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EAN : 9782882505682
160 pages
Noir sur blanc (07/03/2019)
3.89/5   686 notes
Résumé :
"Raconter Vivian Maier, c’est raconter la vie d’une invisible, d’une effacée. Une nurse, une bonne d’enfants. Une photographe de génie qui n’a pas vu la plupart de ses propres photos. Une Américaine d’origine française, arpenteuse inlassable des rues de New York et de Chicago, nostalgique de ses années d’enfance heureuse dans la verte vallée des Hautes-Alpes où elle a rêvé de s’ancrer et de trouver une famille. Son œuvre, pleine d’humanité et d’attention envers les ... >Voir plus
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3,89

sur 686 notes
Une femme en contre-jour - Gaëlle Josse - Éditions J'ai lu - Lu en janvier 2021.

Je viens de le terminer, là, à l'instant et j'ai le coeur serré pour Vivian Maier, qui après une enfance malheureuse, est devenue une nounou pour enfants aux Etats-Unis, juste pour avoir un toit et se nourrir.

Mais sa vie ne s'arrête pas à ce travail, car sa passion, c'est la photographie, pas n'importe quelles photos, celles de la rue, celles de la pauvreté, celles des démunis, celles des regards blessés , celles des enfants, des femmes des hommes qui ne sont que des ombres dans le monde. Attirée comme un aimant par ces vies qui n'en sont pas, comme le fût la sienne.
"Chez Vivian Maier, il y a la crasse de la rue, la saleté des vêtements tachés, déchirés, il y a des chaussures trouées et des enfants qui jouent dans le caniveau. Des femmes épuisées et des hommes à terre." Page 31

Jamais Vivian Maier n'a tiré profit de ses photos, était-elle consciente de leur valeur ? Elle restait dans l'ombre.
Jusqu'au jour où....

Comme beaucoup d'artistes, Vivian Maier ne connut la célébrité qu'après son décès.

C'est au hasard d'une vente aux enchères (Vivian ne payait plus le loyer du garde-meubles) de ses cartons remplis de photos,négatifs... , qu'un agent immobilier à la recherche de photographies pour son travail a acquis le lot de cartons, sans savoir qu'il tenait entre ses mains toute la vie de Vivian Maier.

John Maloof a fait des recherches sur la vie de Vivian Maier aux États-Unis, femme aux multiples personnalités, née le 1er février 1926 à New York d'une mère Française et d'un père Autrichien, décédée le 21 avril 2009 à Chicago à l'âge de 83 ans

Qui était-elle vraiment ?

C'est au fil de la plume de Gaëlle Josse que j'ai découvert ce qu'a été la vie de Vivian Maier, une vie faite de précarité et de solitude, de silences, avec pour seul ami toujours pendu à son cou, son appareil photo. Elle parviendra à force de ténacité à traverser les États-Unis, se rendre au Canada et en Amérique Latine, avec aussi des allers-retours en France dans le Champsaur, la vallée d'origine de sa famille maternelle, dans les Hautes-Alpes.

"Faire passer un peu de lumière dans l'opacité des êtres, dans leur mystère, leur fragilité, dans leurs errances, et dire ce qu'on entrevoit, ce qu'on devine, ce qui se dérobe"- page 153 - c'est ce qu'a fait Gaëlle Josse dans ce roman sur Vivian Maier, une femme qui se fichait du qu'en dira-t-on, qui était libre , qui se concentrait sur l'essentiel et la photographie. C'est probablement cette passion qui l'a sauvée et l'a aidée à vivre, elle jetait un regard humain sur le monde d'en bas.

C'est le premier livre de Gaëlle Josse que je lis, et ce ne sera pas le dernier.

Continuez à prendre soin de vous.
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2007 Chicago, un jeune agent immobilier, John Maloof cherche des anciennes photos pour illustrer un livre qu'il projette d'écrire sur un quartier de la ville. Au détour d'une vente aux enchères, il achète pour quatre cent dollars des cartons remplis de photos, planche-contacts, pellicules non développées négatifs et paperasses. Mais grosse déception ! Rien dans ces cartons qui puisse lui servir. Pourtant curieux, mais ignare sur la photo, il poste quelque deux cents clichés sur internet, pour avoir une idée de ce qu'il a dans les mains. Vu les réactions, il se rend compte qu'il tient quelque chose de rare......Ainsi débute la célébrité, la gloire et la reconnaissance posthume de l'oeuvre de Vivian Maier, photographe américaine d'origine française, sujet du dernier livre de Gaëlle Josse.

