Lentement mais sûrement, je me rapproche de la parution française, coincée au tome 9 depuis 2 ans. J'aime toujours autant l'univers de la roue du temps qui est d'une belle complexité, complexité de l'intrigue, des personnages mais aussi des émotions. Cependant, je ne peux cacher aussi une certaine lassitude qui a fait jour dans ce tome très très long.
J'ai eu l'impression que les différentes forces passaient leur temps à fourbir leurs armes dans ce sixième opus et du coup qu'on faisait énormément de surplace. Cela a rendu ma lecture de ces mille et quelques pages très très longues et la tentation de sauter certains passages très très puissante.
La majeure partie du tome est consacrée à la politique Aes Sedai. Celles-ci sont bel et bien divisées, c'est un état de fait. Celles de la Tour, toujours dirigées par Elaida ourdi un plan pour s'emparer du pouvoir, mais on les voit très peu. Non, l'auteur se concentre sur celles de Salidar qui ont tout à construire. On y voit longuement Nynaeve et Elayne y évoluer, démontrant tout ce qu'elles ont appris, mais bon sang que c'est long et répétitif. En plus, Elayne est juste impossible. Heureusement, leurs interactions avec Leane et Sian restent piquantes et intéressantes, et surtout un nouveau défi se présente devant elles, qui va les occuper par la suite. Cependant, je trouve ce tome assez statique pour elles. L'animation ne vient que dans la seconde partie avec un coup de chapeau sorti de nulle part concernant le choix de la nouvelle Amyrlin et un prodige non moins surprenant venant de Nynaeve. Mais cela a le mérite de rabattre les cartes.
L'autre gros morceau, c'est bien sûr l'intrigue autour de Rand, qui là aussi est très statique même si on le suit dans ses Voyages d'un lieu de pouvoir à l'autre. Les nombreux jeux de pouvoirs à chaque fois différents selon qu'il soit à Tear, Caemlyn ou Cairhien sont complexes et un peu lassant au final pour le lecteur, surtout au vu du nombre de personnages conséquent et souvent oubliable qu'on croise. C'est la même chose pour les romances du jeune homme. J'en ai rarement vu d'aussi mal écrite. Je ne comprends pas l'attachement de ces femmes pour lui quand on voit le peu de temps passer avec lui avant que leurs sentiments se déclarent. Et par la suite, elles sont toutes, à leur façon, ridicules au possible. La moins pire étant pour moi Aviendha et encore... Tout ça me fait trop souvent lever les yeux au ciel lors de la lecture. Heureusement, petit à petit c'est un autre aspect de Rand qu'on voit prendre le dessus : sa folie. Il entend de plus en plus et de mieux en mieux la voix de Lews Therin, son incarnation passée, ce qui peut faire craindre le pire. Il s'enferre aussi dans son idée de monter une armée d'asha'man, pendant des Aes Sedai, avec une aide inattendue. Et il réfléchit en plus à un plan, qu'il n'a pas encore dévoilé, contre les Réprouvés en liberté. Ça fait beaucoup pour un seul homme mais c'est palpitant à suivre pour le lecteur qui se demande ce qui relève du génie ou de la folie.
Et pendant ce temps, nos autres Tave'ren sont attirés ou repoussés par lui. J'ai aimé le retour de Perrin dans l'histoire même si j'ai eu du mal à reconnaitre notre ami forgeron dans l'homme dur et sur de lui qu'on retrouve. Je déteste toujours autant sa femme et ses manoeuvres par contre. Mais Perrin est un homme qu'il fait de bon de retrouver. J'aime beaucoup sa faculté de communiquer avec les loups et il fait le lien avec les Deux Rivières. Mat est un peu plus oublié. On le croise certes en tant que commandant de la Main rouge, mais il est aux ordres de Rand et il brille moins. On le retrouve coincé dans une mission dont il ne veut pas avec des personnages insupportables à gérer. Bon courage à lui ! Mais au moins, il m'amuse toujours autant et je place de grands espoirs en lui.
Alors pourquoi ai-je apprécié ce tome malgré toutes mes récriminations ? Parce que même si on fait longtemps du sur place, on développe de plus en plus la folie de Rand, ses pouvoirs, ses ambitions politiques et guerrières. Qu'on voit les Aes Sedai à l'oeuvre dans toute leur grandeur et leur horreur. Qu'il y a une multitude d'intrigues et sous-intrigues pour nous faire patienter et ronger notre frein. Mais surtout parce que le final, les 100 dernières pages environ, envoie du lourd ! Une capture, une course-poursuite, une libération et une bataille haletantes qui m'ont fait retenir mon souffle et qui me font craindre le pire pour la suite ! Alors je pardonne quand même à
Robert Jordan de m'avoir un peu ennuyée au cours de cette lecture car je sens bien qu'il a pensé sa série dans la globalité. Certes celle-ci gagnerait à être élaguée mais ça reste vraiment excellent dans l'ensemble.
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