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EAN : 9782283035979
272 pages
Buchet-Chastel (12/01/2023)
4.28/5   9 notes
Résumé :
Un bouleversant voyage familial et mystique dans les jungles du Suriname

Né d’une mère néerlandaise et d’un père surinamais qu’il a très peu connu, Raoul est âgé d’à peine trente ans quand il reçoit le courriel suivant :

JE CHERCHE MON FILS RAOUL DE JONG ☺☺☺

De cette rencontre tardive avec son père naissent de nombreux espoirs, parfois déçus, et autant de questions, notamment sur son ascendance surinamai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
L'écrivain est à moitié surinamais. Il rencontre son père à 28 ans et décide alors d'explorer ses racines surinamaises, guidé par une phrase de son père : son arrière grand père savait se transformer en jaguar et ce qu'il a fait les a tous maudit. Il veut comprendre la part de véracité dans cette assertion ainsi que retrouver la plantation familiale proche de la Mokreek au Suriname.

Son cheminement est fait aussi de lectures, pour beaucoup oubliées, toutes inédites en français (!) malgré l'intérêt qu'elles proposent pour une réflexion surtout sur l'esclavage mais aussi pour un rapport à la nature et au monde différent, plus apaisé. Il nous raconte alors ses découvertes et sa compréhension de son histoire familiale et au-delà de l'histoire du Suriname, alors qu'il ne s'était jamais intéressé plus au pays que l'européen moyen.

Je n'ai pas été beaucoup touché par le style mais le fond m'a ému et est en plus très intéressant. C'est aussi l'histoire de la réconciliation (impossible?) avec le passé esclavagiste, de spoliation et d'uniformisation du modèle européen : « nous pouvons les assurer que, en tant que nègres, nous ne croyons pas non plus avoir été créés à l'image d'un Dieu dont les Blancs invoquaient la bénédiction chaque fois qu'ils faisaient main basse sur les terres, les personnes et les biens de peuples d'autres couleurs. » En chemin, il trouve une fierté d'être descendant d'esclaves et d'autochtones surinamais, des populations pourtant dépossédées, écrasées et méprisées et souhaite transmettre toute cette joie aux gens vivant la même situation.

Sa découverte du Suriname se transforme ainsi en quête historique et spirituelle. Il essaye ainsi de comprendre pourquoi les esclaves ont abandonné leur religion originelle pour adopter le christianisme (au moment de l'abolition de l'esclavage) et pourquoi le winti (vaudou surinamais) a été interdit jusqu'en 1971 et est considéré comme une idôlatrie maudite. Il cherche quelque part quels sont les nouveaux modes de domination du Pairaoundépo (monstre mythique amazonien).

On retrouve aussi un plaidoyer pour la forêt amazonienne et l'arrêt de “l'apocalypse”, due à la cupidité et l'avidité des hommes. Que gagnerait-on à trouver l'Eldorado. Est-ce que ça rendrait le monde plus heureux et plus libre? Son cheminement est très intéressant car on sent l'éveil d'une conscience, la découverte d'une autre façon de voir le monde et nos sociétés.

C'est un beau voyage que nous propose Raoul de Jong, dans les confins d'une histoire peu connue.
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Tout commence par un père qui recherche son fils. Un père surinamais, venu vivre aux Pays-Bas. Un homme qui a eu un enfant d'une néerlandaise puis, est parti.

C'est l'histoire d'un petit garçon, qui a grandi sans son père, qui le retrouve mais qui surtout retrouve son passé, ses racines.

Qui décide de découvrir le pays de ses ancêtres, le Surinam, à la recherche d'un mystérieux aïeul, l'homme-Jaguar.

Un homme qui avait le pouvoir de se transformer en ce roi de la forêt amazonienne.

Cette histoire est celle de Raoul de Jong qui nous livre ici le récit de cette quête. Ce roman, commence comme une enquête personnelle mais prend une dimension beaucoup plus large.

La recherche du passé de l'auteur se télescope avec l'histoire du Surinam, de ce pays découpé et décrété comme tel par les européens. de l'esclavage, de la déforestation, du racisme.

Des voix qui s'élèvent pour faire entendre leur histoire, de cette nature luxuriante, essentielle à l'homme et pourtant si menacée.