Viviane Maier personne ne l'a vraiment connue à part ses employeurs, chez qui elle travailla comme nounou . le reste c'est presque le néant. Un néant que Josse va combler à partir de ses photos, quelques témoignages et manuscrits et surtout avec son imagination.

Des photos en noir et blanc, surtout de l'Amérique d'après guerre, de nombreux portraits de clochards, ouvriers épuisés, ivrognes ramassés par la police, enfants, nourrices, vieilles femmes, enfants de la rue, couples, adolescents,......bref une majorité de démunis. Et surtout beaucoup d'autoportraits. Ce personnage complexe à la personnalité ambivalente, cette solitaire, vieille fille au passé familial désastreux, semble tenir par le biais de ces photos, jamais vues et exposées aux yeux d'autrui, un carnet intime d'une histoire qu'elle “tente de s'inventer, de se construire, elle qui ne possède rien, ni biens ni famille”.

Qui est la vraie Vivian Maier ? Vu les témoignages contradictoires, personne n'en saura rien, “seules ses photos parleront pour elle “. Et Josse ajoute « Peut-être sommes-nous tous condamnés, dans le regard de l'autre, à être, selon le mot pirandellien, un, personne et cent mille. »

J'ai un avis mitigé sur ce livre. Aprés la découverte de son histoire et le tapage médiatique autour, j'étais allée voir deux de ses expositions , différents lieux et dates. Personnellement j'aime beaucoup la photo comme art plastique, ca me fascine, c'est tout, aucune compétence particulière. J'ai trouvé les photos de Maier non dénuées d'intérêt, mais aprés un moment on s'en lasse. À mon avis elles n'ont rien d'exceptionnel pour mériter tout cet acharnement sur son oeuvre. Dans le livre de Josse, aussi j'ai senti comme un creux, un vide que même l'imagination et la prose de l'écrivaine que j'aime beaucoup, n'arrive pas à combler, surtout dans la première partie où on se perd dans des histoires de familles aux détails à mon avis sans intérêt. Dans la deuxième moitié du livre elle se rattrape insérant ses propres réflexions et instiguant un parallèle entre Meier et elle. Elle, écrivaine, Meier photographe, même travail, "faire passer un peu de lumière dans l'opacité des êtres, dans leur mystères, leur fragilité, dans leurs errances, et dire ce qu'on entrevoit, ce qu'on devine, ce qui se dérobe."
Bien que Josse a finalement réussi un livre intéressant sur un personnage quasi invisible, malheureusement il ne m'a pas touchée, émue pour autant. Je le conseillerais quand même, vu sa prose ( ayant un peu perdu ici de sa verve) et nos sensibilités différentes aux divers lectures.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Notabilia pour l'envoi de ce livre !
# Une Femme En Contre-Jour #NetGalleyFr

"L'oeuvre, nourrie de la vie, plus grande que la vie".
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Les photographies réalisées sa vie durant par Vivian Maier, Américaine d'origine française et autrichienne née en 1926, n'ont été découvertes qu'après sa mort, tout à fait par hasard. Désormais au panthéon des plus grands photographes de son siècle, cette gouvernante d'enfants issue d'un milieu modeste, voire misérable, grandie sans amour auprès d'une mère dysfonctionnelle, mena une existence solitaire et étrangement libre pour l'époque, centrée sur l'obsession de sa collection d'images qu'elle n'a jamais cherché à faire connaître, qu'elle n'a parfois même jamais vues elle-même, faute de moyens suffisants pour développer ses plaques et pellicules. Elle a laissé la trace de son regard sur le monde et sur elle-même, au travers de scènes de rues croquées sur le vif où elle s'intéresse aux failles de ses sujets, souvent marginaux et laissés-pour-compte, et d'auto-portraits sans coquetterie où elle ne se profile que sous la forme d'ombres ou de reflets. Son personnage reste un mystère, que Gaëlle Josse tente d'approcher au travers de son histoire, étonnante à plus d'un titre, et qu'elle nous restitue fidèlement, avec sensibilité et élégance.


