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Critique de jmb33320


« Je sors dans le séjour et constate que la neige continue de tomber derrière la fenêtre gris-bleu. de gros flocons, comme si d'innombrables oiseaux blancs s'abattaient en même temps, silencieusement. »

Du froid, de la neige, de la boue, des oiseaux et des arbres morts il y en a en quantité dans ce roman dont le flou peut parfois déconcerter. La puissance de ses images poétiques le sauve presque entièrement car il contient peu de certitudes auxquelles se raccrocher. Ses deux personnages, Gyeongha et Iseon, sont presque des spectres, au bord de la folie et du suicide. La seconde fera appel à la première alors qu'elle vient d'être hospitalisée à Séoul. Elle est cinéaste mais aussi menuisière. Accidentellement elle s'est sectionné deux doigts. Elle travaillait sur un projet de land-art initié par Gyeongha, autour de tronc d'arbres sculptés.

Gyeongha parvient difficilement à rejoindre l'atelier d'Iseon. Une forte tempête de neige bloque les routes de cette île de Jeju, pourtant située en zone subtropicale, à 80 kilomètres au sud de la péninsule.

Gyeongha et Iseon ont été marquées par le silence imposé sur les massacres de civils prétendument communistes qui y ont eu lieu fin 1948-début 1949, quelques mois avant la guerre de Corée. Iseon, qui a accompagné sa mère dans ses dernières années, trouvera après sa mort une vaste documentation sur le sujet, recueillie dans le secret. Cette femme avait été un témoin direct de ces atrocités et toute sa vie avait cherché la vérité sur le sort qu'avaient connu bien des membres de sa famille…

Les voix de ces deux amies, pourtant pas si proches, se succèdent, entrelacées à travers les années et les épreuves de la vie. Si j'ai bien compris le sujet de ces massacres de civils, (30 000 pour Jeju, 200 000 pour le reste du pays) est longtemps resté entièrement tabou, pouvant valoir arrestation et prison. La société coréenne s'en est saisi récemment et demande que toute la vérité soit faite…

J'ai été saisi par ce roman, très sombre mais doux, par sa puissance poétique indéniable. Je remercie les éditions Grasset qui, via NetGalley, m'ont permis de découvrir la superbe écriture de Han Kang.
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