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Critique de Afleurdelivres


Le manque du fils.
Comment rester insensible à ce magnifique roman ? Difficile.
Bretagne. Avril 1950.
«Ce soir Louis n'est pas rentré. Je viens d'allumer les lampes dans le séjour, dans la cuisine, dans le couloir. Leur lumière chaude et dorée celle qui accompagne la tombée du jour, si réconfortante, ne sert à rien. Elle n'éclaire qu'une absence ».
Le roman s'ouvre sur une disparition, celle de Louis, seize ans. Ces mots, sont ceux de sa mère Anne.
Né d'un premier mariage, souffrant de l'absence de son père mort en mer il y a longtemps, Louis peine à trouver sa place dans cette nouvelle famille auprès de ses deux jeunes frères et soeurs et de son beau-père d'autant qu'il ne s'entend plus avec ce dernier « entré par effraction dans sa vie ». Un soir après avoir reçu des coups, il disparaît.
Rongée d'inquiétude Anne apprendra qu'il s'est embarqué sur un cargo.
Commence alors pour elle, un long calvaire, une attente qui la consume. L'absence devient omniprésence.
Elle parcourt la Lande, la grève, le port, « la maison aux volets bleus » pour le ressentir. Elle le cherche, le sent, le voit en toutes choses.
Chaque battement de son coeur lui est dédié, chaque pensée, chaque geste est marqué de lui, de son souvenir.
« Absente aux autres » déconnectée de son entourage, reliée à Louis de façon exacerbée elle s'enfonce dans le mutisme, intériorise son chagrin car elle n'est pas de ces femmes qui se plaignent, non, Anne est digne, solide, fière, taiseuse, du moins en apparence.
Dans ce chaos calme elle affronte le quotidien de façon mécanique avec des gestes robotisés.
Epiée par les gens du village elle fait l'objet de commérages.
Elle, la roturière qui a épousé un bourgeois s'est difficilement adaptée à ce milieu conventionnel. Cette « sauvageonne » au passé difficile est si différente de son époux, pharmacien, fils de bonne famille, l'ayant sortie de sa condition de veuve et de prolétaire mais en même temps phagocytée.

Gaëlle Josse dépeint un portrait éblouissant de femme, gangrenée par le manque et la culpabilité, avec une écriture sensitive, pleine de lyrisme et de finesse alternant entre monologue intérieur et lettres.

Superbe.
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