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sur 120 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« On n'envie jamais les gens tristes. On les remarque. On s'assied loin, ravis de mesurer les kilomètres d'immunité qui nous tiennent à l'abri les uns des autres. » Dès ces premières lignes, on comprend que Stéphanie Kalfon ne va pas se contenter de retracer la vie d'Erik Satie, mais dépeindre une atmosphère, un cheminement, tenter d'expliquer le mystère qui entoure encore aujourd'hui ce compositeur et pianiste à nul autre pareil.
Pour cela, elle va faire fi de la chronologie, commencer par nous présenter «le petit homme hors norme» en mai 1901, alors qu'il a 35 ans, qu'il chemine à pied de Paris à Arcueil parce qu'il n'a pas les moyens de faire autrement pour regagner cette chambre de la rue Cauchy où règne un chaos indescriptible, entre deux pianos qui ne sont plus en état de marche et… quatorze parapluies. Arcueil rime avec cercueil.
Il se retrouve dans la misère après avoir perdu les siens, s'être fâché avec le tout-Paris de la musique, délaissé ses amis et Montmartre où il avait pu, sous l'aile protectrice de Rodolphe Salis, le patron du Chat noir, exercer son métier de gymnopédiste.
Car « depuis toujours il promène sa partition interne hors des musiques à la mode. Taillé pour l'exil, lui se fiche pas mal des « Périmés » et de l'Académie. Ses contemporains se sont embarqués sur un vieux bateau « modern style » et prennent l'eau jusqu'au bout des mâts. Son embarcation à lui, c'est le bout de ses mains. Tout ce qu'elles peuvent dire sans un mot, à leur façon. D'une manière si inimitable qu'elle retient l'oreille de l'Assemblée, elle étonne. »
Au fil de courts chapitres, il sera alors temps de remonter le temps, celui de l'enfance et déjà, de la mort qui rôde. À six ans, sa mère meurt. Avec son frère Conrad il retourne à Honfleur chez ses grands-parents. Mais sa grand-mère meurt est retrouvée à son tout morte sur la plage. Voilà les deux frères de retour à Paris. Erik y apprend le piano, entre au Conservatoire, mais ne tarde pas à refuser des règles qu'il juge désuètes. Il est renvoyé et, aussi curieux que cela puisse paraître, décide alors d'intégrer un régiment d'infanterie.
Bien entendu, il va vite constater que l'armée n'est pas faite pour lui et se fait réformer en se promenant poitrine nue dans le froid hivernal. Suivront les années montmartroises et la rencontre avec les poètes, les peintres, les musiciens parmi lesquels Claude Debussy tiendra sans doute un rôle majeur, entre fascination et rivalité. Non décidément, il reste en perpétuel décalage dans un monde qui est pourtant en train d'entrer dans la modernité. Après l'exposition universelle, le XXe siècle apparaît, celui du jazz et du coca-cola. Celui des gymnopédies et celui des trois morceaux en forme de poire aussi. Car le génie de Satie ne sera vraiment reconnu qu'après sa mort.
En lisant Stéphanie Kalfon, comment ne pas vous suggérer d'écouter en fond sonore cette musique si originale ? En (re)découvrant l'homme, vous (re)découvrez ainsi les principales oeuvres d'Erik Satie. Vous verrez alors que le petit homme seul méritait cet hommage sensible, baigné de mélancolie.

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Le temps et la postérité sont parfois négligents qui n'ont presque rien retenu de la vie d'Erik Satie. Son nom est encore aujourd'hui indéfectiblement associé à deux oeuvres pour piano : les Gymnopédies et les Gnossiennes, composées vers la fin du XIXème siècle. On sait encore de l'homme qu'il fut un être singulier, à part, à l'excentricité volontiers assumée, qu'il ne se soumettait ni aux conventions de son époque ni aux exigences académiques et artistiques d'alors.

"Les parapluies d'Érik Satie", titre énigmatique, et la quatrième de couverture m'ont persuadé de lire ce qui n'était (était-il précisé), "ni une biographie ni une hagiographie" sur le compositeur, seulement un roman, le premier de son auteure, Stéphanie Kalfon.
j'entrais avec curiosité dans l'histoire. Les quelques résonances des Gymnopédies et des Gnossiennes que j'entretenais en moi cessèrent d'accompagner ma lecture. Je faisais peu à peu la connaissance du personnage d'Érik Satie, de son enfance douloureuse et turbulente, de son mépris du Conservatoire, de l'autorité, du conservatisme, ...

Dans une belle écriture, le portrait du compositeur prenait forme, après les contours apparaissaient les traits, la psychologie du personnage. Toutefois, en progressant dans ma lecture, je sentais quelque chose me retenir, quelque chose contre lequel je butais. Après les dominantes du portrait, je me mis à chercher les nuances, les espérais. Elles ne vinrent jamais.

