Car la force d'Eraserhead tient aussi énormément à son esthétique très singulière. Noir et blanc charbonneux, bande sonore non réaliste, créatures étranges, hybrides, au premier rang desquelles le bébé qui tient davantage de l'animal vagissant que du nouveau-né, séquences d'animation, effets spéciaux artisanaux, goût des métamorphoses, atmosphère oppressante, tout concourt à faire du film de David Lynch une sorte d’objet bizarre sans pour autant se perdre dans la gratuité ou l'originalité pour l’originalité. Eraserhead fait partie de ces films connectés directement à l'inconscient de leurs auteurs comme à celui de leurs spectateurs.
Accouchements, naissances, métamorphoses
En réalité, la grande affaire de David Lynch pendant son adolescence, c'est la peinture. Vers l'âge de quatorze ans, le futur cinéaste se prend de passion pour un moyen d’expression qui sera le sien pendant des années et qu'il n'abandonnera jamais totalement, même lorsqu'il fera des films régulièrement et professionnellement.
Accouchements, naissances, métamorphoses
L'enfance de David Lynch, c'est la découverte de sensations intimes et notamment cette sensation particulière que sous la surface existent d'autres mondes plus rampants, plus grouillants, plus abstraits, mais c'est aussi les années cinquante et le début d'une fascination pour une époque qui ne se démentira pas quand l'enfant deviendra cinéaste.
Accouchements, naissances, métamorphoses
Après Lost Highway et Une histoire vraie, David Lynch entame, avec Mullholand drive, ce qui constitue, jusqu'à nouvel ordre, la dernière partie d'une oeuvre qui demeure très ouverte.
p.71
Au fond ce que Lynch avait raté avec Dune , il le réussit avec Twin Peaks , c'est à dire une saga à forte connotation mythologique , sauf que , dans la série,la mythologie s'inscrit dans un univers aux apparences contemporaines dont les contours ésotériques sont plus accessibles , plus séduisants et, finalement, plus fascinants que dans l'adaptation du livre de Frank Herbert.