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Critique de StCyr


Avril brisé c'est le mois du printemps séparé en deux par la fatale loi du Kanun, loi immémoriale qui régit tous les aspect de la vie des montagnards du Rrasfh au début du siècle dernier, époque où se déroule l'histoire qui nous intéresse ici. Selon la loi implacable du Coutumier, Gjorg, l'albanais des montagne, jouit encore dans la première moitié de ce mois, de la protection de la sacro-sainte Bessa, foi, parole, ou protection jurée, selon laquelle celui qui a versé le sang est à l'abri des représailles de la famille de la victime. Mais après la date qui marquera la fin de la grande trêve d'un mois, il devra vivre comme un fugitif, abandonner les grands chemins, se déplacer nuitamment ou aller s'enfermer sine die dans une sombre tour claustrale où l'asile lui sera donné.


Le roman illustre une réalité, celle de la vendetta vécut pas trois entités bien différentes. Gjorg à vengé le sang de son frère, dont la chemise ensanglantée, sinistre bannière, flottait au deuxième étage de sa kulla, appelant vengeance. Bessian et son épouse, sont de grands bourgeois, venus passer leur voyage de noces sur le grand plateau du nord, afin d'étudier, de leur regard, moitié détaché, moitié curieux, d'esthètes et d'intellectuels, les lieux où se perpétuent encore cette fascinante loi du talion, nimbée d'une aura homérique légendaire. Enfin Mark Ukacierre est ce que l'usage à baptisé du nom terrible de l'intendant du sang, il est celui qui perçoit, dans la kulla d'Orosh, le fatal impôt du sang, que chaque vengeur se doit d'acquitter. Ainsi pour lui la vendetta, prend l'aspect d'une activité qui se mesure en terme de pertes et de profits, et il doit rendre des comptes si l'année à été mauvaise en terme de sang versé. Ce Kanun, cette conception de l'honneur est bien le fruit d'une perception des rapports humains propre au moyen âge. le sang versé appelle vengeance, et il est un devoir de laver l'affront, qui s'il n'est pas réparé, rejaillit sur la famille, sur un village entier, voire parfois, sur une communauté de bourgades. La parole donnée est inviolable et l'hospitalité est une valeur cardinale, l'hôte est protégé et respecté, tel un monarque ou un demi dieux. Ismail Kadaré, dans un style sobre, transmet la réalité de ce Kanun, sans juger, en conteur de talent, presque comme un ethnologue.


Avril brisé est un livre pour le lecteur blasé des lectures insipides, soporifiques et répétitives. Dépaysement, ouverture sur des coutumes et des valeurs, qui nous sont étrangères sont au rendez-vous. Une belle découverte qui appelle à poursuivre la lecture des oeuvres de l'écrivain albanais.
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