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Critique de KotolineBastacosi


J'ai lu ce roman en 2010, je sais que je l'ai relu en 2015, il m'en reste quelques souvenirs vagues. C'est étrange comme on oublie certains grands et beaux romans car j'admire Pierre Jourde, c' est d'autant plus étrange que ma relecture a été différente, moins agréable que la première fois, faudrait-il que je fasse une troisième tentative ? Point ne sais. Enfin voici mes impressions d'il y a 13 ans déjà.

Quand on a découvert Pierre Jourde, on ne peut plus se passer de lire tous ses livres : voici l'écrivain du XXI ème siècle tant attendu.
"L'heure et l'ombre" est le roman de la nostalgie mélancolique, où la vie rêvée s'est arrêtée à l'ombre d'une petite fille dont s'est épris le narrateur quand il était lui aussi enfant.
Sa hantise est de la retrouver, en retournant à Saint Savin, là où il passait jadis ses vacances.

On sera d'abord surpris par l'étrange parcours et les péripéties, nombreuses, qui semblent autant d'hésitations et d'explications pour arriver au but.
Des personnages sortant de l'ombre, fantomatiques, dont on se demande s'ils sont réels ou imaginaires, semblant tour à tour être des doubles d'autres personnages, servent de support à l'histoire, en apportant du mystère et de l'acuité à cette atmosphère onirique . le lecteur se laisse volontiers emporter par cette rêverie, ce besoin de retourner au passé coûte que coûte mais qui se poursuit néanmoins dans un présent qui se dérobe toujours. D'ailleurs, tous les personnages se dérobent eux-mêmes, comme pris dans une ombre, comme s'ils n'étaient pas dans l'heure présente. Qui est donc cette Sylvie, si belle, parfaite et envoûtante dont s'est épris le narrateur ? Et qui sont donc tous ces personnages, qui nous entraînent dans un labyrinthe incompréhensible ?

En même temps, on découvrira la griffe habituelle de Pierre Jourde et son humour, quand il fait la critique des tracas de l'Administration, du Rap, et de certains chanteurs, des enfants rois sublimés par leurs parents. Des pages splendides sur la mer, une réflexion acérée sur les maisons de retraite, un regard ému sur les personnes âgées, des pensées philosophiques profondes sur la faiblesse de l'être et son impossibilité à atteindre la perfection, une analyse parfait du sentiment amoureux.
La dernière partie du roman est d'une splendeur peu commune, sur le plan formel, d'une part, et le coup de théâtre, d'autre part, met enfin la lumière sur toute cette ombre, sur toutes ces ombres du passé et du présent.

On referme le livre. On l'ouvre de nouveau. On veut relire. On ne se lasse pas. On revient sur les plus beaux passages. On les apprend par coeur, car ils sonnent comme des alexandrins célèbres.
Vous trouverez des phrases d'une intense poésie, vous trouverez en Pierre Jourde votre double.
C'est d'ailleurs un des sujets favoris de l'auteur : le double. Et, dans "L'heure et l'ombre", les personnages se confondent et se retrouvent, se délèguent des tâches, comme s'il y avait une heure propice et l'ombre d'un passé qui s'inscrit dans une éternité emplie d'une lumière tamisée, discrète, où dort et s'éveille tranquillement l'amour.
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