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Voici une histoire remarquablement écrite, qui se lit comme on écouterait une chanson douce. Pour évoquer le destin de sa grand-mère paternelle, non dénué de difficultés matérielles et sociales, l'auteur a mis en oeuvre une langue pleine de poésie et d'humour qui m'a charmée de bout en bout.
L'intérêt tient aussi à la forme du récit. Les chapitres dans lesquels le narrateur est tour à tour l'un des personnages sont entrecoupés de ce qu'elle nomme des "discussions de l'auteur" avec l'un ou l'autre de ces mêmes protagonistes. Ces discussions se présentent comme le seraient les compte-rendus d'entretiens menés dans le cadre d'une enquête scientifique.
Cependant, il s'agit bien ici de littérature et d'imagination : les interlocuteurs étant tous décédés, les dialogues (retranscrits en italique pour mieux les identifier) ne sont que des conversations imaginaires qui se déroulent dans la tête de l'auteur réclamant à ses ancêtres les explications et les justifications qui n'ont pas été données du temps de leur vivant.
J'ai mis du temps à lire ce récit. Au départ, j'avais envie de connaître la fin de l'histoire avant d'avoir commencé et je trouvais le rythme trop lent. Après une longue pause, j'ai repris la lecture et je suis entrée dans l'univers de l'auteur jusqu'à, dans les dernières pages, ne plus avoir envie de le quitter.
J'aimerais connaître la suite, savoir ce qui est arrivé après ce voyage de retour, comment la grand-mère est-elle devenue la "boulangère" de Bourgas à qui est dédiée le livre, ou encore ce qu'il est advenu du cadet qui pleurait autant.
Ou s'il n'y a pas de suite, j'aimerais pourvoir entrer en discussion avec l'auteure pour lui demander des compte moi-aussi !
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Ce roman est un véritable coup de coeur et je trouve qu'il mériterait d'être plus connu. On suit une famille sur trois générations :
- Theotitsa, la grand-mère grecque installé en Bulgarie, mariée à Todor qui a déjà perdu 8 enfants et qui en vieillissant, noie son chagrin dans la religion.
- Miriam, sa fille qui tombe amoureuse d'Ahmed, un musulman pauvre avec lequel elle ne pourra pas officialiser son union à cause de leur confession différente.
- Puis Haalim, leur fils, qui grandit entre Istanbul et la Bulgarie.

J'ai vraiment adoré Miriam et Ahmed, je les ai trouvé tellement beau ensemble face au reste du monde. Puis le petit Haalim m'a énormément touché par son courage des son plus jeune âge. C'est une histoire incroyable et je suis triste de refermer le livre car je n'ai pas envie de dire au revoir à cette famille.

J'ai beaucoup aimé la structure du récit, les chapitres courts racontés par les différents personnages, et entre deux, des interviews de l'auteur à ces personnages pour comprendre leurs décisions et choix.

La Bulgarie, la Grèce et la Turquie sont trois pays qui me font rêver et j'ai adoré le dépaysement et le voyage que m'a procuré cette lecture.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Myriam vit à Bourgas en Bulgarie avec sa soeur Mila, sa mère Theotitsa, d'origine grec, de son père Todor et deux frères. Une enfance assez joyeuse, mais simple. Jeune fille elle tombe amoureuse d'Amed, Myriam a déjà un sacré caractère ! Contre l'avis de ses parents elle va vivre avec lui. Comme ils ne sont pas mariés tout le monde la traite de putain. C'est dur pour eux. Ils vont quitter la Bulgarie pour Istanboul. Ils auront deux enfants. Haakim avec lequel elle est très proche et Karim qui a des problèmes depuis sa naissance. Malheureusement Amed décède et elle se retrouve seule avec ses enfants et dans la pauvreté. Elle travaille dans un restaurant mais cela ne suffit pas. Elle va mettre Haakim dans un institut militaire. Il a 6 ans ! C'est une histoire attachante, mais assez pénible. Cette femme forte n'a plus revu sa famille de Bourgas depuis son départ. Jusqu'au jour où…HS
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Au coeur de ce roman des origines, nous découvrons une famille bulgare dont l'héroïne est Miriam, la grand-mère de la narratrice. En ce début de XXe S, la famille mène une vie paisible et modeste à Bourgos, petite ville sur la côte de la Mer Noire.
Miriam est une enfant vive et indocile, que certains considèrent comme un peu sorcière parce qu'elle a été conçue la nuit où la mer a gelé et parce que sa mère est grecque donc étrangère.
Mère et fille ont des intuitions et ce don les rapproche, même si Theotitsa s'inquiète très vite de l'indépendance de sa fille.

