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Critique de ElsaH


Trouvé au rayon « témoignages » de la médiathèque de Blanzat. Lu en 3 jours. Un livre que j'avais déjà vu passer mais pas osé lire, car quand je pensai à cette affaire j'avais seulement en tête des abus sexuels atroces. Ce vendredi là pourtant j'ai attrapé ce livre et commencé à le feuilleter malgré ce que je présumai de son contenu, sans connaître particulièrement l'histoire de Natascha. Je pense que c'est le visage de cette jeune femme en gros sur la couverture qui m'a décidé. On voit ce beau visage, cette peau parfaite, ce regard clair, très franc, ce tout petit sourire. Pour moi c'est le visage d'une jeune femme intelligente, bien dans sa peau et qui a tout pour elle. Et ça ne correspond pas du tout à l'image qu'on se fait d'une ancienne victime de séquestration et sévices sexuels. Même si c'est stupide, quelque part inconsciemment j'imaginais que de tels traitements devraient laisser des traces quelque part dans le regard, l'allure, l'aura ou je ne sais quoi. En fait c'est n'importe quoi, les gens ne peuvent pas correspondre physiquement aux stéréotypes qu'on se fait dans nos têtes sur leurs supposées histoires. J'ai enfin compris en feuilletant le livre que Natascha était un être humain intelligent à part entière et non pas seulement une victime de sévices sexuels. D'ailleurs, ces abus auxquels on pense tout de suite ne sont pas l'essentiel de l'histoire de sa captivité. J'avais totalement sous-estimé le reste de ses souffrances, qui n'en est pas la moindre part : il y a toute la maltraitance psychologique, les coups, les insultes, la faim utilisée comme instrument de pouvoir, la privation de lumière, tout un éventail de tortures imaginées par le ravisseur. de toute façon par pudeur et préservation de sa vie intime, Natascha n'évoque pas les abus sexuels qu'elle a probablement vécu. J'ai commencé à lire ce livre debout devant le rayon de la bibliothèque sans envisager vraiment de l'emprunter. Déjà à ce moment là j'ai été surprise, frappée par l'intelligence, la maturité de Natascha. Il s'agit principalement du récit de sa vie après son évasion. Elle raconte sa captivité dans un autre livre, 3096 jours, paru en 2010.
C'était un livre vraiment intéressant. Ce qui m'a poussé à le lire c'est de comprendre comment elle avait bien pu survivre. Ce que j'en retiens :

- le pire dans sa vie après son évasion, ça a été les autres : les insultes des malades mentaux qui ne lui pardonnent pas d'avoir survécu, qui l'accusent de mentir, invoquent des théories du complot...les soupçons sur ses parents, en particulier sa mère, pendant l'affaire. Les journalistes qui la traquent après sa sortie du cachot. Et tous ces gens qui l'entourent pour tirer un parti, un intérêt quelconque de son histoire.

- elle n'a pas apprécié le film fait sur son histoire car il ne développe aucun aspect psychologique et se concentre sur les viols. C'est à dire ce que la société imagine/redoute de son histoire mais pas sa véritable histoire dans son ensemble.

- Pour moi Natascha Kampusch est une sacrée inspiration. Sa force impose le respect.

- Les insultes et les soupçons dont elle fait l'objet sont incroyables et vraiment écoeurants. Ils confirment bien que quelque chose va très mal. Je crois que notamment, notre société a un besoin monstre d'enfermer les gens dans des cases. Ici, la case de la victime. En tant qu'ancienne victime, Natascha, pour certaines personnes, devrait en rester une toute sa vie. Restée briser, se taire, ne pas écrire, ne pas se montrer, ne pas vivre. Vivre, c'est ça que les gens lui reprochent.
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