Était-ce le parti pris de l'auteure ? Celui d'opérer, au travers de la personnalité du compositeur, une critique virulente de l'ordre social d'alors, d'une époque difficile, annonciatrice de la nôtre ? C'est un roman sur un compositeur où il n'est quasiment jamais question... de musique. Rien n'est abordé sur ses oeuvres, sur son travail, très peu sur ses influences musicales, sur ses amitiés (il était un ami de Stéphane Mallarmé, de Paul Verlaine entre autres), ou juste celle qu'il entretint avec Claude Debussy, décrit ici comme un personnage arrogant et suffisant.

Si ce n'est par la belle écriture, le vrai travail de documentation, je n'ai pas vraiment été séduit par le portrait selon moi trop scénarisé, trop dénué de nuances du compositeur. Portrait tout en noir d'Érik Satie, comme les quatorze parapluies qu'il possédait. Face à cette noirceur, il n'y avait plus de place pour la lumière. Dommage, il y avait sans doute à dire.
Reste toute la lumière qui jaillit, qui s'échappe encore des Gymnopédies, des Gnossiennes et de toutes les oeuvres musicales d'Érik Satie.
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Alléchée à l'idée d'en apprendre plus sur ce compositeur que j'adore, j'ai vite été lassée par le style de @Stéphanie Kalfon. Je l'ai trouvé répétitif, humour plat, et pas en accord avec la musique de Satie. Celle- ci me semble - quand je l'écoute - tendre, mélancolique, et parfois même avec un peu d'ironie ou d'humour leger. le livre est invariablement noir et désespérant ...
Et puis quid de ses contacts avec les autres artistes (à part Debussy)? de ses boulots alimentaires dont il n'était pas fier? A la trappe, on ne s'occupe que des états d'âme de Satie.
Enfin un point m'étonne: l'auteur fait mourir Contamine de la Tour bien avant Satie. Selon la BNF, il serait mort un an après . Qui se trompe?

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« On n'envie jamais les gens tristes. On les remarque. On s'assied loin, ravis de mesurer les kilomètres d'immunité qui nous tiennent à l'abri les uns des autres. »


Pas exactement un roman, pas vraiment une biographie, ce petit livre tente de restituer le vécu d'Erik Satie entre son entrée au conservatoire - d'où il sera exclu pour cause d'originalité et de non-respect des règles - et sa mort en 1925, seul, dans un taudis d'Arcueil, après une vie de bohème et d'absinthe, méconnu, moqué, peu considéré de son vivant. Comme il y a les poètes maudits, il y a les compositeurs maudits, ceux dont la vie d'excès, de création douloureuse, de bamboche et d'abandons n'aura au final jamais convaincu les contemporains.
Erik Satie traîne son chagrin parmi les artistes de Montmartre qu'il retrouve au « Chat noir » : le poète Contamine de la Tour, Alphonse Allais qui nous régale de ses aphorismes («  Un homme qui sait se rendre heureux avec une simple illusion est infiniment plus malin que celui qui se désespère avec la réalité »…) Caran d'Ache, Narcisse Lebeau. A « l'heure verte », celle de l'absinthe qui tue et qui rend fou, ils refont le monde, peintres, dessinateurs, musiciens, en guerre contre l'art policé, celui des concours de bon genre et de bon aloi, convenu, sans surprise.
A six ans, Erik a eu le chagrin de perdre sa mère, à douze ans d'avoir trouvé sa grand-mère morte en maillot de bain sur la plage : il en conclut que tous les hommes sont orphelins dans cette famille !

Viré du Conservatoire, il s'engage dans l'armée et, évidemment, n'en supportant pas les règles, il la quitte après s'être déclenché une pneumonie en restant torse nu dans le froid. Rebelle, original, marginal, désespérément triste. Il sera le contemporain du « Manifeste du symbolisme » et de la naissance du Coca-Cola en 1886. Faute d'argent, il arpente Paris et sa banlieue, jusqu'à Arcueil.

Écrit d'une plume vive et alerte comme un musicien en goguette, le texte restitue assez bien l'ambiance de ces années de bohème vécues par les artistes montmartrois, faisant alterner récit de l'auteur et passages en italique qu'on suppose réels. Mais c'est là que le bâts blesse : pourquoi ne donner aucune référence bibliographique, on n'a aucune idée de l'origine de ces citations, si ce sont des citation ?
Un livre au final assez agréable mais dont l'intérêt reste très moyen.

