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Marie Vrinat (Traducteur)
EAN : 9782940701629
224 pages
Editions des Syrtes (22/08/2023)
4.11/5   33 notes
Résumé :
Bulgarie au début du XXe siècle, une société pétrie de préjugés religieux, de superstitions et de normes morales. Myriam, jeune fille indépendante, fière et obstinée, tombe amoureuse d'Ahmed, le Turc. Elle brave le refus de ses parents de la voir épouser un musulman, décide de vivre avec lui, puis de le suivre à Istanbul. Mais le destin s'acharne et afin de survivre, un impossible choix se pose devant elle.
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Une chronique familiale située à Bourgas en Bulgarie et à Istanbul en Turquie kémaliste pendant la première moitié du siècle dernier.

C'est à Bourgas, une ville côtière de la mer Noire à 385 kilomètres à l'est de la capitale bulgare et à 333 kilomètres au nord d'Istanbul, qu'est née le 11 novembre 1909, Miriam, l'héroïne de cette saga et la grand-mère de l'auteure. Elle est la dixième enfant d'un couple simple Todor et Theotitsa qui ont déjà perdu 8 enfants.

Comme môme, Miriam se montre un caractère indépendant, une nature à la limite de l'effronterie, ambitieuse et cependant plein de bonne volonté et de tendresse pour sa jeune soeur Mila, de 8 ans sa cadette.

Lorsque adolescente Miriam tombe amoureuse du marchand de glace, Ahmed, un musulman, la situation devient pénible à la maison. Une alliance entre une chrétienne orthodoxe et un musulman est tout à fait taboue dans ces contrées à cette époque. Dans la rue, elle se fait traiter de putain et ses parents la rejettent.

En 1931, le jeune couple, face à l'hostilité générale, décide de tenter ses chances dans la métropole d'Istanbul. Là aussi, leurs différences religieuses posent des problèmes, mais ils réussissent néanmoins à trouver des boulots et un logement.

En 1934 naît leur fils Haalim, le père de Maria Kassimova-Moisset.

Avec cette naissance, j'arrête mon résumé, pour ne pas gêner les futures lectrices et lecteurs, tout en soulignant que pour Miriam et le nouveau-né l'histoire est loin d'être terminée, bien au contraire....

"Balkanska Rapsodia" est paru en 2018 en Bulgarie et la traduction française par Marie Vrinat est sortie en août 2023 et compte 261 pages.
Il s'agit du premier roman de la journaliste franco-bulgare et j'espère que ce ne soit pas son dernier.

Pour votre information, je signale que sur la photo de couverture de 1929, Miriam est la première jeune femme à gauche.

Je voudrais aussi attirer votre attention sur une intéressante entrevue de Marie Charrel avec l'auteure dans le journal le Monde du 25 août dernier.

J'ai beaucoup aimé ce livre pour son contexte historique et géographique, que nous ne connaissons que très superficiellement, la description des conséquences d'un fanatisme et d'une intolérance religieuse, ainsi que la dramatique marginalisation des esprits libres.

Les personnages de Miriam et du petit Haalim sont touchants et authentiques.

Comme extra, Maria Kassimova-Moisset vous permet d'apprendre quelques mots et expressions en langues bulgare, grecque et turque.
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Rhapsodie Balkanique nous entraîne dans la Bulgarie du début du vingtième siècle. Tel un chant, cette rhapsodie retrace l'histoire de deux êtres, l'une est Bulgare : Miriam, l'autre est turc: Ahmed.
Ils se rencontrent à Burgas,une ville en Bulgarie située sur les rives de la mer Noire . Ils s'aiment passionnément ,et décident de vivre ensemble.
Mais si la religion pour chacun n'est qu'une ombre dans leur vie, elle détermine le code social. Chacun doit rester avec les siens C'est ce que lui a enseigné sa mère qui rejette sa fille pourtant tant aimée.
Miriam et Ahmed s'enfuient à Istanbul, la ville des Balkans par excellence, celle des odeurs de cannelle et des épices.
Mais leur rêve se brise là encore, Miriam se retrouve seule avec deux enfants, Ahmed meurt très jeune.
Maria Kassimova -Moisset nous raconte l'histoire véritable de sa grand-mère et tente de briser les tabous que sa grand-mère et son père ont rencontrés.
Un bel hommage est rendu à la tolérance, mais les carcans, les préjugés, hélas dominent la vie de cette époque
J'ai voyagé en Bulgarie, à Varna, station balnéaire de la mer Noire et c'est pourquoi j'ai eu envie de lire un auteur bulgare.
Une voix des Balkans qui gagne à être connue




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Au coeur de ce roman des origines, nous découvrons une famille bulgare dont l'héroïne est Miriam, la grand-mère de la narratrice. En ce début de XXe S, la famille mène une vie paisible et modeste à Bourgos, petite ville sur la côte de la Mer Noire.
Miriam est une enfant vive et indocile, que certains considèrent comme un peu sorcière parce qu'elle a été conçue la nuit où la mer a gelé et parce que sa mère est grecque donc étrangère.
Mère et fille ont des intuitions et ce don les rapproche, même si Theotitsa s'inquiète très vite de l'indépendance de sa fille.

