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Critique de Osmanthe


Seconde publication de Sachiko Kashiwaba en France après La cité des brumes oubliées, toujours aux excellentes éditions Ynnis, La maison des égarées est à nouveau un réel plaisir de lecture.

Cette histoire publiée en 2015 au Japon prend son inspiration dans le séisme et tsunami de 2011, et se situe dans la préfecture d'Iwate, dans la partie nord du Tohoku, région qui a également souffert de la catastrophe. C'est aussi la région des créatures légendaires du folklore japonais, yôkais et kappas.

La catastrophe crée le hasard de la rencontre entre trois femmes de générations différentes. La vieille et énigmatique Kiwa, toujours prête à aider les gens dans la nécessité, Yurie, qui fuit son mari violent et va se faire appeler Yui, et la petite Moeka, qui se fait appeler Hiyori, dont les parents sont morts dans un accident de voiture. le choc psychologique lui a fait perdre l'usage de la parole, et elle s'est enfuie vers ces terres où le séisme survient. Son oncle la recherche pour la recueillir. Les trois femmes vont cheminer ensemble et bientôt former une véritable famille de coeur, habiter chez Kiwa dans une maison sur un promontoire donnant sur cette mer la nourricière et cruelle.

Si Kiwa commence par raconter des histoires de yokaïs, des créatures hostiles, le démon Agame aux yeux rouges et son complice le serpent des mers, ne vont pas tarder à se manifester dans le paysage de ce village de Kitsunezaki, pour perturber la vie de nos héroïnes et des habitants. Ils se nourrissent de leurs pensées, de leurs envies de revoir des proches dont ils ont perdu le contact avec la catastrophe. Manipulant les esprits, ils veulent en faire des zombies attirés irrépressiblement vers la mer qui les engloutira. Ils sont d'autant plus redoutables qu'ils peuvent prendre forme humaine. Heureusement les trois femmes les ont démasqués. Elles vont se rendre à Tôno, la ville natale de Kiwa située non loin de là, pour mobiliser d'autres créatures extraordinaires, jizos, loups, renards et autres fantômes volants, qui elles vont protéger les humains. La lutte finale approche…

Le scénario est plutôt original, permet de faire connaissance avec le folklore japonais (il y a bien un petit site muséal qui cultive la légende des kappas près de Tôno), c'est frais, alerte, le côté bons sentiments est présent mais sans excès, ou est édulcoré par une action, un rythme plus enlevé que dans nombre de romans japonais souvent plus statiques.

Le fond du propos est sans doute de croire en une résilience après la catastrophe, les vies individuelles ne sont pas foutues, on peut se reconstruire, il faut y croire, et la solidarité collective peut aider la région à se relever. le message est aussi une humilité devant la mer, dont les Japonais sont tellement tributaires, et plus généralement devant la nature et ses kamis et fantômes, bien ancrés dans la tradition et la religion shintô en particulier.

On peut espérer que d'autres productions de cette auteure très prolifique et souvent inspiratrice d'animés nous seront proposées par les éditions Ynnis notamment, que je remercie ainsi que babelio pour ce deuxième rendez-vous avec Sachiko Kashiwaba.
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