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Critique de Isa0409


Elles s'appelaient Lila et Adélaïde, elles avaient 26 mois et 3 ans, elles étaient demi-soeurs mais elles s'aimaient, elles étaient deux petits anges aimés par leurs parents, et par leur maman surtout, l'auteure, qui vivait pour ses trésors, ses petits chats comme elle les appelait, ses filles égayaient ses journées, elles étaient son soleil et son monde gravitait autour d'elles. Lorsque Nadia est tombée enceinte, les petites ont compris et ont aimé leur petit frère avant son arrivée et, à sa naissance, elles lui démontraient déjà l'amour incommensurable de deux soeurs envers leur petit frère.

Elles auraient du vivre, et s'aimer très très fort encore très longtemps.

Mais le 3 mars 2018, alors que Nadia emprunte la nationale qui l'emmène chez elle avec ses enfants, il pleut énormément, les éclairs illuminent le ciel obscur, elle ralentit par prudence. Par prudence oui, car une mère redoute les dangers imprévisibles, elle anticipe les difficultés et les drames, elle essaie et fait de son mieux. Oui, elle essaie.

Sauf que ce chauffard qui empruntait cette même nationale en sens inverse avec son bolide se foutait de tout, il fallait arriver à l'heure à ce dîner, alors au diable les précautions, il accélère, mais avec la pluie qui s'abat sur la route, sa voiture dérape, il en perd le contrôle, à tel point que le choc avec la voiture d'en face est frontal, brutal, fatal.

Adélaïde et Lila n'ont pas survécu. Leur petit frère est grièvement blessé et Nadia aussi.

Au-delà de l'évocation d'un drame aux conséquences fatales et irréversibles, Nadia Karmel lance avant tout un appel à la conscience et énonce les écueils d'une justice à deux vitesses, ainsi que la gestion administrative malheureuse et maladroite face aux décès de ses enfants.

Le problème posé ici et qui est au centre de cet accident mortel, c'est le fait que le chauffeur qui roulait en excès de vitesse par des conditions météorologiques qui ne le justifiaient pas, n'en était pas à son premier coup, puisqu'on lui avait déjà retiré son permis et qu'il avait déjà été reconnu coupable de plusieurs infractions au code de la route.

S'il n'était pas si facile d'assurer un véhicule de course qui remplit les poches des assurances, s'il ne fallait pas payer pour récupérer des points, bref si le droit de conduire ne se marchandait pas et si les infractions avaient été punies à leur maximum, alors en ce mardi 3 mars 2018, le chauffard n'aura pas été en droit de rouler, car il aurait dû écoper d'un retrait de permis de trois ans, et non pas quatre mois.

Je suis partagée entre un immense chagrin et une rage noire, démunie face à cette maman amputée de sa chair, témoin de leur mort et impuissante face à l'inimaginable. Je suis en colère face à cet homme inconscient et apathique, égoïste et glacial, coupable d'avoir arraché la vie à deux petits anges innocents, coupable d'avoir détruit une famille entière, sans exprimer aucun remords, aucun regret. Je suis révoltée de ces administrations qui évaluent la valeur d'une vie, preuves à l'appui, lettres écrites à la sueur du coeur comme mesure de la peine incommensurable et à jamais irréparable, et qui osent ensuite en juger le prix.

Tout ceci me révulse, tout ces « et si » qu'on ne cesse de mentionner, ces lois qu'on aurait mieux fait de respecter ou d'appliquer à leur maximum, ces peines qu'on ferait mieux d'appliquer et tous ces plaisirs égoïstes qu'on ne cesse de monnayer, au détriment de vies trop vite éteintes.

Un cri du coeur, un appel à la conscience, à la responsabilité, car Adélaïde et Lila auraient dû continuer à vivre, à s'aimer très très fort ...
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