Pour voir les grottes, il ne suffisait pas de les mettre au jour, d’y pénétrer. Il fallait être en mesure de voir ce que l’on voyait. (p. 58)
Avec leur âge géologique… les Combarelles et autres cavernes des Eyzies s’enracinent dans l’Oligocène, trente millions d’années au compteur… seules, autonomes avant que leurs murs usés des millénaires ne fussent rafraîchis d’un coup de jeune, lardés de zigouigouis et de couleurs par des visiteurs du Paléolithique supérieur. Si bien que ces lieux façonnés de longtemps étaient déjà très largement préhistoriques à ces gens. Le temps des Combarelles coiffe de beaucoup nos origines […] L’expression de « grottes préhistoriques » les dessert. […] Elle brouille l’échelle du temps, elle ramène confusément les grottes et leurs décorateurs à une même genèse… elle confond le geste géologique à celui de l’homme, l’aléa et le progrès, le hasard brut et la nécessité cognitive et, partout, elle ne fait que renforcer l’incompréhensible rapport entre l’image et la paroi. (p. 52-54)
L’homme de Magdalène s’y était traîné sur les coudes, il a supplié les lieux, il les a investis de sa demande… : « Je suis mortel, entendez-le et tout l’est peut-être, conservez après moi ce mystère. » […] du reste la grotte était vivante, animale, toutes ses cloisons respirent l’eau, elle est d’une nuit constante… (p. 30)