Maria Kassimova- Moisset dresse de beaux portraits de cette famille : Miriam joyeuse et forte, Mila, la petite soeur craintive, Theotitsa la mère qui garde dans un coffre les souvenirs de ses enfants morts et Todor, l'épicier amoureux de son épouse.
Le jour où Miriam, chrétienne orthodoxe, s'éprend d'Ahmed, de confession musulmane,  l'harmonie de cette famille sera détruite et le couple rejeté. Miriam devient aux yeux des autres " la putain turque".

Dans la Bulgarie du début du XXe siècle, de telles unions sont impensables. Les insultes pleuvent sur les épaules des amants, qui ne trouvent personne pour les marier ni pour les loger.
" Ils faisaient l'objet des commentaires de voisins, maîtresses de maison, vendeurs, pêcheurs, artisans, domestiques dans des maisons riches, administrateurs, employés de bureau, journalistes. On parlait de leur amour pécheur dans toutes les langues locales – bulgare, turc, arménien, grec, hébreu. Theotitsa ne sortait quasiment plus de chez elle – la lame de fond de cet intérêt malsain était au-dessus de ses forces."

La Bulgarie connaît alors un repli identitaire et des tensions nationalistes, et les couples mixtes ne sont pas tolérés. Si Miriam manifeste son indépendance sans faiblir et assume sa décision, le couple sera contraint de partir à Istanbul pour prendre un nouveau départ et fonder un foyer. La naissance des deux enfants ne pourra conjurer l'acharnement du sort qui poursuit cette famille hors-normes.
On découvre un destin de femme brisée par les épreuves. La jeune fille courageuse, libre et pleine de vie étouffe peu à peu jusqu'à commettre un acte douloureux.

Cette société corsetée par des préjugés religieux et culturels est par ailleurs imprégnée de superstitions. Comme c'est souvent le cas, les femmes sont les premières victimes de ces traditions ancestrales.
De nombreux archaismes patriarcaux perdurent à propos du corps des femmes, comme ces nombreux interdits et croyances concernant la menstruation. Les conseils maternels de Theotitsa ne font qu'entraver plus encore le désir d'émancipation de Miriam.
"Tes mains trouveront une toile de coton de Tsarigrad ….. Plie le comme un fichu pour la tête. Rentre d'abord le bout pointu pour que tu ne sois pas terrassée par la douleur lorsque le sang viendra. Plie-le lentement – pour que tu ne souffres pas lorsque tu enfanteras un jour. Plie les deux bouts vers le milieu mais sans que l'un recouvre l'autre, pour que tes enfants ne se haïssent pas mutuellement. Appuie dessus avec tes mains, mais pas trop fort – pour que ça vienne autant d'années qu'il t'est imparti, tu ne vas pas verser du sang lorsque tu seras grand-mère, hein ! "

La narratrice intervient à plusieurs reprises dans le texte, en imaginant des dialogues avec ses ancêtres soit pour mieux comprendre les situations mais aussi pour demander des comptes. Ces incursions sont très bien maîtrisées et n'altèrent pas le rythme du roman, mais elles se révèlent parfois d'une grande violence.
En adressant des accusations à son arrière grand-mère ou à sa grand-mère, elle dénonce avec une virulence toute singulière les erreurs commises au nom de la bienséance et de l'intolérance.

