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Critique de umezzu


J'ai failli abandonner ce roman dans ses premières cent pages, qui déroulent le retour à Berlin-Est en 1949 d'Alex Meier, un célèbre écrivain juif allemand, parti avant guerre aux États-Unis, et contraint de revenir sur sa terre natale par la chasse aux communistes orchestrée par Mc Carthy et consorts. Il fallait pourtant poursuivre l'effort, passer ce stade, car la suite est un mélange savant d'espionnage à la le Carré et de géopolitique appliquée à l'Allemagne d'après guerre.

Le début du roman est assez littéraire, ou plutôt un hommage à la littérature allemande de l'époque. On y croise des écrivains célèbres de l'époque, qui ont délibérément choisi de s'installer dans le pays qui dans leurs rêves doit devenir une vraie démocratie populaire, à commencer par Berthold Brecht et Anna Seghers. Les pages défilent autour du récit de leurs exils, de leurs souvenirs d'avant guerre ; autant de propos verbeux dans une ville encore jonchée de décombres, où les Russes imposent leur loi dans leur secteur, tout en maintenant un blocus sur les autres zones d'occupation, ce qui conduit les puissances alliées à mettre en place le pont aérien qui va assurer la pérennité de Berlin-Ouest. La zone ouest survit à 1700 calories par jour, pendant que le PC allemand, le SED, tente de se faire bien voir du grand frère russe, pour récupérer le contrôle du pays lorsque Staline l'aura décidé.

Les espions foisonnent de partout et la mise en fiches de la future RDA par la future Stasi est en marche. Alex, contraint par un divorce qui se passe mal, est en fait téléguidé par la CIA qui cherche à avoir des « antennes » côté soviétique. Et cela tombe bien, avant guerre Alex était très proche de la famille von Bernuth, ancienne famille prussienne, dont une des filles, Irene, est désormais la maîtresse d'un important officier russe. Les retrouvailles vont enclencher une série d'événements, qui vont faire passer l'écrivain célèbre d'espion amateur en expert du double-jeu.

Peu à peu, le livre prend de la consistance. Les liens qui unissent Alex aux von Bernuth s'explicitent et rejaillissent sur le présent. Une soeur von Bernuth vit à Berlin-Ouest avec un médecin qui a participé à l'eugénisme décidé par les nazi, un frère, ancien soldat déclaré prisonnier en Russie, trime comme un esclave dans des mines d'uranium, et Irene s'accroche à son protecteur russe pour rester dans sa « bulle ». le monde d'hier n'est plus, le nazisme est passé par là. le monde de demain est en train de se bâtir dans un contexte de guerre froide.

Plus l'intrigue avance, plus Alex devient intéressant par son analyse de la situation et des jeux troubles des uns et des autres. de spectateur des oppositions politiques, il devient acteur du monde de l'espionnage. Certes, contraint et forcé, et avec d'immenses conséquences sur la façon dont il place sa confiance et dans ses amours.
Un roman humain dans une époque difficile, alors que les vainqueurs de la guerre se divisaient, et que l'Allemagne débutait quarante ans de césure.
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