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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une chronique familiale située à Bourgas en Bulgarie et à Istanbul en Turquie kémaliste pendant la première moitié du siècle dernier.

C'est à Bourgas, une ville côtière de la mer Noire à 385 kilomètres à l'est de la capitale bulgare et à 333 kilomètres au nord d'Istanbul, qu'est née le 11 novembre 1909, Miriam, l'héroïne de cette saga et la grand-mère de l'auteure. Elle est la dixième enfant d'un couple simple Todor et Theotitsa qui ont déjà perdu 8 enfants.

Comme môme, Miriam se montre un caractère indépendant, une nature à la limite de l'effronterie, ambitieuse et cependant plein de bonne volonté et de tendresse pour sa jeune soeur Mila, de 8 ans sa cadette.

Lorsque adolescente Miriam tombe amoureuse du marchand de glace, Ahmed, un musulman, la situation devient pénible à la maison. Une alliance entre une chrétienne orthodoxe et un musulman est tout à fait taboue dans ces contrées à cette époque. Dans la rue, elle se fait traiter de putain et ses parents la rejettent.

En 1931, le jeune couple, face à l'hostilité générale, décide de tenter ses chances dans la métropole d'Istanbul. Là aussi, leurs différences religieuses posent des problèmes, mais ils réussissent néanmoins à trouver des boulots et un logement.

En 1934 naît leur fils Haalim, le père de Maria Kassimova-Moisset.

Avec cette naissance, j'arrête mon résumé, pour ne pas gêner les futures lectrices et lecteurs, tout en soulignant que pour Miriam et le nouveau-né l'histoire est loin d'être terminée, bien au contraire....

"Balkanska Rapsodia" est paru en 2018 en Bulgarie et la traduction française par Marie Vrinat est sortie en août 2023 et compte 261 pages.
Il s'agit du premier roman de la journaliste franco-bulgare et j'espère que ce ne soit pas son dernier.

Pour votre information, je signale que sur la photo de couverture de 1929, Miriam est la première jeune femme à gauche.

Je voudrais aussi attirer votre attention sur une intéressante entrevue de Marie Charrel avec l'auteure dans le journal le Monde du 25 août dernier.

J'ai beaucoup aimé ce livre pour son contexte historique et géographique, que nous ne connaissons que très superficiellement, la description des conséquences d'un fanatisme et d'une intolérance religieuse, ainsi que la dramatique marginalisation des esprits libres.

Les personnages de Miriam et du petit Haalim sont touchants et authentiques.

Comme extra, Maria Kassimova-Moisset vous permet d'apprendre quelques mots et expressions en langues bulgare, grecque et turque.
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Ce roman est un véritable coup de coeur et je trouve qu'il mériterait d'être plus connu. On suit une famille sur trois générations :
- Theotitsa, la grand-mère grecque installé en Bulgarie, mariée à Todor qui a déjà perdu 8 enfants et qui en vieillissant, noie son chagrin dans la religion.
- Miriam, sa fille qui tombe amoureuse d'Ahmed, un musulman pauvre avec lequel elle ne pourra pas officialiser son union à cause de leur confession différente.
- Puis Haalim, leur fils, qui grandit entre Istanbul et la Bulgarie.

J'ai vraiment adoré Miriam et Ahmed, je les ai trouvé tellement beau ensemble face au reste du monde. Puis le petit Haalim m'a énormément touché par son courage des son plus jeune âge. C'est une histoire incroyable et je suis triste de refermer le livre car je n'ai pas envie de dire au revoir à cette famille.

J'ai beaucoup aimé la structure du récit, les chapitres courts racontés par les différents personnages, et entre deux, des interviews de l'auteur à ces personnages pour comprendre leurs décisions et choix.

La Bulgarie, la Grèce et la Turquie sont trois pays qui me font rêver et j'ai adoré le dépaysement et le voyage que m'a procuré cette lecture.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Quelle belle découverte que cette "Rhapsodie balkanique", écrite par l'auteure bulgare Maria Kassimova - Moisset.
L'histoire se passe à deux endroits différents : en Bulgarie et en Turquie , au début du XX siècle .
L'auteure, qui est la petite-fille du personnage principal reconstitue avec talent l'histoire de ses ancêtres.