Ce qui frappe chez Vivian Maier est sa volonté de ne pas exister et de s'effacer, qui la fait se transformer en témoin quasi invisible, en regard qui traverse le monde sans se donner le droit d'y laisser sa marque ni d'y devenir quelqu'un : dans ses images d'êtres souvent misérables et marqués par la vie, ces invisibles anonymes qui la fascinent, on est tenté de voir une projection d'elle-même, elle qui assiste au naufrage de ses proches dans le dénuement, la violence, les addictions et la folie, et qui, privée d'amour dans une famille où chaque naissance engendre honte et rejet, ne se reconnaît aucune valeur et préfère se faire discrète pour moins souffrir.


Au fur et à mesure que l'on devine les failles de la personnalité de Vivian, que certains témoignages viennent même teinter d'une suspicion de pathologie quasi psychiatrique, l'on perçoit aussi l'importance vitale qu'a pu revêtir pour elle la prise quotidienne d'images. Loin d'un hobby, la photographie est chez elle un acte salvateur, un moyen qui lui permet sans doute, inconsciemment, d'exprimer et de mettre à distance sa souffrance, de vivre sous la protection de reflets qui la dévoilent et la masquent en même temps. L'appareil-photo de Vivian devient une sorte d'instrument de camouflage, qui en la transformant en miroir réfléchissant, lui permet d'exister au travers de ses sujets, sécurisée par son invisibilité.


L'on ne peut désormais plus que s'émouvoir de la trace fantomatique laissée par cette artiste, et frémir à l'idée que son oeuvre aurait bien pu disparaître corps et bien avec elle.


Gaëlle Josse a donné à son récit un équilibre parfait : sans ajouter aux prédispositions romanesques de cette biographie, avec fidélité, sobriété et discrétion, elle réussit à faire revivre cette femme et son histoire de façon crédible et vivante, dans un style élégant, sensible et soigné qui hypnotise de la première à la dernière ligne. Il ne reste plus ensuite qu'à courir découvrir les clichés de Vivian Maier, et à éternellement s'interroger sur la manière dont elle aurait considéré sa notoriété posthume. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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En 2007, John Maloof achète, aux enchères, tout un fatras de photographies, de planches-contacts, de pellicules non développées, de négatifs et de papiers entassés. Malheureusement, rien de tout cela ne peut lui servir pour son projet d'écrire sur Chicago. Ignare en photographie, il poste parfois, sur internet, quelques photos. Ces clichés font l'unanimité. On lui propose d'en acheter, un professeur d'art attire même son attention sur le travail exceptionnel de l'auteur. Mais qui, justement, est l'auteur ? Et qui est cette femme qui apparait dans d'innombrables clichés ? En 2009, il finit par découvrir un nom, à peine lisible sur une enveloppe. Vivian Maier. Sur internet, il tombe avec stupéfaction sur son avis de décès, rédigé par les frères Gensburg. Il les contacte et apprend que Vivian était nurse et qu'elle ne se séparait jamais de son appareil. John Maloof en est alors certain : il a découvert un trésor...

Vivian Maier, c'est cette femme sur la couverture du livre. Une femme discrète, androgyne, presque austère. Les cheveux courts, retenus par une barrette, les lèvres bien dessinées, une silhouette solide. le regard grave, concentré, jamais un sourire. C'est cette femme à qui Gaëlle Josse rend un vibrant témoignage... de son enfance chaotique, de la France aux États-Unis, à son travail de nurse en passant par ses nombreux voyages, l'auteure retrace, à travers cette biographie, certes romancée, la vie de celle qui ne quittait jamais son appareil-photo. Méconnue de ceux qui l'ont côtoyé, Vivian Maier laisse derrière elle des milliers de clichés, la plupart en noir et blanc, qu'elle n'a jamais eu l'occasion de voir. Des clichés pris sur le vif, pleins de vie, d'humanité mais aussi mélancoliques. Des scènes de l'Amérique d'après-guerre au coeur desquelles elle dévoile tous ses talents. Des auto-portraits si brillamment mis en scène. Artiste unique, femme insaisissable et indépendante, Vivian Maier prend vie et âme à travers la plume sensible de Gaëlle Josse.

Pour en savoir plus : un documentaire coréalisé par John Maloof et Charlie Siskel, intitulé "Finding Vivian Maier", le site de l'Association Vivian Maier et le Champsaur (www.association-vivian-maier-et-le-champsaur.fr), le site "officiel" réalisé par John Maloof (www.vivianmaier.com).

