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Critique de LoupAlunettes


Sur le début du roman, les lecteurs se diront qu'avec ce personnage ils ne pourront que s'élever un peu plus haut.

Si la 1ère de couverture se veut tendre et lumineuse(deux silhouettes enlacées), les 1ers chapitres plomberont un peu le rêve et donneront une réalité de départ très pessimiste pour une probable histoire d'amour.



Le personnage est acerbe, déja à 17 ans.

Sarcastique, d'un réalisme un peu triste.

Sa réalité de la relation amoureuse repose sur des désillusions adultes, que ce soit la vie de sa mère, les parents de sa meilleure amie ou ses propres professeurs.

Comme dirait certains musiciens poètes : " les histoires d'amour finissent toujours mal, en général"*

( les Rita Mitsouko*).

L'auteur Bertrand Jullien-Nogarède remet un contexte de fond qui semble offrir une raison à cette apocalypse familiale: les années 80 et le divorce.

Et pourtant, avec le divorce, n'était-ce pas la promesse d'une seconde chance, en solo ou en renouvellement accompagné?

N'était-ce pas la bouée jetée pour ne pas finir ses jours noyé dans le désamour et le désespoir d'avoir mal choisi?



On se dit alors qu'il ne reste à l'héroïne qu'à faire ses propres expériences.

Bien évidement, l'auteur a des plans pour elle. Ouf.

Mais bon, comme un parent qui craint de ne jamais marier sa fille, nous lecteurs, on se dit tout de même aussi: qui se collera à la tâche?

C'est qu'avec tout ça, notre héroïne n'a pas le caractère facile.



L'auteur n'y va pas de main morte avec l'ironie et la douce amertume, notre jeune héroïne est déja dans le bonheur qui se soigne, à coup de passage sur le divan et assisté de petits médicaments.

Karen ( c'est son nom) jouit toutefois d'une bonne hauteur sur les choses et d'un esprit très spirituel

( c'est bien ça, pour nous).

Plutôt que de s'alarmer d'avance, le lecteur verra au bout du compte le verre à moitié plein, se confier à un spécialiste est dans l'air du temps, c'est dédramatisé par la littérature jeunesse et puis la vie n'est pas facile pour un ado.



Notre jeune fille a à en promettre en définitive.

Notre héroïne fera preuve de mordant et d'acidité pour creuser son chemin avec ses copains. Et vraiment, on rit.



C'est l'année du Bac.

Plutôt bonne en Lettres, Karen se projetterait déja bien dans cette voie.

Arrive Tom, un nouvel élève anglophone d'origine anglaise.

Il doit aussi passer son bac et il aura besoin de soutien pour l'oral et l'écrit en français.



Karen aime lire et écrire mais elle n'est pas très douée pour se délier la langue avec des étrangers.

Tom a cette petite image de mystère, d'écorché romantique.

Cultivés tous les deux, ils se trouveront une sensibilité commune pour la musique.

Karen ne cessera de se sous-estimer avec esprit et dérision, ce qui l'a rendra sympathique à nos yeux, elle ne se prend pas au sérieux.

D'ailleurs, sa question propre pourrait être qui la prendrait au sérieux de toutes façons?

Sa mère, ses copines...Tom?

Nous profitons d'une finesse d'esprit derrière la timidité, si la pensée pouvait être accessible à tous, l'entourage profiterait d'une tout autre Karen, bien plus sûre d'elle sur ses points de vue sur le monde et autrui.



" J'avais éprouvé toutes sortes de coups de coeur dans ma courte vie affective, mais mon désir n'avait jamais trouvé un terrain propice à son épanouissement, la majorité des garçons ne résistant pas à plus de cinq minutes de conversation. C'est une vraie maladie chez moi, je n'arrive pas à me contenter du physique, je ne dois pas avoir une âme de bonne reproductrice..tomber amoureuse [...]tenait à la fois du prodige et de la catastrophe...".



Nous flotterons au fil de la lecture avec Karen, bien plus positive et encourageante qu'elle en a l'air et non, mauvaises langues que vous êtes, ce ne sont pas les médicaments.

Ce sont les sentiments et des beaux.

Karen croque dans la pomme comme si c'était la 1ère fois de sa vie qu'elle profitait de quelque chose de frais et sucré, avec cet air de nous dire: Mince!?Mais c'est bon ce truc-là?!? Comment ça s'appelle que j'en parle autour de moi?!

C'est vrai que ça a bon goût l'amour.



Avec ce feu de Prométhée désormais accessible, Karen nous donne l'impression d'être doté du troisième oeil et de saisir enfin les mystères de l'univers des grands qui gravitent autour d'elle.

La révélation, de comprendre combien il est difficile d'être adulte sans souffrir avec ce don du dit Amour avec un grand A.

Nous vivons de ça, survivons, nous nous en alimentons et manquons aussi de ça comme l'air que l'on respire, en plus des factures à payer, des courses de la semaine et des visites chez le pédiatre des petits.



Karen profitera de sa petite étincelle et des copains, bien qu'elle sache déja que Tom devra repartir en Angleterre après son bac...voire peut-être plus tôt.

Elle qui aime l'écriture et la correspondance, ça tombe bien.

Un roman pour ados sur le sentiment amoureux d'un regard pertinent, fin et drôle.
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