Au centre du roman, il y a Myriam qui tombe amoureuse d'un homme qui n'est pas de la même religion qu'elle. La famille de Myriam ne veut pas de lui, et la jeune fille fait son choix. Il y aura Ahmed et la vie qui vont construire ensemble en laissant derrière eux la Bulgarie pour la Turquie.

Nous avons l'occasion de connaître les pensées d'une partie des membres de la famille, la mentalité de l'époque, la dureté des traditions, les superstitions, les conséquences de leurs actes. Il est difficile de comprendre l' attitude des gens face aux jeunes amoureux. L'auteure aussi essaye de comprendre et interroge ses ancêtres à travers des dialogues fictifs.

Un très beau premier roman porté par une belle plume. Il y a de belles descriptions. J'aime beaucoup cet extrait qui décrit Istanbul, comme si on y était : "Istanbul – cette dentelle de couleurs et de parfums ! Elle s'ouvrit à leurs pieds, se dissémina en une multitude de morceaux bigarrés, se répandit sous leurs yeux et les enchanta. Ils arpentaient les rues recouvertes de pavés inégaux, sous de fenêtres débordant de géraniums, parmi les boutiques aux baklavas dégoulinant de suavité, les fournils avec leurs fruits à coques grillés, pommes cuites et citrouilles délicieusement moelleuses, les murs de pierre aux belles portes dont les anneaux claquaient chaque fois qu'on les ouvrait et fermait."