Lu dans le cadre des 68 1ères fois.
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Comment ne pas être émue par cette silhouette chaplinesque qui rejoint son lugubre logement d'Arcueil et sa féroce solitude ? de quelles vilaines pluies le parapluie noir qu'il n'ouvre jamais est-il censé le protéger ? Après la mort d'Erik Satie, ses amis entrent avec stupéfaction et accablement dans la pauvre chambre où il s'est caché pendant 27 ans. A partir de cette découverte, Stéphanie Kalfon brode une rêverie que scandent les indications fantaisistes que le musicien notait sur ses compositions. Une rêverie qui joue avec les éléments biographiques et nous fait pénétrer l'impénétrable, la part irréductible et mystérieuse d'un homme, d'un créateur exilé dans son temps. L'humour conjugué à la tristesse aboutit à l'absurde d'une existence que seule la mort rend visible. Il y a quelque chose de désespérant là-dedans, que l'ironie permet de désamorcer.
Je garde une impression de malaise après ma lecture de ce roman. Quelques petits trucs qui m'empêchent d'y adhérer complètement. Tout d'abord, il m'a semblé que l'auteur tirait fort sur le fil du pathétique, presque du larmoyant. C'est réussi, d'ailleurs : j'ai souvent eu les larmes aux yeux ! Mais ce qui me gêne surtout c'est que le point de vue adopté se donne pour biographique alors qu'il est et ne peut être qu'interprétation et reconstruction romanesque. La démarche qui utilise des fragments de la main du musicien, sortis de leur contexte, des évènements avérés de sa vie, comme venant authentifier le roman, alors que d'autres sont occultés, me paraît assez discutable. le risque étant que l'on superpose complètement le musicien et son personnage. Quelle importance? me direz-vous. C'est un peu de la manipulation des faits, non ? Et, pour moi, ce n'est pas nécessairement rendre hommage à un créateur que de l'ériger en mythe, car alors la fable prend le pas sur la création et l'oeuvre s'efface peu à peu derrière les images d'une trajectoire dramatique. le mythe de l'artiste maudit est extrêmement fécond et "Les parapluies d'Erik Satie" s'y nourrit d'une manière originale et touchante. C'est un beau roman... dans lequel je me refuse à voir le reflet de l'existence réelle d'Erik Satie.
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Petit ouvrage à la lecture plaisante et rapide, je ne connaissait pas Erik Satie avant de débuter ma lecture car c'est davantage le titre qui m'a attiré vers ce roman. Cette histoire de parapluies est juste une anecdote dans la vie d'Erik Satie car ceux-ci, au nombre de quatorze, ont été découvert chez lui à Arcueil, le jour de sa mort; mais ce n'est pas le fait essentiel que nous raconte Stéphanie Kalfon. Ce court roman qui n'est pas une biographie raconte le musicien qu'il a été, ce prodige refusant l'apprentissage académique et se mettant à dos les rigides professeurs de conservatoire, vécu et mourût bien tristement dans la pauvreté.
Sa vie est racontée comme sur une partition et même s'il apparaît parfois que ce grand personnage est atteint de folie il n'en est jamais fait question, peut être le manque de reconnaissance la fait s'éloigner du monde le poussant du même coup dans la misère.
Le style est assez sympathique, de courts paragraphes pour parler d'un être trop sensible voulant vivre sa musique en dehors des règles pré-établies laissant peut-être passer sa chance d'être connu et reconnu.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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« L'homme qui possédait deux pianos et qui, pourrait-on dire au vu de la taille de sa chambre, vivait chez eux. » p. 26

L'habitude est de dire que le propriétaire d'un chat vit chez son animal. Cet adage serait-il transposable à un pianiste ? Oui, j'en suis convaincue en heureuse propriétaire d'un piano, qui transforme ma recherche d'une maison en une question « y trouvera-t-il sa place ? »


Après le décès de Satie, un « effroyable » inventaire est dressé dans sa chambre d'Arcueil… on y retrouvera 14 parapluies noirs identiques… pour s'abriter de la grisaille de la vie parisienne ou de la médisance des autres face à un personnage qui ne fonctionne pas comme eux ?

Biographie ? Non.
Roman ? Non.
Témoignage ? Peut-être.
Hommage ? Assurément.


Le style de cet ouvrage est particulier et peu dérouter certains, mais il s'agit d'un parti pris de l'auteur pour plonger son lecteur dans la vie si particulière de Satie et pour coller à sa mystérieuse musique.
Toutefois si je peux poser un bémol, la musique de Satie m'apparait mélancolique, alors que l'ouvrage de Stéphanie KALFON respire la tristesse.
Le style est remarquable : j'ai du me restreindre pour ne pas noter beaucoup plus de passages !
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Faut-il aimer les gymnopédies ou gnossiennes de Satie pour lire ce livre ?...
Je pense que oui...
Les écouter en lisant le livre ?
Je pense que oui...
Le hasard m'a fait visiter sa maison à Honfleur... Elle vaut le détour...
La lecture de ce livre m'attriste profondément...
Mais lui rend hommage... Et ça c'est bien.
Sa musique n'est pas restée dans l'oubli...
Telle est sa revanche sur la vie...
Je conseille aux futurs lecteurs de le lire d'une traite...
Je l'ai lu en plusieurs fois... et c'est dommage.
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