Maria Kassimova- Moisset dresse de beaux portraits de cette famille : Miriam joyeuse et forte, Mila, la petite soeur craintive, Theotitsa la mère qui garde dans un coffre les souvenirs de ses enfants morts et Todor, l'épicier amoureux de son épouse.
Le jour où Miriam, chrétienne orthodoxe, s'éprend d'Ahmed, de confession musulmane,  l'harmonie de cette famille sera détruite et le couple rejeté. Miriam devient aux yeux des autres " la putain turque".

Dans la Bulgarie du début du XXe siècle, de telles unions sont impensables. Les insultes pleuvent sur les épaules des amants, qui ne trouvent personne pour les marier ni pour les loger.
" Ils faisaient l'objet des commentaires de voisins, maîtresses de maison, vendeurs, pêcheurs, artisans, domestiques dans des maisons riches, administrateurs, employés de bureau, journalistes. On parlait de leur amour pécheur dans toutes les langues locales – bulgare, turc, arménien, grec, hébreu. Theotitsa ne sortait quasiment plus de chez elle – la lame de fond de cet intérêt malsain était au-dessus de ses forces."

La Bulgarie connaît alors un repli identitaire et des tensions nationalistes, et les couples mixtes ne sont pas tolérés. Si Miriam manifeste son indépendance sans faiblir et assume sa décision, le couple sera contraint de partir à Istanbul pour prendre un nouveau départ et fonder un foyer. La naissance des deux enfants ne pourra conjurer l'acharnement du sort qui poursuit cette famille hors-normes.
On découvre un destin de femme brisée par les épreuves. La jeune fille courageuse, libre et pleine de vie étouffe peu à peu jusqu'à commettre un acte douloureux.

Cette société corsetée par des préjugés religieux et culturels est par ailleurs imprégnée de superstitions. Comme c'est souvent le cas, les femmes sont les premières victimes de ces traditions ancestrales.
De nombreux archaismes patriarcaux perdurent à propos du corps des femmes, comme ces nombreux interdits et croyances concernant la menstruation. Les conseils maternels de Theotitsa ne font qu'entraver plus encore le désir d'émancipation de Miriam.
"Tes mains trouveront une toile de coton de Tsarigrad ….. Plie le comme un fichu pour la tête. Rentre d'abord le bout pointu pour que tu ne sois pas terrassée par la douleur lorsque le sang viendra. Plie-le lentement – pour que tu ne souffres pas lorsque tu enfanteras un jour. Plie les deux bouts vers le milieu mais sans que l'un recouvre l'autre, pour que tes enfants ne se haïssent pas mutuellement. Appuie dessus avec tes mains, mais pas trop fort – pour que ça vienne autant d'années qu'il t'est imparti, tu ne vas pas verser du sang lorsque tu seras grand-mère, hein ! "

La narratrice intervient à plusieurs reprises dans le texte, en imaginant des dialogues avec ses ancêtres soit pour mieux comprendre les situations mais aussi pour demander des comptes. Ces incursions sont très bien maîtrisées et n'altèrent pas le rythme du roman, mais elles se révèlent parfois d'une grande violence.
En adressant des accusations à son arrière grand-mère ou à sa grand-mère, elle dénonce avec une virulence toute singulière les erreurs commises au nom de la bienséance et de l'intolérance.

En se plongeant dans le passé malheureux de sa famille, Maria Kassimova-Moisset renvoie à la persistance des fractures ethniques et religieuses dans les Balkans contemporains. Lire ce roman comme une mise en garde face à la menace des mouvements nationalistes peut générer une grille de lecture tout à fait pertinente.
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Miriam, dite Miya, est une jeune fille vive, joyeuse, pétillante , qui a gardé en elle la magie qui emplissait l'air la nuit où elle a été conçue, un soir de tempête. Ahmed, le limonadier, est un jeune orphelin souriant, généreux et sage, qui a en lui toute la malice nécessaire pour avancer jour après jour, le front haut et le dos droit. Quand ils se rencontrent, sur une petite place de Bourgas en Bulgarie, ils sont loin d'imaginer les obstacles, les épreuves, les sacrifices et les peines qu'ils devront affronter pour que leur amour triomphe…

Rhapsodie balkanique est le premier roman de Maria Kassimova-Moisset. Il porte si parfaitement son nom que les chants bulgares et turques résonnent encore à nos oreilles une fois la dernière page tournée.

Ce roman est tout autant une histoire d'amour, pour un homme, pour une terre, pour un idéal, que celle de l'intolérance et des carcans rigides et froids qui règnent sur le monde.

