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Critique de Nastasia-B


Au risque d'en faire sourire quelques uns, j'avoue sans honte que je suis toujours fascinée, parfois émue par des tableaux représentant des canards. Dans l'imaginaire populaire, le canard est l'archétype de l'animal pataud, maladroit, réplique en miniature de ce que l'on sera nous, à l'état de vieillards, la voix disgracieuse, le ventre replet et les hanches raides.

Oui, c'est peut-être un peu vrai lorsqu'on considère les canards obèses au plumage d'arlequin qu'on voit fleurir dans les basses-cours, ceux qui ont les ailes rognées et la face grotesque, mais ce n'est bien évidemment pas de ceux-là dont je parle.

Non, ceux dont je vous veux parler sont toutes ces nobles espèces, amies des marécages, des bords de mer ou des forêts inondées des zones septentrionales. Quiconque a déjà vu l'agilité et l'incroyable rapidité en vol d'un canard carolin évitant les troncs d'une forêt serrée tels les obstacles d'un jeu vidéo, celui-là, dis-je, ne prétendra plus jamais que les canards sont balourds et malhabiles. Quiconque a déjà assisté à l'amerrissage ou au décollage simultané, blanc immaculé, d'un groupe de cygnes sauvages ne pourra dès lors plus jamais prétendre qu'ils ne sont pas majestueux. À y repenser, à replonger la main dans le fond du grand sac de mes souvenirs d'anatidés, j'en ai le coeur qui frétille...

Quiconque a déjà surpris l'étonnante élégance à la japonaise d'un canard pilet, avec sa mine altière et sa queue effilée ne pourra plus jamais prétendre qu'ils sont moches et quiconque a déjà vu pétiller les couleurs d'un eider à tête grise dans les mornes et sombres platitudes scandinaves ne pourra que difficilement prétendre qu'ils sont ternes.

Bref, c'est cet amour des oiseaux d'eau, anatidés principalement, mais limicoles également, ainsi que tout un chapelet d'autres espèces d'oiseaux et même quelques mammifères, auquel nous convie Lars Jonsson.

Bien évidemment, c'est un livre " d'images " très comparable à ce que j'avais déjà pu dire du canadien Maynard Reece, mais c'est aussi est surtout une biographie sur l'homme, sur l'artiste animalier. On suit son parcours depuis sa plus tendre enfance (on y voit certains dessins de quand il avait 4 ans) et son évolution.

Il y a quelques autoportraits, quelques expérimentations dans d'autres registres ou dans d'autres styles, mais c'est bien sûr dans l'art animalier de pleine nature et avec des oiseaux que Lars Jonsson est véritablement chez lui, c'est là qu'il livre la quintessence de son art, pour notre plus grand plaisir.

Des huiles essentiellement, mais aussi des aquarelles, des carnets de croquis, c'est un séjour en immersion parmi les rapaces, les corbeaux freux, les courlis, les goélands, les avocettes, les pluviers, les bécasses, les bernaches, les limicoles, les plongeons, les canards souchet et des dizaines d'autres espèces dont la liste est infinie.

Ce livre est pour moi une véritable madeleine de Proust, qui me rappelle les longues heures passées auprès de mon père à observer ces oiseaux aquatiques dans les marécages normands. Je comprends que ce ne soit pas du goût de tous, mais quand on a vécu ça une fois — la magie de la lumière sur l'eau et des oiseaux — on n'en ressort pas tout à fait intacte, la preuve.

Mais ce n'est que mon avis de vieux hibou des marais, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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