Je ne retracerai pas l'histoire des planches - contact, photos , pellicules et la trace d'un nom presque effacé , découvert par le jeune
John Maloof, agent immobilier , carton acquis dans une vente aux enchères en 2007 , d'autres l'ont fait avant moi.
Ce qui m'importe c'est la découverte de la personnalité de
Vivian Maier.
Mais qui était - elle vraiment ? Une gouvernante , une nourrice ? Une photographe talentueuse à l'égal des plus grands ? Une oeuvre découverte par hasard ? Par erreur ?
La plume sensible , la prose incomparable de l'auteure nous convoque à entrer dans la vie de cette femme discrète , insaisissable et austère , cheveux courts retenus par une barrette, regard grave , jamais un sourire , lèvres bien dessinées, solide silhouette, enfance chaotique , personnalité ambivalente , complexe, indépendante , méconnue, une ombre grise , anonyme , dans les rues de la ville ....ouverte sur le monde , obsédée par le secret , sacrément têtue, téméraire, si méconnue ....
Elle met un cadenas sur ses émotions , serrure à double tour toute sa vie, le silence , son leitmotiv......
L'histoire de sa vie , son destin particulier : fuites, exils, rencontres, recommencements ... la création comme oeuvre de réparation , mais avait- elle conscience de son talent ?
J'ai surtout apprécié la dernière partie de l'ouvrage , passionnante , vraiment intéressante où L'auteure fait un parallèle entre le métier d'écrivaine et celui de photographe ....
« Entrer dans une vie, c'est brasser les ténèbres , déranger des ombres, convoquer les fantômes .
C'est interroger le vide et tendre l'oreille vers Les Échos perdus ... »
L'auteure décrit avec une rare empathie comme elle sait si bien le faire dans chacun de ses livres (je les ai tous lus ) , le portrait en creux des blessés de la vie, des perdants, des abandonnés , des blessures, des ruptures , des douleurs d'une vie , des secrets familiaux éprouvants, d'une abyssale solitude, d'une personnalité ambivalente , déroutante , d'une effacée magnifique à l'histoire désespérante ....mais passionnément humaine, ancrée, aux facettes multiples , de celles qui ne « sont » rien, qui ne demandent rien, n'attendent rien, n'exigent rien . ....une invisible ....
Elle prenait des clichés en noir et blanc , pétris d'humanité, mélancoliques , des centaines de milliers de visages fixés sur la pellicule avec ce désir de déchiffrer les êtres ...
Elle fait le parallèle avec Camille Claudel et d'autres artistes , Séraphine de Senlis ....
L'auteure voit la « littérature tel l'or des Mots, qui transfigure un banal voyage en traversée
Transssibérienne .
C'est la première fois que je ne mets pas cinq étoiles , seulement quatre même si cet ouvrage est un bel hommage à une artiste qui ignorait sans doute son talent .
Peut - être l'accumulation des faits concernant les tourments de sa vie familiale ....Je redis ma préférence pour les parallèles entre l'écrivaine et la photographe ....