En se plongeant dans le passé malheureux de sa famille, Maria Kassimova-Moisset renvoie à la persistance des fractures ethniques et religieuses dans les Balkans contemporains. Lire ce roman comme une mise en garde face à la menace des mouvements nationalistes peut générer une grille de lecture tout à fait pertinente.
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C'est une magnifique rhapsodie que nous compose cette auteure en souvenir de sa grand-mère. Cette aïeule, Miriam, née au début du vingtième en Bulgarie s'avère libre avant l'heure ; éloignée des traditions et des superstitions, au point de décider de partager sa vie avec Ahmed, un musulman ; se coupant ainsi de sa famille.
Le couple s'installe, tant bien que mal, en Turquie. le chemin reste semé d'embûches mais le courage et la volonté tenace de Miriam font de ce récit un hymne à la vie plein de moments de tendresse et de poésie.
L'auteure en fait une chronique familiale aux accents rudes mais magiques, plaisante à lire.
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Rhapsodie balkanique par la grâce de son écriture élève le singulier au rang de symbole, faisant de ce drame intime l'écho de notre quête inassouvie de liberté. C'est assurément l'un des plus beaux premiers romans de cette rentrée littéraire que je conseille. Un vrai coup de coeur, une auteure à suivre.
Lien : https://marenostrum.pm/maria..
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Maria Kassimova -Moisset nous entraîne en Bulgarie et en Turquie au début du vingtième siècle.
L'auteur nous raconte l'histoire de sa grand-mère Miriam au destin atypique car elle va vivre une bouleversante histoire d'amour , toute jeune , elle tombe amoureuse d'un jeune turc , Ahmed de confession musulmane .
Le jeune couple va défier le monde entier pour vivre leur histoire d'amour semée d'embûches , Miriam étant elle une chrétienne orthodoxe .
J'ai beaucoup aimé cette chronique des Balkans , ce récit d'un amour qui défie les conventions , la forte personnalité de Miriam qui bravera les interdits , les deux communautés ne se mélangent pas , c'est comme ça depuis toujours .
Merci à Babelio pour ce roman reçu lors d'une opération masse critique et merci également aux éditions Des Syrtes .
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Quelle chance que ma première lecture du club soit ce roman déjà repéré chez Partice et Eva qui m'a fait découvrir billet de « je lis je blogue » ! Mes cinq coquillages parlent pour moi, oui, cette lecture m'a beaucoup touchée. La quatrième de couverture dit l'essentiel du récit sans pour autant dévoiler le roman. Une jeune femme, l'écrivaine, veut comprendre la vie de sa grand mère. Celle-ci sera victime de deux intolérances religieuses, celle de sa Bulgarie natale car elle tombe amoureuse d'Ahmed, un musulman, ce qui est intolérable pour sa mère grecque, ensuite à İstanbul, où elle a fui avec Ahmet qui hélas mourra de la tuberculose, elle sera considérée comme « la putain bulgare » et sera violemment rejetée de toute la famille musulmane.

L'intérêt du livre, c'est le soin que porte l'écrivaine pour cerner chaque membre de sa famille, elle leur donne la parole chacun à leur tour et se dessine alors devant nous une famille qui ne pouvait pas évoluer en 1924. (Je me suis demandée ce qui se serait passé en France à la même date ?) . L'arrière grand-mère Theotitsa, est une femmes malheureuse d'avoir vu mourir cinq de ses enfants et seule la religion lui apporte un peu de consolation.

Miriam la grand-mère de l'autrice est une jeune femme que rien n'arrête et qui va vivre intensément son amour pour Ahmed elle aura deux enfants dont Haalim le père de Maria l'écrivaine.

Voilà vous avez toute la famille ou presque, je n'oublie pas ce qui m'a procuré le petit plus qui met ce roman dans « mes préférences », ce sont les dialogues que mène Maria Kassimova-Moisset avec tous les membres de sa descendance. Je fais ça parfois avec les miens, je leur parle souvent mais ils me répondent avec moins de talent. Ces dialogues permettent de mieux comprendre les questions restées sans réponse de la petite fille descendante d'une famille si complexe.

