AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de MarionJL


L'écrivain est à moitié surinamais. Il rencontre son père à 28 ans et décide alors d'explorer ses racines surinamaises, guidé par une phrase de son père : son arrière grand père savait se transformer en jaguar et ce qu'il a fait les a tous maudit. Il veut comprendre la part de véracité dans cette assertion ainsi que retrouver la plantation familiale proche de la Mokreek au Suriname.

Son cheminement est fait aussi de lectures, pour beaucoup oubliées, toutes inédites en français (!) malgré l'intérêt qu'elles proposent pour une réflexion surtout sur l'esclavage mais aussi pour un rapport à la nature et au monde différent, plus apaisé. Il nous raconte alors ses découvertes et sa compréhension de son histoire familiale et au-delà de l'histoire du Suriname, alors qu'il ne s'était jamais intéressé plus au pays que l'européen moyen.

Je n'ai pas été beaucoup touché par le style mais le fond m'a ému et est en plus très intéressant. C'est aussi l'histoire de la réconciliation (impossible?) avec le passé esclavagiste, de spoliation et d'uniformisation du modèle européen : « nous pouvons les assurer que, en tant que nègres, nous ne croyons pas non plus avoir été créés à l'image d'un Dieu dont les Blancs invoquaient la bénédiction chaque fois qu'ils faisaient main basse sur les terres, les personnes et les biens de peuples d'autres couleurs. » En chemin, il trouve une fierté d'être descendant d'esclaves et d'autochtones surinamais, des populations pourtant dépossédées, écrasées et méprisées et souhaite transmettre toute cette joie aux gens vivant la même situation.

Sa découverte du Suriname se transforme ainsi en quête historique et spirituelle. Il essaye ainsi de comprendre pourquoi les esclaves ont abandonné leur religion originelle pour adopter le christianisme (au moment de l'abolition de l'esclavage) et pourquoi le winti (vaudou surinamais) a été interdit jusqu'en 1971 et est considéré comme une idôlatrie maudite. Il cherche quelque part quels sont les nouveaux modes de domination du Pairaoundépo (monstre mythique amazonien).

On retrouve aussi un plaidoyer pour la forêt amazonienne et l'arrêt de “l'apocalypse”, due à la cupidité et l'avidité des hommes. Que gagnerait-on à trouver l'Eldorado. Est-ce que ça rendrait le monde plus heureux et plus libre? Son cheminement est très intéressant car on sent l'éveil d'une conscience, la découverte d'une autre façon de voir le monde et nos sociétés.

C'est un beau voyage que nous propose Raoul de Jong, dans les confins d'une histoire peu connue.
Commenter  J’apprécie          94



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}