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EAN : 9782283035979
272 pages
Buchet-Chastel (12/01/2023)
3.96/5   14 notes
Résumé :
Un bouleversant voyage familial et mystique dans les jungles du Suriname

Né d’une mère néerlandaise et d’un père surinamais qu’il a très peu connu, Raoul est âgé d’à peine trente ans quand il reçoit le courriel suivant :

JE CHERCHE MON FILS RAOUL DE JONG ☺☺☺

De cette rencontre tardive avec son père naissent de nombreux espoirs, parfois déçus, et autant de questions, notamment sur son ascendance surinamai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
"Ce qui nous rattachait au Suriname n'avait le plus souvent pas d'existence, mais même quand cela existait, le silence régnait. Et malgré ce silence, un appel nous parvenait."
Qu'est-ce qui rattache Raoul de Jong - né et grandi à Rotterdam avec sa mère néerlandaise - qu'est-ce qui pourrait bien le rattacher au Suriname ?
Son père absent, rencontré à 30 ans pour la première fois ?
De ce père jovial mais qui oublie leurs rendez-vous... il n'attend rien.
Sa couleur de peau, sa nature de cheveux ?
Ça oui, ça le tracasse, surtout quand les mamies assises devant lui dans le tram "serrent contre elles leur sac à main".
Sa quête d'identité ? Son histoire familiale ?
Là, on est sur une piste.
"Malgré ce silence, un appel nous parvenait."
Silence sur l'histoire du Suriname, l'extermination des Arawaks, l'asservissement des personnes capturées en Afrique, au profit des plantations anglaises, puis hollandaises.
"Les agissements des Néerlandais au Suriname ne constituent qu'une partie de l'histoire (…) Il en existe une autre, qui est presque aussi longue, et dont les Néerlandais sont les figurants, et non les personnages principaux."
Appel que l'auteur va entendre, silence qu'il va explorer dans les livres et dans un voyage de trois mois, guidé par la légende de l'Homme-jaguar, sur les traces de ses propres ancêtres : Indiens, esclaves, marrons.
"Le musée de Christine ne m'a pas appris comment un être humain se transforme en jaguar, mais j'y ai compris autre chose (…) : vous n'étiez pas qu'un corps à votre arrivée au Suriname. Vous étiez porteur d'une culture et vous avez trouvé des moyens de la préserver."
Ce que l'auteur a compris tient dans ce livre. C'est d'abord un ouvrage documentaire avec une grosse bibliographie. Mais c'est également le récit très personnel, introspectif, d'un homme tiraillé entre deux identités, ému de découvrir non seulement ses racines indiennes et africaines, mais aussi que ces racines, au Suriname, sont toujours vivantes.
J'ai beaucoup aimé l'écriture, pleine de surnaturel mais également d'humour – notamment lorsqu'il se décrit en touriste à l'aventure dans la jungle, quand il entame un rite de purification (essentiellement un régime sans sel), ou dans ses aphorismes : "Quand on a l'impression qu'il y a un lien entre deux choses, c'est qu'il y en a un."
Tout du long le livre est ponctué de beaux portraits des personnes rencontrées, réalisés par l'auteur et Elizabeth Tomasetti.
Traduction sans faille par Myriam Bouzid.

Challenge Globe-trotter (Suriname)
LC thématique juin 2023 : "L'auteur est un homme"
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L'écrivain est à moitié surinamais. Il rencontre son père à 28 ans et décide alors d'explorer ses racines surinamaises, guidé par une phrase de son père : son arrière grand père savait se transformer en jaguar et ce qu'il a fait les a tous maudit. Il veut comprendre la part de véracité dans cette assertion ainsi que retrouver la plantation familiale proche de la Mokreek au Suriname.

Son cheminement est fait aussi de lectures, pour beaucoup oubliées, toutes inédites en français (!) malgré l'intérêt qu'elles proposent pour une réflexion surtout sur l'esclavage mais aussi pour un rapport à la nature et au monde différent, plus apaisé. Il nous raconte alors ses découvertes et sa compréhension de son histoire familiale et au-delà de l'histoire du Suriname, alors qu'il ne s'était jamais intéressé plus au pays que l'européen moyen.

Je n'ai pas été beaucoup touché par le style mais le fond m'a ému et est en plus très intéressant. C'est aussi l'histoire de la réconciliation (impossible?) avec le passé esclavagiste, de spoliation et d'uniformisation du modèle européen : « nous pouvons les assurer que, en tant que nègres, nous ne croyons pas non plus avoir été créés à l'image d'un Dieu dont les Blancs invoquaient la bénédiction chaque fois qu'ils faisaient main basse sur les terres, les personnes et les biens de peuples d'autres couleurs. » En chemin, il trouve une fierté d'être descendant d'esclaves et d'autochtones surinamais, des populations pourtant dépossédées, écrasées et méprisées et souhaite transmettre toute cette joie aux gens vivant la même situation.