La description de la Bulgarie de cette époque est très vivante, on s'attache aux personnalités des différents protagonistes de cette histoire, ou on les rejette . La vie à Istanbul est différente car la ville est immense et Ahmet et Maria y cherchait surtout de quoi cacher leur amour, heureusement pour eux une voisine les aidera à élever leur enfant. Elle arrête son roman sur le bateau du retour vers la Bulgarie, j'aurais aimé savoir comment cette femme a réussi à faire sa vie ensuite.

J'ai été très surprise par la fin, que je vous laisse découvrir (évidemment !) car je vous connais trop bien, vous les anti-divulgâcheuses !


Lien : https://luocine.fr/?p=17228
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Une belle histoire d'amour à Bourgas puis Istanbul !

Charme des Balkans , mosaïque de religions, de traditions, de langues dont l'autrice nous restitue la musique avec le Grec et le Turc qui se mêlent au Bulgare - le roman est traduit du Bulgare - mais que la traduction française occulte.

A la naissance de Miriam, la Bulgarie vient juste d'être indépendante et de sortir de l'Empire Ottoman. Ahmed, son amoureux arrivera plus tard d'Albanie sur une charrette. Imbrication des communautés qui se définissent par leur confession qui ne peuvent s'unir par le mariage. 

Ahmed, le musulman, et Miriam orthodoxe ne peuvent vivre leur amour. Miriam est maudite par Théotitsa, sa mère, elle devient "la putain turque" stigmatisée dans toute la ville, elle perdra aussi sa soeur tant aimée qui ne lui parlera plus. Miriam est une femme forte, ardente, un peu sorcière. Elle ne se laisse pas intimider. Ahmed et Miriam fuient donc la ville provinciale pour Istanbul, la Ville. Dans l'anonymat de la grande ville ils trouveront un foyer, élèveront leurs deux enfants avec la complicité bienveillante de leur voisine. Cruauté du sort : Ahmed, phtisique va mourir et la jeune femme sera démunie, rejetée parce que chrétienne. Ils connaissent la misère. La vie n'est pas facile pour une jeune veuve avec deux enfants. Miriam croit trouver une solution en abandonnant l'aîné dans un pensionnant militaire de la Turquie kémaliste. Choix douloureux! 

La vie n'est pas simple pour les femmes des Balkans : même très fortes comme Miriam et avant elle pour sa mère Theotitsa. Indépendante, douée d'une imagination étonnante, presque sorcière, Miriam tente suivre sa voie, son amour. Elle paie le prix fort. 

J'ai beaucoup aimé le soin et la poésie que l'autrice apporte pour décrire le quotidien des femmes : lessives, repassages, pliages, dignité de ces vêtements raides, des robes noires, soin aux reliques des enfants morts - petits habits pliés dans le coffre interdit. Evocation de l'enfance, intimité des deux soeurs et courage et débrouillardise de Haalim, le fils de Miriam. 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Les préjugés les contraignent ; qu'ils soient chez elle en Bulgarie ou chez lui en Turquie, les croyances pourrissent l'attitude de ceux qui les entourent. Chrétienne, musulman, ils s'aiment au-delà de cultures dont les principes nourrissent l'intolérance. Il sera l'étranger, elle sera une « putain ». Peu importe, unis, ils restent forts, dignes, libres. Jusqu'au drame.
Récit de vie d'une femme et d'un homme épris malgré leurs différences, « Rhapsodie balkanique » partage le courage dont ont fait preuve la grand-mère et le grand-père de l'autrice. Entrecoupé de dialogues avec les protagonistes, tant rationnels que poétiques, le livre s'ancre dans une réalité qui happe dès les premières pages. La plume est bouleversante portant avec justesse le malheur de ceux que des jugements ont entravé. Aucun pathos néanmoins car même si le texte plonge dans la noirceur des âmes, il reste avant tout dans l'éclat d'êtres lumineux.

Lien : https://aufildeslivresbloget..
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