Une voiture entre les mains d'un chauffard multirécidiviste peut devenir une arme aussi létale qu'un pistolet.
J'avais mis beaucoup de soin également à habiller Lila et Adélaïde, avec de jolies robes aux couleurs douces, pastel et poudrées, leurs belles chevelures étaient ornées de serre-tête à fleurs même si leur plus bel accessoire était sans conteste leur sourire. Elles étaient si heureuses, elles aussi. Ces photographies étaient de vrais bijoux. Elles respiraient la soif de vivre et annonçaient un avenir radieux. Le soleil n'était pas dans le ciel, il s'incrustait pourtant sur chacun de ces clichés.
Alors oui je dois l'avouer, c'est un livre d'amour mais pas que, et loin d'être niais ou utopiste.. C'est aussi un livre qui attend des réponses à des questions, des questions qui sont posées aux personnes qui peuvent prendre les décisions. C'est un livre qui laisse penser qu'on peut faire mieux pour que jamais plus une seule lumière ne s'éteigne et que chacun d'entre nous continue de s'aimer et d'aimer les autres très très fort.
Un ambulancier se tourne vers moi : « Il faut calmer votre bébé. » Mais je ne veux pas qu'il cesse de pleurer, s'il pleure c'est qu'il est en vie. Chaque larme, chaque cri est pour moi comme un cri de vie, il est là avec moi, dans mes bras, vivant. Pleure Isaac, pleure, montre-moi ta vie, laisse-moi entendre ta voix, résonne dans mon corps, pleure autant que tu le souhaites.
Juste parce que conduire prudemment et de manière respectueuse, c'est finalement se respecter soi-même et respecter les autres.
Lila, Adélaïde et Isaac auraient pu être vos enfants.
Lila et Adélaïde étaient deux petites filles merveilleuses, lumineuses, aimées et choyées de tous, je ne peux me résigner à pen-set que leur départ n'apporte pas du sens à nos vies, je ne peux penser qu'ensemble on ne puisse pas œuvrer pour changer les choses, pour que de tels drames soient évités à l'avenir, pour que les proches des victimes se sentent écoutés, pour que la justice soit enfin proche de nous et pour que nos lumières brillent encore longtemps.
Je resterai néanmoins de ces femmes qui vivront le restant de leurs jours profondément tristes. Le deuil est le travail de toute une vie, j'apprends chaque jour à composer avec et je sais que je partirai sans avoir réussi à maîtriser parfaitement cette terrible ritournelle. Peu importe, j’aurai continué d'aimer mes enfants jusqu'au dernier jour.
Il paraît que les écrits sont les paroles des vivants, c'est ce qui reste derrière nous. Alors je souhaite qu'à travers ces chapitres, il comprenne mes larmes et mes sourires, tous sont teintés de cet amour pour mes enfants.
Tant qu’on ne met pas de mots dessus, l’horreur n’existe pas.