure, mais son intelligence politique est sans doute surévaluée.

Toute cette première partie est passionnante. Les croisades, la capture de Richard et sa rançon, l'avidité de Jean sans Terre. Tout cela fait écho à la culture populaire, à commencer par Robin des Bois.

La suite n'est pas du même acabit. Jean sans terre doit concéder la grande Charte en 1215, limitant un temps le pouvoir royal. Pour mieux l'enterrer, quand les revers de la guerre lui furent plus favorables. En fait, cette charte finit par devenir, avec le temps, une référence dans l'équilibre des pouvoirs entre les rois, toujours décidés à imposer de nouvelles taxes pour financer leurs campagnes (notamment en France), et le Parlement et les grands barons. Les rois successifs (Henri II, Édouard Ier, Édouard II…) durent tous à un moment donné combattre une opposition interne vive. Les prébendes accordés à leurs favoris ont souvent constitué la source de ces révoltes armées. de plus, les incursions militaires en France étaient très coûteuses, or pour la noblesse devenue avec le temps bien anglaise, il s'agissait là de combats à l'étranger, ne relevant pas de leurs obligations de vassaux du roi d'Angleterre.
Cette lignée dynastique aurait donc pu disparaître à plus d'une reprise. Un roi est déposé (Édouard II), puis tué à l'instigation de l'amant de la reine (Isabelle de France, dont le portrait ici est très éloigné de celui donné à lire dans la série des BD les Reines de sang).

Ces querelles internes qui n'influent pas beaucoup sur l'histoire de France, puisque seule l'Aquitaine reste constamment anglaise sur cette période. Les chapitres du coup se font plus longuets, moins dynamiques, vu de ce côté-ci du Channel.

Le retour d'une Angleterre triomphante est du à Edouard III. C'est lui en tant que petit-fils de Philippe le Bel va réclamer en plus du trône d'Angleterre, celui de France, et va enclencher la guerre de cent ans. Une réclamation qui lui vient des années après que Philippe VI, le Valois, eut pris la couronne en France. Comme un prétexte à des ambitions continentales. S'en suivront une série de victoires majeures (Crécy, Poitiers,...) dues surtout au talent militaire et à la férocité du Prince noir, Édouard de Woodstock, l'héritier qui ne ceindra jamais la couronne, mourant avant son père.
Cette partie sur le pourquoi de la guerre de cent ans, les ambitions anglaises, les erreurs militaires françaises, est bien plus intéressante.

La fin du règne d'Edouard III et surtout l'avènement de son fils Richard II renvoient l'Angleterre dans le chaos. Richard II parvient à conserver son trône malgré des révoltes paysannes et des barons. Il en devient paranoïaque et prétend gouverner sans limites, s'est à dire comme un voleur, spoliateur de terres et de domaines. La chute sera terrible. La dernière victime des abus du roi, Henry de Bolingbroke, cousin de Richard de sang royal, exilé, privé de toutes ces terres, parvient à retourner quasiment toute la noblesse en sa faveur. le royaume change de dynastie, place aux Lancastre.

Les Plantagenêts est un essai historique abordable pour le grand public, bien écrit, sans notes de bas de page à répétition. Dan Jones réussit à décrire toute une partie de l'Histoire de l'Angleterre, et du moyen-âge en Europe.
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