Ce récit est passionnant du début à la fin, il interroge et révolte. Raoul de Jong n'omet pas ses préjugés et biais, ne se donnant jamais le beau rôle, mais entraînant le lecteur à sa suite au fil des pages sans jamais le laisser de côté.

Et que dire de l'objet- livre en lui-même, avec une couverture magnifique, des illustrations disséminées au fil des pages et une mise en page très soignée.

Un livre coup de coeur que je vous conseille !
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Étrange et magnifique récit que ce Jaguarman, dans lequel Raoul de Jong plonge dans la jungle du Suriname et part à la recherche de cet ancêtre énigmatique, le Jaguarman à qui il adresse ses pensées et l'avancée de ses recherches.

A travers cette quête identitaire, la magie se mêle au réel, le vaudou ( winti au Suriname) à l'histoire, et Raoul de Jong nous fait voyager dans les méandres les plus sombres de l'histoire coloniale néerlandaise, à travers des recherches sur l'esclavage au Suriname, thème très peu relaté dans les livres de son pays. Il part à la recherche de grands auteurs du Suriname, ouvrant les pages de l'histoire trop peu connue de ce pays proche de notre Guyane, victime de la déforestation intensive et de l'oubli.

Mais là où le livre est réellement passionnant, c'est quand la plume envoûtante de Raoul de Jong nous invite à un voyage qui est plus que ça. Dans les rues de Paramaribo, au coeur de la jungle amazonienne, on suit son enquête, ses espoirs, ses découvertes à travers de grands noms tels que Anton de Kom, Toussaint Louverture, les frères Penard, mysi Elli, la prêtresse winti, et tout un tas de personnages historiques, écrivains, précurseurs, combattants du démon Pairaoundépo et défenseurs de la liberté.

Un merveilleux dépaysement au sein d'une histoire oubliée, écrite d'une plume solaire et pleine d'optimisme, étayée d'une somme de recherches époustouflante, mais qui n'est jamais ni ennuyeuse ni rébarbative.
Je crois que c'est ça la magie Raoul de Jong : Plonger avec ravissement dans les pires moments de l'histoire, en ayant l'impression d'être protégé par cet homme jaguar qui veille sur nous, et laisser le winti et la nature nous guider.
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Aujourd'hui je vais évoquer Jaguarman récit autobiographique de Raoul de Jong sous forme d'une longue lettre incantatoire. Ce jeune homme d'une trentaine d'années au moment des faits rapportés est le fils d'une femme néerlandaise et d'un père surinamais.
Jaguarman est la formidable plongée dans la facette jusque-là inconnue du monde familial de l'auteur. Cela commence par la réception d'un mail lui indiquant : « je cherche mon fils Raoul de Jong ». C'est le début de la quête et du voyage entre Rotterdam où il vit et Paramaribo. Il ne connait pas grand-chose de son histoire et de ses aïeuls issus de l'esclavage en Afrique. Il n'a jamais connu son père, les liens avec lui ont été distendus dans son enfance ; il a grandi auprès de sa mère qui a peu évoqué la patrie paternelle. Ce récit est une véritable enquête, le protagoniste fait la narration de ses explorations, de ses voyages et de la plongée dans ses origines. Il reconstitue son arbre généalogique et remonte vers l'homme jaguar, qui est omniprésent dans le récit. Rapidement il comprend la présence évanescente mais réelle de cet ancêtre qu'il va tenter d'identifier et d'approcher. Au cours de ces mois de recherche il alterne entre les joies et les déceptions. Il retrace l'histoire de son pays paternel, il montre combien cette ancienne colonie néerlandaise est occultée de l'histoire contemporaine de ce pays européen. Il raconte la géographie, les richesses minières et la puissance de la forêt tropicale primaire. L'indépendance est relativement récente et le passé continue d'influer le présent. Les non-dits sont nombreux et les responsabilités des colons sont souvent occultées. La quête identitaire du métis (homosexuel et charmant) est jonchée de surprises et de découvertes. La description de la jungle est épatante et envoutante. le réel côtoie la magie, les croyances magico-religieuses sont confrontées au rationalisme occidental. le livre est ponctué de multiples croquis en noir et blanc qui tracent le portrait de tous ceux qui sont évoqués dans ces pages magnifiques. Même si ce n'est pas son ambition première Jaguarman est une invitation au voyage, une incitation à la découverte des racines de l'auteur afin de l'aider à mieux se connaître et comprendre qui il est.
Jaguarman est un livre touchant dans lequel Raoul de Jong fait découvrir de nombreux auteurs liés au Surinam, des personnages qui ont contribué à fonder cette nation et à se libérer du joug colonial. Son ton est simple, le mélange de l'humanité et de la bestialité autour des mythes est une sorte de plongée ethnologique dans ce pays sylvestre dont l'histoire est ici bien relatée.
Voilà, je vous ai donc parlé de Jaguarman de Raoul de Jong paru aux éditions Buchet Chastel.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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Raoul de Jong nous amène dans un voyage avec lui, au coeur du Suriname, pour y explorer les recoins méconnus de sa culture et de son histoire. Il plonge et nous entraîne avec lui dans son périple au coeur de la jungle, mais aussi à travers des textes d'une multitude d'auteurs inédits en français. On part à la recherche de son arrière-grand-père, le mystérieux Jaguarman qui attira autrefois une malédiction sur sa famille. Laquelle, comment et pourquoi ? C'est ce qu'on essaie d'élucider au fil de ce roman autobiographique à la fois drôle, spirituel et étonnant.

