Si l’université des haineux avait existé, ce nom en serait sorti avec les honneurs du jury. Ce mauvais être, c’est celui ou celle qui chaparde vos billes à l’école, se moque du gros ou du petit, celui qui retire votre short dans les vestiaires des piscines, ou celui qui va vous dénoncer à la maîtresse après l’heure de cours pour avoir chuchoté pendant le contrôle. Toujours présent à la rentrée des crasses, c’est aussi celui qui vous laisse copier pendant ce même contrôle et corrige ensuite ses fausses réponses, pour enfin inscrire les bonnes.
À la fête de l’école, son spectacle d’ombres chinoises mobilisa un autre drap, tendu au début, puis, au final, chaleureusement applaudi par l’assistance conquise. À l’adolescence, une légion de larmes, nées de désillusions amoureuses, s’abattit sur ses draps nocturnes. Adulte, elle buta sur Antoine et n’oublia jamais l’arôme du drap, imbibé par la moiteur de leur première fois. Ce matin-là, ce fut derrière le même qu’elle camoufla à moitié son visage : elle ne désirait pas le lui dévoiler sans maquillage. Ambre solaire, pourtant, un chef-d’œuvre féminin prodigieux, qui ne pouvait exister que sur les photographies retouchées par logiciel informatique. Un physique à côté duquel la Joconde serait placardée au rang de vulgaire affiche de campagne électorale. Elle dégainait un sourire de trente-deux dents si parfait qu’aucun brin d’épinard n’osa jamais s’y coincer.
Un justicier, c’est bien ; c’est quand il y en a plusieurs que ça peut faire des dégâts intéressants.
Le bonheur appartient justement à ceux qui rêvent trop.
Lorsqu’on n’a plus rien à perdre, autant faire gagner les autres.
Les gens n’étaient pas prêts. La méfiance vis-à-vis d’un geste trop gentil pour être honnête dominait toujours.
Comme je dis toujours, un homme endormi en vaut deux !
Vous savez, au fond, le pessimisme est positif, puisqu’il n’engendre forcément que des bonnes surprises.
On dit que les meilleurs partent toujours les premiers. Putain, mais ce proverbe est vrai de vrai, vérifiable, chaque jour ! À croire qu’il existe une espèce de casting divin là-haut, ou que certaines personnes sont fabriquées au paradis, envoyées sur Terre en stage pour n’accomplir que des bonnes choses. Puis hop, sifflées comme un gentil chien pour rentrer au bercail. Si le Nirvana existe, vu mon dossier, je le verrai en poster, scotché dans ma chambre en enfer. Et s’il n’existe pas, c’est encore plus clair : je ne reverrai plus jamais Ambre.
C’est mon père qui paie mes nuits ici. C’est mon père, en fait, qui a racheté le Paradis. Et le village d’en bas aussi, ou deux, je ne sais plus. Il n’y a qu’une seule chose qu’il ne peut acquérir, plaisanta-t-il en pointant du menton les étoiles et la Lune.