Voici une nouvelle lecture faite dans le cadre des 68 Premières fois et dont j'attendais, je dois dire, beaucoup. D'abord, parce que si quelques billets se révélaient un peu tièdes, de nombreux autres étaient franchement enthousiastes. Et puis parce que j'aime les textes qui parlent de création, quelle qu'elle soit. Enfin ce roman évoquait un artiste, un compositeur dont j'ignorais tout, sauf qu'il se situait à une époque que je trouve culturellement très riche, celle du Paris du tournant du XIXe siècle.
C'est donc pleine de confiance et avec une réelle envie que j'ai entamé ce roman (ce qui n'est pas toujours le cas quand vous vous inscrivez à un club de lecture...).
D'abord, je dirais que l'écriture de
Stéphanie Kalfon est vive et qu'elle parvient très vite à cerner le personnage pour nous en faire percevoir la personnalité. J'ai apprécié qu'elle nous plonge dans une époque autant qu'elle s'attachait à brosser un portrait. Et puis Satie est attachant, dans son incapacité à s'inscrire dans son époque, dans cette impression qu'il donne - c'est du moins ce qui ressort du texte - d'être constamment à côté : à côté du monde, à côté des gens, incapable d'être vraiment acteur de son existence. Il est touchant par ses doutes et sa discrétion. A part son frère, il semblerait que personne ne sut jamais dans quel dénuement et dans quelle détresse il se trouvait. Il donnait au contraire l'image d'un être détaché et volontairement anticonformiste.
Toutefois, je suis moi aussi restée à côté de ce texte. Touchée certes par le personnage, mais pas par les mots, que j'ai parfois trouvés à la limite de l'emphase, avec des formules claquantes et clinquantes qui ne m'ont pas paru en parfaite adéquation avec le sujet. Et c'est vraiment dommage, car l'auteure possède un style vif et un rythme tout à fait intéressant. Pour ma part, il m'a manqué du coeur, de la chair, de la chaleur... Et puis je regrette aussi que
Stéphanie Kalfon n'entre pas dans le processus de création et s'en tienne à l'inaptitude sociale de l'homme...
Je ne regrette néanmoins pas cette lecture, suffisamment brève pour ne pas m'avoir indisposée, et qui m'a permis de faire connaissance avec un artiste audacieux et une personnalité singulière. Et puis ça a également été l'occasion de ressortir mes vieux CD d'Erik Satie. Et rien que pour ça, ça valait la peine !
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