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Critique de Colchik


Dans la Turquie des années 1970-1980, apparut une floraison de petits journaux satiriques, tels que Gırgır, Fırt ou Mikrop, souvent quelques feuillets aux couleurs vives où la caricature régnait en maître pour railler les turpitudes des hommes politiques ou moquer les travers de l'époque. Dès l'âge de seize ans, Ersin karabulut a fait ses premières armes dans cette presse humoristique, irrévérencieuse et indocile malgré les pressions en tous genres qu'elle subissait.
Son journal inquiet d'Istanbul lui rend hommage tout en évoquant les crises politiques qui ont marqué la Turquie les quarante dernières années et l'ascension de l'islamo-conservatisme de Recep Tayip Erdoğan.
Le point de vue d'Ersin Karabulut est intéressant, car l'auteur n'appartient pas de la bourgeoisie istanbouliote, il ne vit pas dans les beaux quartiers et ses parents, instituteurs, sont très éloignés de l'intelligentsia participant à la vie culturelle. Depuis son quartier populaire, il décrit, à hauteur d'enfant, puis d'adolescent, les changements qui se sont opérés dans la société en montrant le glissement d'une partie de la population la plus déshéritée vers les valeurs conservatrices et nationalistes prônées par l'AKP, le parti d'Erdoğan. Au fil des années, la liberté de la presse et d'opinion est de plus en plus contrôlée et étouffée via les intimidations directes et les recours devant tribunaux.
Le talent de dessinateur de Karabulut éclate à chaque page. L'influence de la ligne claire est patente et sa palette, douce, subtile, sert merveilleusement son trait précis.
Bref, l'album est une réussite, avec ce qu'il faut de tendresse et de mélancolie pour dépeindre l'enfance, et d'audace pour montrer l'éveil d'une conscience devant le vacillement d'une démocratie.
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