Ce roman,
Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau, sorti en ce début d'année, de
Stéphanie Kalfon, après son magnifique livre Les parapluies d'Érik Satie, nous offre un tableau angoissant, captivant et intéressant, d'une maman qui ne reconnait plus sa fille. Dans quel genre faut-il ranger ce livre ? L'auteur sait avec habileté écrire hors des sentiers battus.
Paul, pianiste, Emma, professeur aux Beaux-arts préparent avec impatience l'anniversaire de Nina, leur fille, qui va avoir 8 ans. A la foire, Nina est heureuse. Emma la surveille mais une seconde plus tard, Nina n'est plus dans son champ de vision. Disparue. Sa fille retrouvée, l'histoire reconstituée, Emma n'aura de cesse de penser, de proclamer, d'insister que cette fille n'est pas sa fille. La vie de famille va connaitre de nombreuses perturbations. Paul va douter, va la bousculer. Emma cherche juste « un peu de paix pour penser ». Ses pensées pourtant l'amène à soulever le problème dans tous les sens, sans jamais trouver de solution.
Emma va se sentir si seule, seule dans cette quête de la vérité, sa vérité. Elle analyse, comptabilise, scrute, observe sa fille. Ne comprends pas. « Un jour, [sa] fille a disparu dans la nuit de [son] cerveau ».
Le couple et la complexité des rapports dans le couple sont évoqués en arrière-plan. de cet incident dans leur vie vient surgir des sujets qu'ils n'avaient pas aplanis, des rancunes passées sous silence qui réapparaissent, des griefs. Comment se soutenir quand l'un est seul « à penser d'une certaine façon » ?
Quand un évènement vient bouleverser notre vie, que se passe-t'il en nous ? Où se trouve la vérité ? Qui a la vérité ? Comment affronter ensemble cette distinction des faits ?
Stéphanie Kalfon avec tact et ingéniosité nous fait craindre, nous fait douter, provoque en nous un maelstrom d'émotions, en cherchant aussi à séparer le bon grain de l'ivraie. La tension est palpable. de nombreuses belles métaphores musicales viennent ponctuer le récit. La vie est une partition musicale avec ses césures, ses silences, ses allegros, ses adagios, semble nous dire
Stéphanie Kalfon.
A lire sans conteste !