Miriam porte en elle la lumière, même si parfois elle vacille, elle brille pour son foyer. Elle a le courage des femmes amoureuses, le dévotion des mères attentionnées et l'enthousiasme des êtres qui cherchent le beau dans toutes choses. Pourtant, le sort s'acharne et les choix qu'elle doit faire sont souvent difficiles.

Rhapsodie balkanique est le premier roman d'une auteure prometteuse. Même si j'y ai parfois trouvé quelques longueurs, le rythme du récit est soutenu, les personnages attachants, dans leurs qualités comme dans leurs défauts et la langue est chantante. C'est une belle histoire de vie, chahutée et cabossée, mais où l'espoir d'un ailleurs meilleur ne s'enfuit jamais…

Merci aux éditions des Syrtes pour l'envoi numérique et leur confiance.
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Maria Kassimova -Moisset nous entraîne en Bulgarie et en Turquie au début du vingtième siècle.
L'auteur nous raconte l'histoire de sa grand-mère Miriam au destin atypique car elle va vivre une bouleversante histoire d'amour , toute jeune , elle tombe amoureuse d'un jeune turc , Ahmed de confession musulmane .
Le jeune couple va défier le monde entier pour vivre leur histoire d'amour semée d'embûches , Miriam étant elle une chrétienne orthodoxe .
J'ai beaucoup aimé cette chronique des Balkans , ce récit d'un amour qui défie les conventions , la forte personnalité de Miriam qui bravera les interdits , les deux communautés ne se mélangent pas , c'est comme ça depuis toujours .
Merci à Babelio pour ce roman reçu lors d'une opération masse critique et merci également aux éditions Des Syrtes .
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critiques presse (1)
LeMonde
28 août 2023
L’écrivaine livre le beau récit d’une émancipation impossible, au début du XXᵉ siècle, entre Bulgarie et Turquie.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Theotitsa souriait rarement. Au cours des quinze années depuis lesquelles Miriam la connaissait en tant que sa mère, sa bouche s'était étirée deux fois en quelque chose qui ressemblait à un sourire. La première fois, lorsque son père, Todor, avait acheté l'épicerie. La seconde fois, quand ses frères, Pentcho et Boris, avaient secoué le poirier du voisin pour prendre les fruits. Le chien de ce dernier les avait pourchassés si farouchement que, pour finir, ils avaient fait un crochet par la cour de l'église et avaient sauté pour se cacher dans la tombe vide fraîchement creusée pour la mère de Vassiliko, la femme du pope, qui venait de mourir.
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Elle préférait considérer le fiel des gens comme un trait incorrigible du caractère humain, qui ne pouvait vous atteindre que si vous croyiez en son pouvoir.
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– Dans ce cas, pourquoi tu converse avec moi ?

– Parce que tu es mon arrière grand-mère. Et parce que j’aimerais savoir comment tu as pu maudire Miri… ma grand-mère. Et mon père en même temps.
– Écoute, je n’ai l’intention ni de m’expliquer ni de me justifier. Elle se l’est infligé à elle-même. C’était une enfant diabolique, elle est née comme ça. Je le voyais dans ses dessins -tout y était, dessiné par elle. Toi aussi, tu y étais- assise en train d’écrire cette histoire. En train de parler avec moi, ça aussi, ça y était.
– Donc ça, maintenant notre conversation à toutes les deux, c’est…diabolique, c’est ça ?
– Ben oui, diabolique. Tu es bien sa petite fille -tu portes en toi sa diablerie. Tu es la même -une mécréante..
– Donc je porte aussi son péché.
– Oui. Je le vois – il est installé sur ton épaule, avec ma malédiction.
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Sa mère étend le linge. Le chignon gris noué à la hâte s'est relâché, et une épingle est suspendue à un cheveu au dessus de sa poitrine, comme un pendu. Les vêtements sont recroquevillés comme des chatons dans sa bassine ; elle en soulève un, le secoue et des milliers de gouttelettes volettent alentour. Theotitsa accroche par les épaules la chemise de Todor avec des pinces. Elle tend les manches avec ses mains, puis les laisse retomber. Elle n'étend jamais un vêtement la tête en bas. Elle dit que, sinon, on condamne celui qui va le porter à ce que tout aille mal pour lui.
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La peur n’a pas d’âge. Que tu aies cinq ans ou quarante-cinq ans, ça revient au même – ce qui fait peur fait peur et l’on n’apprend pas à l’ignorer. Des gens à ce point braves, ça n’existe pas, rappelle -toi ce que je te dis là. Les braves, ce ne sont pas ceux qui n’ont pas peur, mais ceux qui agissent malgré la peur.
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Vidéo de Maria Kassimova-Moisset
Maria Kassimova-Moisset vous présente son ouvrage "Rhapsodie balkanique" aux éditions des Syrtes.
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Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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