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Critique de Acerola13


L'auteur Ismaïl Kadaré nous plonge dans les montagnes d'une Albanie sans âge et au coeur d'un village isolé où le sort s'abat sur la famille Vranaj : la seule et unique fille de la fratrie fut mariée à un lointain étranger, tandis que ses frères ont tous péris de la peste suite à leur retour de la guerre. Or, un matin, le village apprend que Doruntine est de retour, et serait à ses dires rentrée en compagnie de son défunt frère Konstantin. Stupeur dans les chaumières : le capitaine Stres doit mener l'enquête pour rétablir la vérité et désigner le coupable : Qui a donc ramené Doruntine ?

L'enquête policière se teinte alors d'une dimension fantastique, puisque la plupart des villageois semblent prêts à croire à un phénomène surnaturel ; la rationalité et les moeurs s'affrontent, tandis qu'une légende naît peu à peu...Toutes les strates de la société finissent par se mêler de la résolution de cette affaire d'État : l'église orthodoxe, en conflit avec l'église catholique, s'acharne à faire taire cette légende qu'elle considère comme un blasphème, le Prince régent s'effraie de voir ressurgir le droit coutumier (le Kanun) alors qu'il s'efforçait d'adoucir les moeurs, les habitants remettent en cause les mariages lointains et le mélange avec d'autres clans.

De son côté, Stres recoupe les différents récits qu'on lui fait des évènements et tente de tirer ses propres conclusions, tout en faisant abstraction de son attirance passée pour la belle Doruntine. S'immergeant toujours plus dans l'enquête, Stres voit les liens qui le rattachent à la raison devenir de plus en plus ténus...

Sous couvert d'une enquête policière et d'un huis-clos albanais, Ismaël Kadaré dresse le portrait d'une société repliée sur elle-même et de ses croyances et traditions. Qui a ramené Doruntine est une formidable mise en abîme qui réunit moeurs, psychologie, histoire médiévale, conflit religieux et questionnement politique, et qui permet au lecteur de s'imprégner d'un pays que l'on connaît finalement bien peu.

Mon seul regret est de n'avoir pas pu cerner la critique de la société totalitaire de l'auteur, dont l'oeuvre a été interdite de publication en Albanie. Une très belle découverte néanmoins !
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