Sa découverte du Suriname se transforme ainsi en quête historique et spirituelle. Il essaye ainsi de comprendre pourquoi les esclaves ont abandonné leur religion originelle pour adopter le christianisme (au moment de l'abolition de l'esclavage) et pourquoi le winti (vaudou surinamais) a été interdit jusqu'en 1971 et est considéré comme une idôlatrie maudite. Il cherche quelque part quels sont les nouveaux modes de domination du Pairaoundépo (monstre mythique amazonien).

On retrouve aussi un plaidoyer pour la forêt amazonienne et l'arrêt de “l'apocalypse”, due à la cupidité et l'avidité des hommes. Que gagnerait-on à trouver l'Eldorado. Est-ce que ça rendrait le monde plus heureux et plus libre? Son cheminement est très intéressant car on sent l'éveil d'une conscience, la découverte d'une autre façon de voir le monde et nos sociétés.

C'est un beau voyage que nous propose Raoul de Jong, dans les confins d'une histoire peu connue.
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Le Suriname et les Pays-Bas dans ce récit bien mené, entrecoupé joliment de dessins, mais aussi une réflexion riche sur l'humain, la spiritualité (christianisme/ vaudou), les silences de l'Histoire, la Nature (l'Amazonie) et pour moi comme une pièce de puzzle qui fait écho à tellement de lectures dans mon tour du monde ! Guyana, Guyane avec Obia, Haïti, les Caraïbes, Ghana... tout résonne et j'aime ce "hasard" qui fait dialoguer les livres qu'on choisit de lire.
Un récit enthousiasmant, heureusement traduit en français (du néerlandais) qui donne envie d'avoir accès aux poètes surinamais...
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Tout commence par un père qui recherche son fils. Un père surinamais, venu vivre aux Pays-Bas. Un homme qui a eu un enfant d'une néerlandaise puis, est parti.

C'est l'histoire d'un petit garçon, qui a grandi sans son père, qui le retrouve mais qui surtout retrouve son passé, ses racines.

Qui décide de découvrir le pays de ses ancêtres, le Surinam, à la recherche d'un mystérieux aïeul, l'homme-Jaguar.

Un homme qui avait le pouvoir de se transformer en ce roi de la forêt amazonienne.

Cette histoire est celle de Raoul de Jong qui nous livre ici le récit de cette quête. Ce roman, commence comme une enquête personnelle mais prend une dimension beaucoup plus large.

La recherche du passé de l'auteur se télescope avec l'histoire du Surinam, de ce pays découpé et décrété comme tel par les européens. de l'esclavage, de la déforestation, du racisme.

Des voix qui s'élèvent pour faire entendre leur histoire, de cette nature luxuriante, essentielle à l'homme et pourtant si menacée.

Ce récit est passionnant du début à la fin, il interroge et révolte. Raoul de Jong n'omet pas ses préjugés et biais, ne se donnant jamais le beau rôle, mais entraînant le lecteur à sa suite au fil des pages sans jamais le laisser de côté.

Et que dire de l'objet- livre en lui-même, avec une couverture magnifique, des illustrations disséminées au fil des pages et une mise en page très soignée.

Un livre coup de coeur que je vous conseille !
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Étrange et magnifique récit que ce Jaguarman, dans lequel Raoul de Jong plonge dans la jungle du Suriname et part à la recherche de cet ancêtre énigmatique, le Jaguarman à qui il adresse ses pensées et l'avancée de ses recherches.

A travers cette quête identitaire, la magie se mêle au réel, le vaudou ( winti au Suriname) à l'histoire, et Raoul de Jong nous fait voyager dans les méandres les plus sombres de l'histoire coloniale néerlandaise, à travers des recherches sur l'esclavage au Suriname, thème très peu relaté dans les livres de son pays. Il part à la recherche de grands auteurs du Suriname, ouvrant les pages de l'histoire trop peu connue de ce pays proche de notre Guyane, victime de la déforestation intensive et de l'oubli.

Mais là où le livre est réellement passionnant, c'est quand la plume envoûtante de Raoul de Jong nous invite à un voyage qui est plus que ça. Dans les rues de Paramaribo, au coeur de la jungle amazonienne, on suit son enquête, ses espoirs, ses découvertes à travers de grands noms tels que Anton de Kom, Toussaint Louverture, les frères Penard, mysi Elli, la prêtresse winti, et tout un tas de personnages historiques, écrivains, précurseurs, combattants du démon Pairaoundépo et défenseurs de la liberté.