Un livre émouvant qui m'a fait verser quelques larmes.
A lire !
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Un chant migratoire magistral !
« Rhapsodie Balkanique » est une épopée empreinte de ténacité et d'amour. La force qui bat sur les pages est à l'instar du linge lavé dans la rivière. On laisse nos mains naviguer dans le courant glacé.
Les destinées entrelacs, suivre subrepticement le chemin entre signe, sens, sourires et soupirs. La déambulation altière, l'étymologie comme un écho de ce qui ne s'oublie jamais.
Le tracé des vies dont les frontières assignent aux peines, aux difficultés, aux bouquets de tendresse et au lait frais gorgé de miel.
Ce chef-d'oeuvre est un mémorial. Une généalogie balkanique dont on aime d'emblée Miriam, bulgare, dans cette aube du XXe siècle. Enfant grandissante au fil des pages. Malicieuse petite, vaillante femme, fidèle à ses convictions. Ahmed, d'origine turque, celui qui deviendra son mari, son alter-ego, son frère des déroutes et des sublimes joies, pas maintenant, pas tout de suite. Ces jeunes gens qui feront de ce livre, la résurgence et l'incantation de l'exemplarité. Ce n'est pas une fiction fragile et inéluctable. Une saga dont le pictural serait chatoyant et aimable. Mais c'est la vérité, merveilleusement dépliée par Maria Kassimova-Moisset. Cette dernière conte sa grand-mère Miriam et son père. Entre les pages, elle prend la parole et remet d'équerre l'évènementiel et le dore avec notre contemporanéité. L'essentiel et le brûlant, le toucher et le regard. Même si le gris des jours est un manteau de pluie, cette rhapsodie est lumineuse, inoubliable et touchante. Theotitsa, la mère de Miriam-Miya, femme digne, souveraine, elle qui perd ses bébés dans l'orée des incertitudes. Une malle pleine de leurs petits habits, « Nikola.. . Stefann... Jivka... Blago et Mitko… Zlatina… Nevena… Atina… Kostadinn ».
Petite Miriam qui est si perspicace, qu'elle se devine chanceuse. Chanceuse d'être en vie, d'être douée de rêveries, de prémonitions. Elle, bercée entre deux langues, le grecque par sa mère, le bulgare par son père. le début de l'universel, de la concorde et des ses alliances. Miriam qui va tomber amoureuse éperdument d'Ahmed. « Et Miriam fut ».
Elle va pousser du pied les diktats, au libre-arbitre avéré, aimer Ahmed d'une autre confession, malgré le rejet de sa famille pétrie de conformisme.
« Et Ahmed, que tu vois là-bas, sous l'arbre, Ahmed, qui est d'une autre confession, quand il ouvre kes siens, j'y suis toute entière ! Je colle un morceau de vase cassé. Comme une bouchée de pain avalée. J'y retourne comme la dernière goutte d'eau dans une terre sèche. Je m'imprègne et pousse, crois et fleuris, donne des fruits et pourris. Je m'endors entre ses bras, je me rends. Je meurs et renais sans même savoir que la mort se sépare de la vie…Ça me suffit. Alors remonte dans ta barque, pêcheur, détache-la et pars, avant que je ne te garde dans ma mémoire, précisément ainsi et précisément ici – à me parler de foi quand je te parle de vie ! ».
Ahmed et Miriam vont affronter les affres. Garder la tête haute malgré les persiennes qui se ferment sur leur passage. Malgré les turbulences, le manque des siens, Miriam est une battante, celle qui veille sur l'antre et Ahmed. D'un logement à un autre, les regards lourds sur leurs âmes de lumière. L'itinérance pour loi. Ils sont égarés, seuls, dans l'effort d'une survivance, d'une assimilation. Pointé du doigt par ce siècle balkanique en proie au conformisme, au rejet de l'autre, l'étrange (er).
La Bulgarie est de poussières et de larmes. Ils vont s'enfuir. le radeau de Géricault surpasse les vagues intestines. le cosmopolite n'est pas. le livre n'est plus. Nous sommes au coeur même d'un hymne balkanique qui flotte au vent et pousse ses deux oisillons hors de ce pays qui méprise les contraires assemblés. Miriam ne renonce pas. Elle fuit vers un ailleurs, La Turquie. Ce sera Istanbul. Ces deux fils comme des promesses, le spartiate d'un logement. Ahmed formidablement battant, intègre et se veut barbier. Mimétisme.
Haalim, l'aîné qui mendie des petites pièces sur la marche de la mosquée, un peu de pain pour demain, l'emblème de l'arrachement à l'enfance. Jusqu'au jour de trop. Miriam et ses courages, sa loyauté pour arme. Son orgueil qui survole toute la haine des turcs pour elle, l'étrangère. La bannie de la famille d'Ahmed. Son combat est la quête du pain. L'effort jour et nuit pour vaincre la douleur du manque, l'écroulement des désirs. Ahmed qui… Taire la suite.
« Rhapsodie Balkanique » est phénoménal, inoubliable. La cartographie des Balkans, ce qui fut il y a un siècle, mais si proche de nous, que l'on sent cette terre sur notre peau. le sublime dans le quotidien. Ce livre est une ode à la vie. L'Histoire comme une lucidité radicale, sans compromis. L'auteure impliquée dans les respirations balkaniques, comme une renaissance des siens. C'est une oeuvre extraordinaire, poignante et attachante, filmique. Les vestiges bouleversants entre la Bulgarie et la Turquie.
Les miscellanées lèvent le voile sur les Balkans comme une apogée. Ce livre est une fenêtre sur le monde. Superbement traduit du bulgare par Marie Vrinat, ce livre est vivifiant.
Publié par les majeures Éditions des Syrtes.
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Quelle chance que ma première lecture du club soit ce roman déjà repéré chez Partice et Eva qui m'a fait découvrir billet de « je lis je blogue » ! Mes cinq coquillages parlent pour moi, oui, cette lecture m'a beaucoup touchée. La quatrième de couverture dit l'essentiel du récit sans pour autant dévoiler le roman. Une jeune femme, l'écrivaine, veut comprendre la vie de sa grand mère. Celle-ci sera victime de deux intolérances religieuses, celle de sa Bulgarie natale car elle tombe amoureuse d'Ahmed, un musulman, ce qui est intolérable pour sa mère grecque, ensuite à İstanbul, où elle a fui avec Ahmet qui hélas mourra de la tuberculose, elle sera considérée comme « la putain bulgare » et sera violemment rejetée de toute la famille musulmane.

L'intérêt du livre, c'est le soin que porte l'écrivaine pour cerner chaque membre de sa famille, elle leur donne la parole chacun à leur tour et se dessine alors devant nous une famille qui ne pouvait pas évoluer en 1924. (Je me suis demandée ce qui se serait passé en France à la même date ?) . L'arrière grand-mère Theotitsa, est une femmes malheureuse d'avoir vu mourir cinq de ses enfants et seule la religion lui apporte un peu de consolation.

Miriam la grand-mère de l'autrice est une jeune femme que rien n'arrête et qui va vivre intensément son amour pour Ahmed elle aura deux enfants dont Haalim le père de Maria l'écrivaine.

Voilà vous avez toute la famille ou presque, je n'oublie pas ce qui m'a procuré le petit plus qui met ce roman dans « mes préférences », ce sont les dialogues que mène Maria Kassimova-Moisset avec tous les membres de sa descendance. Je fais ça parfois avec les miens, je leur parle souvent mais ils me répondent avec moins de talent. Ces dialogues permettent de mieux comprendre les questions restées sans réponse de la petite fille descendante d'une famille si complexe.