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Quelle belle idée de rendre hommage à cette femme au destin si particulier! La photographe célèbre s'inscrit au coeur d'une histoire d'exils, de fuites, de rencontres déjà remarquable. Mais ce qui est plus frappant est l'incroyable rôle du hasard qui a permis d'exhumer cette oeuvre magnifique, qui, de portraits en scènes de vie dresse un état des lieux remarquable des Etats-Unis d'après guerre.

Totalement inconnue de son vivant, elle n'a jamais cherché ou peu insisté pour faire connaitre ses travaux, et n'en a pas tiré profit. Plus étrange encore, elle n'a pas vu toutes ses photos, comme si l'instant même de la scène captée comptait plus que le résultat.

Si les âmes peuvent assister en spectateur à la suite de ce qui fut leur film, combien elle doit se réjouir de ce succès posthume. Encore que la part de mystère qui entoure sa personnalité puisse permettre d'en douter. Car peu d'éléments permettent d'affirmer avec certitude qui elle fût. Pas de journal, pas de commentaires des clichés, pas d'avis de son entourage, qui s'est limité longtemps aux familles qui l'ont employée en tant que nurse. Sa propre famille est trop bancale ou en dérive pour aider à construire le portrait de l'artiste. Monstre ou ange gardien? Les témoignages font parfois douter du fait que l'on parle d'une personne unique.

C'est avec la plume élégante et délicate que l'on connait que s'esquisse la silhouette inachevée, avec sa part d'ombre, sans romancer ce qui reste nébuleux, laissant la part au doute et aux questions.

"Entrer dans une vie, c'est brasser les ténèbres, déranger des ombres, convoquer les fantômes. C'est interroger le vide et tendre l'oreille vers les échos perdus."


Très bel hommage à cette artiste qui a sans doute elle-même ignoré son talent.