Un merveilleux dépaysement au sein d'une histoire oubliée, écrite d'une plume solaire et pleine d'optimisme, étayée d'une somme de recherches époustouflante, mais qui n'est jamais ni ennuyeuse ni rébarbative.
Je crois que c'est ça la magie Raoul de Jong : Plonger avec ravissement dans les pires moments de l'histoire, en ayant l'impression d'être protégé par cet homme jaguar qui veille sur nous, et laisser le winti et la nature nous guider.
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critiques presse (1)
LeMonde
23 janvier 2023
De la jungle à la torpeur de la capitale en passant par son studio de Rotterdam, Raoul de Jong confronte les mythes et les mensonges à la réalité du pays, notamment celle qui est racontée par les écrivains et les poètes « sur les épaules desquels [il s]e tien[t] » : ­Anton de Kom, Albert Helman, Edgar Cairo, Leo Ferrier. Il trouvera parmi ceux-ci un de ses « doubles », Theo Comvalius, le premier Surinamien noir à s’être rendu aux Pays-Bas, en 1935.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Alors qu’il est quatre fois plus grand que les Pays-Bas, le Suriname compte cinq cent mille habitants, cent mille de moins que Rotterdam. Ils descendent des premiers occupants du Suriname, notamment les Caraïbes et les Arawaks, des autochtones que la plupart des Surinamais appellent toujours “les Indiens”. Ils descendent du visiteur étranger qui était venu y chercher le paradis. Et des Africains, des Chinois, des Hindoustanis et des Javanais qui ont été amenés par le visiteur étranger. Ces différentes personnes ont toutes eu des relations sexuelles entre elles, comme il est d’usage chez les humains, surtout quand le soleil brille, mais il n’en a pas résulté une nouvelle race - beige. Il semblait qu’on tirait une pochette-surprise génétique à chaque nouvel enfant : c’était parfois des boucles blondes, des yeux bridés et une peau brune. Parfois une peau blanche et des yeux bruns.
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Pas étonnant qu’il se soit cru en enfer. Moi, ce que j’ai vu, ce n’était pas un combat sans fin où seuls les plus forts survivent, mais un poème dans lequel chaque petite créature vivante était une facette d’un semble miraculeux et bien plus vaste, qui avait besoin de toutes ces déclinaisons pour se concrétiser.
Homme-Jaguar, si la nature sauvage est synonyme de vie, alors la forêt tropicale a confirmé ce qu’elle m’avait inspiré au cours des meilleurs moments de mon existence : la vie est un miracle, elle est bien disposée à notre égard lorsqu’on comprend que les obstacles qu’elle nous envoie sont destinés à nous faire danser.
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C’était le premier endroit que je visitais où quelqu’un de mon genre n’avait rien de spécial. En trois mois, personne ne m’a fait de réflexion sur la couleur de mes yeux.
Je m’étais reconnu dans des descriptions du Suriname vieilles de plusieurs siècles, sous les traits du personnage le plus sujet à caution de l’histoire coloniale, le “mulâtre” : le traître opportuniste, mi-blanc, mi-noir, qui tente de grimper les échelons de la société coloniale en écrasant les plus faibles et en léchant les bottes des plus forts.
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Il racontait ce qu’avaient subi nos ancêtres, il racontait qu’ils avaient toujours contre-attaqué, mais il ne disait pas avec quelles armes. Même s’il donnait un indice:
“On a souvent affirmé, plus tard, dans des ouvrages chrétiens, que le nègre n’était pas humain, car l’homme avait été créé à l’image de Dieu, et que Dieu n’est-ce pas, d’après ces érudits, n’est pas noir… Nous pouvons les assurer que, en tant que nègres, nous ne croyons pas non plus avoir été créés à l’image d’un Dieu dont les blancs invoquaient la bénédiction chaque fois qu’ils faisaient main basse sur les terres, les personnes et les biens de peuples d’autres couleurs.”
Anton ne donnait pas le nom du Dieu de nos ancêtres. Mais son livre était une bonne raison de le chercher.
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C’était la cinquième leçon de la nature sauvage : ces pingos n’avaient jamais vu d’humains, ils ignoraient les crimes que notre espèce avait sur la conscience, ils se sont donc montrés bienveillants à notre égard.
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Interview met Raoul de Jong over Jaguarman Sous-titres en anglais
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