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Critique de nathavh


J'avais beaucoup apprécié "La végétarienne" , attirée par la littérature asiatique, l'envie de retrouver la plume d'Han Kang était grande. Je me suis à nouveau régalée.

Lui est un professeur de grec ancien. Adolescent il avait quitté la Corée pour l'Allemagne. Atteint d'une maladie dégénérative, il perd progressivement la vue. Il décide alors de revenir seul dans son pays la Corée du Sud. Il y enseigne le grec ancien en cours du soir à une poignée d'étudiants. Il camoufle son handicap de plus en plus grand en portant d'épaisses lunettes..

Une de ses étudiantes l'intrigue. Elle est vêtue de noir et semble avoir perdu l'usage de la parole. En effet, ce n'est pas la première fois, elle était déjà entrée dans un mutisme étant adolescente.

"La chose avait fini par se produire un hiver, alors qu'elle venait d'avoir dix-sept ans. Les paroles qui l'enfermaient et la piquaient comme un habit tissé de milliers d'aiguilles avaient soudain disparu. Elle les entendait de ses deux oreilles, mais un silence semblable à une couche de brume épaisse et dense faisait bouchon quelque part entre celles-ci et le cerveau. le souvenir de la langue et des lèvres qui servaient à les prononcer tout comme celui de la main tenant un crayon étaient devenus impalpables, enveloppé qu'il était dans ce silence cotonneux. Elle ne pensait plus en mots. Elle agissait sans mots, comprenait sans mots. le vide, pareil à celui qui précède l'apprentissage de la langue ou même la conception de la vie, absorbant le temps comme un nuage, encerclait son corps et l'envahissait.'

A nouveau, elle avait perdu les mots, l'usage de la parole, impossible pour elle de communiquer avec la voix. Elle se plonge alors dans le grec ancien car il est important pour elle de trouver les mots justes, l'essence de ceux-ci.

Ils sont tous deux "enfermés", "isolés" au plus profond d'eux-mêmes. Une perte en point commun, celle de la vue, celle de la parole. Des blessures enfuies au plus profond, depuis le presque début de leur histoire.

Un événement fortuit se produira et leur permettra peu à peu de se reconstruire, de renaître tel le phénix de ses cendres. Un nouveau langage, une nouvelle communication naîtra.

Dans le récit, chacun s'exprime tour à tour. Il est parfois difficile de savoir qui s'adresse à nous.

L'histoire de Platon, du grec ancien, ces leçons de grec amènent les personnages à se construire peu à peu. A travers l'usage de cette langue morte, elle sortira peu à peu de son isolement.

C'est de la littérature asiatique, cela signifie que c'est lent, très lent, et on va droit au coeur des émotions. Mais quelle écriture magnifique ! Epurée, poétique, splendide.

La construction du dernier quart du roman est très particulière, un peu déroutante. Les choses deviennent plus floues, plus confuses pour le lecteur à l'image sans doute du ressenti des personnages dans leur enfermement mais quelle beauté, quelle magnificience.

Le langage et l'expression sont au coeur de ce récit. On découvre les failles, les blessures, la tristesse et les solitudes des narrateurs avec une association de mots juste parfaite. Un récit à la langue aérienne, tout en sensibilité.

J'adore.

Ma note : pas loin du coup de coeur 9/10

Lien : https://nathavh49.blogspot.b..
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