AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Alzie


Un petit livre élégant renfermant un tiré à part sur vélin crème à l'intérieur, oublié. Cette « Danseuse cambodgienne » de 1906 à la mine de plomb, aquarelle et gouache, offerte par les Éditions du musée Rodin, est une invitation toute aérienne à (re)prendre contact avec l'oeuvre dessiné d'un artiste plutôt mondialement et prioritairement connu pour sa sculpture. Or Rodin fut pourtant précocement et demeura sa vie durant un immense dessinateur. Son oeuvre dessiné plus fragile et moins vu reste parfaitement autonome de son oeuvre sculpté même si de forts échos passent de l'un à l'autre (dans les croquis préparatoires à des monuments publics comme ceux pour sa Porte de L'Enfer sur laquelle il va travailler de 1880 à sa mort). Depuis sa jeunesse à Paris et en Belgique, ses voyages en Italie, ses dessins témoignent de son assimilation de l'Antiquité et des maîtres anciens. Plus tard dans ses années de maturité il continua et ne cessa jamais de dessiner, après quelques mutations essentielles soulignées par un texte qu'il fait bon redécouvrir à l'occasion du centenaire de sa disparition. S'il n'exposa pas sa production dessinée avant l'âge de cinquante ans, bien que sculpteur déjà célèbre, c'est par crainte de l'incompréhension du public. Comme souvent, c'est de l'étranger que viendra la reconnaissance. Multiples et trop nombreux furent en effet les malentendus – que cette lecture balaie salutairement, particulièrement sur les dessins dits érotiques à l'origine de tant de faux –, au sujet d'un oeuvre qui reste absolument considérable. Jusqu'à dix mille dessins répertoriés. Claudie Judrin qui en a réalisé l'inventaire consacre ici seize courts et passionnants chapitres à leur analyse thématique et stylistique – quatre-vingt pages –, un pari osé mais judicieux, compte tenu du travail, et réussi. Découpage visant l'essentiel accompagné de commentaires ultra synthétiques (sans être réducteurs) et large place accordée à l'iconographie enlèvent définitivement de l'esprit l'idée que Rodin dessinait pour sculpter. Magnifiques sont les dessins noirs d'inspiration dantesque, l'illustration des Fleurs du Mal (confidentielle) ou celle du Jardin des Supplices. Beauté des dessins d'architecture qui révèlent la passion des cathédrales et croquis de monuments que l'estampe a contribué à diffuser. Portraits publics ou privés. Vivacité du trait et surprises d'assemblages : Rodin est un avant coureur de la modernité. Fragments et mouvements. le corps de la femme et la danse restent des sources d'inspiration majeure à partir de 1900. Rodin apparaît en ses diverses révolutions de papier : mines, plumes, encres, fusains et lavis le révèlent, singulier et libre, incontournable.
Commenter  J’apprécie          150



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}