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Critique de Yokay


Ah ! la littérature étrangère qui relate des modes de vie et des traditions si différents des nôtres : étonnement garanti !
L'histoire commence par une scène de meurtre stupéfiante, où le plus traumatisant pour le meurtrier est le stress de savoir s'il a fait les choses dans les règles ou non, à savoir avertir l'homme qu'il va le tuer, puis une fois mort le mettre sur le dos avec son fusil près de sa tête. Quitte à demander, dans le doute, à des passants inconnus de le faire pour lui, au lieu de se cacher, de fuir. D'entrée, on croit halluciner. Et de fil en aiguille on comprend le contexte, que ce meurtre était une obligation pour celui qui l'a perpétré, une loi inscrite dans le Kanun, ce code de droit coutumier médiéval qui a cours sur les hauts plateaux montagneux du nord de l'Albanie (et des territoires limitrophes) et qui y prime sur les lois nationales. Obligation de reprendre le sang, et de le donner à son tour, c'est à dire de venger sa famille du précédent meurtre commis, et ainsi de suite à tour de rôle entre les 2 familles impliquées, sur des générations et des générations, sous peine de sanctions lourdes. le Kanun décrit toutes les règles de vie sur le plateau (mariage, famille, travail, propriétés), mais c'est bien cette vendetta inscrite dans le code d'honneur avec ses règles strictes et son impôt qui est le coeur de ce court roman.
Nous avons d'une part Gjorg, qui vient de venger son frère en tuant son meurtrier, qui bénéficie de la bessa (trêve) de 30 jours, ses 30 derniers jours de vie libre, avant de devenir lui-même la prochaine cible de la famille d'en face. C'est bien peu, 30 jours.
Nous avons d'autre part le jeune couple Bessian et Diane Vorpsi, qui vient de la capitale Tirana ; lui est un écrivain connu, spécialiste du Kanun, qui profite de son voyage de noce pour voir « pour de vrai » cette tradition, avec une certaine fascination un peu malsaine, y traînant sa jeune et belle épouse.
Et le hasard veut qu'ils se croisent, et que le bref regard qu'échangent Gjorg et Diane va changer leur vie, précipiter leur destin.
Nous sommes à une époque indéfinie, non clairement nommée, où on roule encore en voiture à cheval, mais où passent déjà des avions dans le ciel. L'ambiance est lourde, plombée. le même paysage à perte de vue, tout est brumeux et gris, le printemps tarde à venir. Il y a très peu de villages et de passants. Les journées de marche sont interminables. Seuls deux personnages étrangers à cette culture, un médecin et un géomètre, instruits, ex citadins, qui accompagnent partout l'exégète qui tranche les conflits du Kanum, osent émettre en aparté au jeune couple quelques critiques des règles archaïques du Kanun. Qui existait réellement (dans quelle mesure aujourd'hui ?). C'est ce qui en fait une lecture pour le moins édifiante, sidérante, assez dérangeante. Que l'on n'oublie pas.
La 1/2 étoile en moins pour les quelques redondances dans le récit, inutiles.
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