#UneFemmeEnContrejour #NetGalleyFrance

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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critiques presse (5)
Actualitte
04 février 2021
Le Prix Place Ronde « Écrire la Photographie », pour son édition 2020, sacre l'auteure Gaëlle Josse pour Une femme en contre-jour, publié par les éditions Notabilia/Noir sur Blanc. Un roman « dans lequel l’auteure nous raconte la vie d’une femme lumineuse mais invisible, Vivian Maier, photographe de génie au destin troublant », indique la librairie Place Ronde
Lire la critique sur le site : Actualitte
LaPresse
06 mai 2019
Le résultat est un travail d'orfèvre fabriqué autour d'une vie aux contours flous : l'auteure n'a pas eu beaucoup de matière pour se nourrir et même si le livre est court, la sauce semble par moments étirée.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaCroix
03 mai 2019
Gaëlle Josse trouve en Vivian Maier un modèle idéal, entre farouche détermination et vertige d’un vide existentiel qu’elle aura toute sa vie saturé d’images.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
09 avril 2019
Loin de développer avec complaisance ce « matériau romanesque », Gaëlle Josse esquisse une biographie exemplaire, discrète et subtile.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
01 avril 2019
Destin atypique et déchirant que celui de Vivian Maier, morte à 83 ans dans l’anonymat. Sa vie de solitude, de pauvreté et d’épreuves a fasciné Gaëlle Josse qui lui consacre un éblouissant roman.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (175) Voir plus Ajouter une citation
À me pencher sur Vivian Maier, c’est aussi la vie d’autres artistes qui me vient à l’esprit. Tous ceux de l’anéantissement, de l’inutile, des miracles ignorés. C’est Ossip Mandelstam, le poète, le sacrifié des purges staliniennes, qui écrit sur la route, en chemin vers la Kolyma. Il meurt dans un camp de transit, près de Vladivostok, quelques jours après Noël, de faim, de froid, du typhus. Il a pu sauver un crayon, quelques morceaux de papier taché, froissé. Un trésor. Jusqu’à l’épuisement, jusqu’à la perte de conscience, il écrit.
Je pense à d’autres fraternités, à d’autres compagnonnages, à Fernando Pessoa ou à Franz Schubert. L’effacement, toujours, et une œuvre qu’ils ne verront jamais publiée ou jouée. Comme chez l’écrivain de Lisbonne, l’homme de l’intranquillité, cette dilution, cette multiplication d’identités appelez-moi Smith, appelez-moi Alvaro de Campos, Ricardo Reis, Alberto Caeiro… Cette œuvre entassée dans une malle, jamais publiée. Transportée d’une chambre louée à une autre. Tant de secrets. Tant de solitude chez cet obscur employé à la correspondance commerciale dans une compagnie d’import-export.
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Comme nous aimons tous les histoires, comme nous vibrons devant les énigmes, les destins brisés, le mystère Maier n'en finit pas de nous interroger. Insoluble secret d'une existence, terrifiante solitude d'une femme dont le geste photographique, le geste seul donna un sens à la vie, la sauva peut-être du désespoir. Inconcevable pour nous aujourd'hui, en ces temps où nos fragiles et exigeants ego quêtent sans fin l'approbation, l'admiration, le regard. Être vu, reconnu, aimé. Passions, désirs, profits, plaisirs, notre insatiable cavalcade avant le néant.
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Son travail se focalise sur les visages, le portrait, et sur les exclus, les pauvres, les abandonnés du rêve américain, les travailleurs harassés, les infirmes, les femmes épuisées, les enfants mal débarbouillés, les sans domicile fixe. Parfois, c'est une femme des beaux quartiers, saisie d'un œil ironique avec ses fourrures et ses bijoux, qui la regarde d'un air mauvais, ou un homme d'affaires, cigare et costume croisé, qui la toise avec agacement. Elle possède ce sens du détail qui dit tout d'une histoire, d'un monde, d'une vie.
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Peut-être qu'écrire, comme tout acte de création, n'est rien d'autre que de marcher dans un tremblement de terre , le sol ouvert sous les pieds, d'avancer dans les décombres, dans le dévasté, dans le feu et le bruit. C'est convoquer la mémoire des morts, appeler sur nous des lambeaux de notre histoire et de l'histoire de tous les hommes , C'est tenter de faire de tout ce vacillement œuvre de lumière, de jouissance, œuvre de merveille, d'en faire quelque chose qui dise à chacun de nous, au plus près de la pulsation de son sang dans ses veines, ce que fut cette vie, ce que nous avons poursuivi et ce qu'il est advenu de nos rêves .
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Il semble que la familiarité avec la photo, les appareils, la prise de vue se mette en place dès cette époque. Non pour l'enfant de trois ans qu'est alors Vivian, mais pour sa mère dont on retrouvera , éparses, quelques photos prises par elle, attestant la possession d'un appareil et d'une connaissance, si rudimentaire fût-elle, de son maniement. Pas si fréquent à l'époque, a fortiori dans ce milieu si modeste. Plus tard, plusieurs fois dans sa vie, Vivian reviendra à cette source, et Jeanne Bertrand fut, il semble raisonnable de le penser, son initiatrice, son modèle et son mentor. Une femme libre, une artiste vivant de son art, avec son art. Un modèle enfoui dans quelque strate de l'inconscient ? Une éclaircie, de toute évidence, heureux contrepoint à l'univers aigri de sa mère. (p. 57)
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Vidéo de Gaëlle Josse
Dans son dernier ouvrage, Gaëlle Josse nous invite à plonger dans les méandres de la nuit intime de chacun. À travers une série de microfictions minutieusement ciselées, elle explore les vicissitudes de l'existence, les petites victoires et les grandes défaites qui marquent nos vies. Dans cet univers littéraire, les personnages prennent vie, chacun portant en lui son lot d'émotions lancinantes.
Que ce soit le père éloigné de sa fille, l'homme solitaire repensant à son amour de jeunesse, ou la femme attendant en vain son compagnon promis, tous ces individus traversent des moments de doute, de désir et de désillusion. Gaëlle Josse capte avec finesse les décalages entre les êtres, leurs espoirs et leurs regrets, offrant ainsi un reflet fidèle de la condition humaine.
Parmi ces protagonistes anonymes ou nommés, il y a le pianiste renommé qui sent son art l'abandonner, le petit garçon témoin des tourments de ses parents, et bien d'autres encore. Chacun est saisi à un instant crucial de son existence, révélant ainsi toute la complexité de l'âme humaine.
À travers les pages de son livre, Gaëlle Josse donne vie à ces personnages, les rendant éclatants dans leur vulnérabilité. Son écriture aérienne, teintée de mélancolie et de lumière, nous transporte dans un univers où se mêlent les voix de Billie Holiday et les mélodies de Bach. "Chacun de nous a sa nuit" se révèle être bien plus qu'un simple recueil de récits ; c'est une ode à l'humanité, à ses luttes et à ses rêves, magnifiquement capturée par une plume sensible et poétique
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