AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Valmyvoyou_lit


Iakovos Kambanellis a été prisonnier, à Mauthausen, de l'été 1943 à la fin de la guerre. Son récit commence quelques jours avant le 5 mai 1945, jour de la libération du camp par les Américains. de cette date à fin juillet, de nombreuses personnes étaient restées sur place, attendant de rentrer chez elles ou de partir sur une nouvelle terre. Mauthausen devait être géré par les détenus eux-mêmes. Ce sont eux qui connaissaient les problématiques. Il a été demandé qu'un représentant de chaque nationalité soit désigné. Les Grecs avaient choisi Iakovos Kambanellis, alors âgé de vingt-trois ans. Un comité avait été créé. Leurs missions étaient de recueillir les témoignages et de noter les besoins de chaque communauté. Grâce à cette initiative du commandant Seibel, les prisonniers libérés ont retrouvé leur entité et leur identité.

Souhaitant retourner en Grèce, Iakovos Kambanellis aurait pu quitter, rapidement, Mauthausen. Mais il avait fait une promesse à ceux qui rêvaient d'aller en Palestine : il partirait quand eux pourraient le faire. Il a attendu que ses compatriotes juifs soient en état de voyager. de plus, l'attente menaçait d'être longue en raison d'un blocage de la part des Anglais.

A l'arrivée des Américains, la vie au camp avait pris les couleurs de l'espoir. Une nouvelle organisation s'était mise en place : les déportés, qui en avaient la force physique, sortaient du camp, nouaient des nouveaux liens, préparaient les départs, mais surtout livraient leur témoignage de l'horreur vécue. Seule une personne sur neuf a survécu à Mauthausen. Ce camp était classé en catégorie III par les nazis, les prisonniers subissaient un des régimes les plus durs. Les sélections étaient très régulières, le travail harassant et les tortures effarantes.

A la libération du camp, les prisonniers racontaient et leurs paroles étaient consignées. Ils échangeaient, aussi, entre eux, sur l'inhumanité dont ils avaient été témoins et victimes. L'auteur a mêlé les souvenirs de 1945 et ceux de la période d'internement. Certains passages m'ont fait pleurer quand je les ai découverts, puis quand je les ai lus à mon époux, tant j'avais été ébranlée. Certaines scènes sont indicibles de douleur et le fait qu'elles soient réelles m'ont dévastée. le quotidien est, également, décrit avec précision. Ce texte se ressent dans notre chair. Sa véracité meurtrit et tonne de nécessité. Pourtant, au coeur de la barbarie, des moments d'entraide et d'humanité éclairent le texte. Si Iakovos Kambanellis a survécu, c'est grâce à une protection. J'ai, aussi, été touchée par des gestes et des mots, porteurs de solidarité. de plus, l'auteur fait preuve d'un humour surprenant et rassérénant, teinté d'espérances et de poésie. J'ai aussi été émue par l'évolution de sa perception des Allemands et des Autrichiens. Des évènements dramatiques ont nuancé ses sentiments.

Paru en Grèce, en 1963, la même année que Si c'est un homme, j'ai souvent comparé mes émotions à celles que j'ai ressenties lorsque j'ai lu Primo Levi. La déflagration de Mauthausen a eu la même intensité. J'ai été bouleversée par ce magistral devoir de mémoire.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
Commenter  J’apprécie          203



Ont apprécié cette critique (20)voir plus




{* *}