La description de la Bulgarie de cette époque est très vivante, on s'attache aux personnalités des différents protagonistes de cette histoire, ou on les rejette . La vie à Istanbul est différente car la ville est immense et Ahmet et Maria y cherchait surtout de quoi cacher leur amour, heureusement pour eux une voisine les aidera à élever leur enfant. Elle arrête son roman sur le bateau du retour vers la Bulgarie, j'aurais aimé savoir comment cette femme a réussi à faire sa vie ensuite.

J'ai été très surprise par la fin, que je vous laisse découvrir (évidemment !) car je vous connais trop bien, vous les anti-divulgâcheuses !


Lien : https://luocine.fr/?p=17228
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Bulgarie, début du XX siècle, Miriam, jeune femme indépendante, un peu fantasque, un peu sorcière aime Ahmed envers et contre tout. Elle décide de vivre avec lui quitte à en payer le prix fort.

Miriam doit se battre pour garder sa liberté à chaque instant de sa vie. Mais dans une société pétrie de traditions et de superstitions , cet amour entre Miriam et Ahmed n'est guère toléré.

Cette histoire est celle de la grand-mère de l'autrice. Autrice qui intervient dans le récit à travers des dialogues qui interpellent et questionnent.

Cet amour entre une chrétienne orthodoxe et un musulman ne fait pas l'unanimité et Miriam se retrouve bannie par les siens.

Ainsi le jeune couple part s'installer en Turquie mais leurs différences religieuses posent problèmes.

Ce récit est magistral, inoubliable. Une histoire si proche et si lointaine mais qui résonne encore fortement en moi après avoir lu la dernière page. Il faut le lire car il traite des questions d'intolérance, de différences surtout lorsque l'on fait fit des carcans traditionnels. Des questions toujours aussi présentes aujourd'hui.

C'est aussi l'histoire d'une émancipation féminine où l'espoir règne à travers l'épopée de personnages magnifiques.

Je vous invite à le lire de toute urgence.

Merci pour ce SP numérique offert par
@mona_irimia & @editions.syrtes

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Voici une histoire remarquablement écrite, qui se lit comme on écouterait une chanson douce. Pour évoquer le destin de sa grand-mère paternelle, non dénué de difficultés matérielles et sociales, l'auteur a mis en oeuvre une langue pleine de poésie et d'humour qui m'a charmée de bout en bout.
L'intérêt tient aussi à la forme du récit. Les chapitres dans lesquels le narrateur est tour à tour l'un des personnages sont entrecoupés de ce qu'elle nomme des "discussions de l'auteur" avec l'un ou l'autre de ces mêmes protagonistes. Ces discussions se présentent comme le seraient les compte-rendus d'entretiens menés dans le cadre d'une enquête scientifique.
Cependant, il s'agit bien ici de littérature et d'imagination : les interlocuteurs étant tous décédés, les dialogues (retranscrits en italique pour mieux les identifier) ne sont que des conversations imaginaires qui se déroulent dans la tête de l'auteur réclamant à ses ancêtres les explications et les justifications qui n'ont pas été données du temps de leur vivant.
J'ai mis du temps à lire ce récit. Au départ, j'avais envie de connaître la fin de l'histoire avant d'avoir commencé et je trouvais le rythme trop lent. Après une longue pause, j'ai repris la lecture et je suis entrée dans l'univers de l'auteur jusqu'à, dans les dernières pages, ne plus avoir envie de le quitter.
J'aimerais connaître la suite, savoir ce qui est arrivé après ce voyage de retour, comment la grand-mère est-elle devenue la "boulangère" de Bourgas à qui est dédiée le livre, ou encore ce qu'il est advenu du cadet qui pleurait autant.
Ou s'il n'y a pas de suite, j'aimerais pourvoir entrer en discussion avec l'auteure pour lui demander des compte moi-aussi !
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Rhapsodie balkanique par la grâce de son écriture élève le singulier au rang de symbole, faisant de ce drame intime l'écho de notre quête inassouvie de liberté. C'est assurément l'un des plus beaux premiers romans de cette rentrée littéraire que je conseille. Un vrai coup de coeur, une auteure à suivre.
Lien : https://marenostrum.pm/maria..
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