L'odeur de la poudre de riz

Néanmoins, elle avait appris à connaître cette femme, ses joies, ses peines, ses désillusions et son amour indéfectible pour cet homme mystérieux. Elle avait presque la sensation d’avoir fait partie de sa vie. Elle ne pouvait pas s’imaginer que tout cela allait cesser d’un jour à l’autre.

Pas besoin d’allumer la télévision ce soir, notre vie ressemble déjà à une série télé.

Camille aimait son fiancé de tout son cœur, mais elle n’avait jamais ressenti ce genre d’émotion forte. Pour être honnête, elle en était un peu jalouse, parfois, surtout quand elle voyait Jeanne, d’ordinaire si stoïque et détachée, perdre tous ses moyens quand sa femme était dans les parages.

Quand on trouve des tranches de vie d’autres personnes… même si elles nous sont inconnues, c’est difficile de garder un esprit neutre.

Le temps efface les souvenirs, les gomme petit à petit, et pourtant, je me souvenais parfaitement du moindre détail de ton visage. De la courbe généreuse de tes lèvres, de ce grain de beauté au coin de ton œil droit, de ton nez aquilin. Je me souvenais de tout, et je crois que c’est à cet instant précis que j’ai véritablement compris que je ne pourrais jamais oublier.

J’ai tenté d’être une bonne épouse pour me faire pardonner le fait que mon cœur ne battait pas pour lui. Je me faisais l’effet d’être une personne horrible, encore plus aujourd’hui où je réalise que même si je ne suis jamais parvenue à l’aimer comme j’ai pu t’aimer toi, il a été un formidable compagnon de vie et un véritable ami. Il me manque.

Ils étaient beaux ensemble, le couple parfait, et du jour au lendemain, elle avait annoncé à ses amies qu’elle divorçait, qu’elle ne voulait pas en parler et qu’elle allait en profiter pour changer radicalement de vie. Elle n’avait jamais évoqué la raison de leur séparation, mais Camille se demandait désormais si Samuel, son ex, s’était montré infidèle.

Cette femme a épousé un homme tout en étant amoureuse d’un autre. C’est de la duplicité, ni plus ni moins. Je ne pense pas que cette Liliane mérite ton admiration, Camille.

Jeanne était blonde comme les blés, grande et élancée et, tout comme son métier qui exigeait rigueur et concentration, elle était dotée d’une personnalité calme et déterminée. Camille, au contraire, était brune, à son plus grand regret, et sa chevelure ondulée lui donnait du fil à retordre tous les matins. Elle avait hérité de sa grand-mère italienne son teint hâlé, ses yeux bleus et son caractère passionné et audacieux.

— Alexandre, je crois en l’amour raisonné.

— Camille, je crois en l’amour passionnel.