Voici une histoire de colonisation, d'esclavage, mais surtout un récit magnifique de résilience. Un livre qui nous amène à croire en la magie, aux hommes capables de se transformer en jaguar pour survivre dans la jungle Surinamaise, et duquel on ressort avec plus d'un trésor dans nos bagages. C'est un roman rafraîchissant et brillant, à découvrir absolument !
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critiques presse (1)
LeMonde
23 janvier 2023
De la jungle à la torpeur de la capitale en passant par son studio de Rotterdam, Raoul de Jong confronte les mythes et les mensonges à la réalité du pays, notamment celle qui est racontée par les écrivains et les poètes « sur les épaules desquels [il s]e tien[t] » : ­Anton de Kom, Albert Helman, Edgar Cairo, Leo Ferrier. Il trouvera parmi ceux-ci un de ses « doubles », Theo Comvalius, le premier Surinamien noir à s’être rendu aux Pays-Bas, en 1935.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Apparemment la formule était la suivante : quand on a l’impression qu’il y’a un lien entre deux choses, c’est qu’il y’en a un. La création s’exprime peut-être ainsi. Pas en malédictions mais en poèmes. A travers des feuilles qui ressemblent à des têtes d’animaux ou à des parapluies, à travers des oiseaux qui paraissent annoncer les heures de pluie ou, si je projetais ce système dans ma propre vie : à travers des livres sur des Raoul qui partent à la recherche de plantations silencieuses, à travers des hommes qui ressemblent à des pères et qui entrent dans les cafés le jour où on s’est déguisé en prince africain.
Si la coïncidence vous semble trop forte, c’est que ce n’en est pas une.
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Qu’une malédiction proférée par un homme ayant vécu jusqu’à l’âge de neuf cent cinquante ans selon la tradition chrétienne avait servi de prétexte à trois cent cinquante ans d’esclavage dont nous n’avons pas fini de subir les séquelles. Que des personnes croyant en une réalité constituée de chiffres et de graphiques, de profits et de pertes, avaient fait régner l’enfer sur terre, au mépris de la nature et de la vie qu’elle abrite. Et qu’à la base de toutes ces fables se trouvait celle qui prétendait que seul l’Homme est fait à l’image du créateur et que cette infime partie de la création peut disposer du reste comme bon lui semble. 
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Cette religion s’appelle voodoo en Amérique, vaudou en Haïti, santeria à Cuba et candomblé au Brésil et winti au Suriname. Selon Misi Elly ces croyances ont en commun d’être un mélange de religions indigènes et de forces mystérieuses qui ont traversé l’océan depuis l’Afrique.
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Videos de Raoul de Jong (3) Voir plusAjouter une vidéo
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Interview met Raoul de Jong over Jaguarman Sous-titres en anglais
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