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Critique de Entournantlespages


Après avoir lu divers avis quelque peu mitigés sur ce one-shot fantasy, je dois dire que j'ai été assez frileuse à l'idée de le commencer. Qu'est-ce qui diffère des aventures épiques dans le Puits des mémoires et dans Aeternia ? La différence flagrante avec La Maîtresse de guerre est bien que le personnage principal est une femme, plus que ça, une guerrière. Fille d'un maître d'armes, elle ne peut pourtant pas hériter de son statut dû à sa condition de femme. Mais ce n'est pas le genre de choses qui va arrêter Kaelyn. À défaut d'avoir un maître pour lui enseigner le combat et le maniement des armes, elle compte apprendre en autodidacte avant de s'enrôler dans l'armée des Libérateurs. Issue du royaume du Nord, Kaelyn connaît bien la réputation désastreuse d'Azman, sultanat du Sud où règne en maître le commerce des esclaves. Sauvage, cannibale, sans honneur, ce peuple doit être assiégé afin de lui faire cesser le commerce d'êtres humains. Kaelyn s'embarque alors dans cette aventure où elle compte bien en découdre avec l'ennemi. Malheureusement, dès son premier jour, la jeune femme devient prisonnière de guerre. Choisissant de ne pas la tuer, le maître de guerre à Damnas, capitale d'Azman, décide sans grand intérêt de la ramener avec lui au sein de sa luxueuse demeure pour faire de Kaelyn une de ses esclaves. Aux cuisines, celle-ci découvre alors peu à peu la vie au sein de ce peuple et comprend que tout ce qu'on lui a inculqué est loin d'être la vérité. Et alors que l'armée des Libérateurs continue à gagner du terrain, rasant des villages entiers sur les terres du sud, Kaelyn devra bientôt faire face à un choix qui va être fondamental pour la suite de son existence.

En effet, la jeune guerrière va rapidement pouvoir faire ses preuves et son statut d'esclave va être transformé en celui d'apprenti au côté de son ancien maître, Hadrian. Commence alors à naître une romance au sein de l'intrigue amenée assez rapidement dans le roman. Est-ce parce que nous faisons face à une femme qu'il faut obligatoirement mettre en place des intrigues amoureuses qui détermineront le futur de l'héroïne ? Pourquoi la femme ne pourrait-elle pas se trouver sans la protection ou l'amour d'un homme ? Ce point a particulièrement dérangé nombre de lecteurs et avec la suite du roman, je n'ai pu que partager partiellement leur avis. Parce que Kaelyn est forte, combative, têtue, courageuse. Elle a de la répartie, une hargne qui l'aide à survivre mais aussi…une incroyable beauté. Et le plus souvent, c'est ce que la plupart des personnages vont seulement voir en elle. Cette beauté va l'aider à se sortir de mauvais pas, à former des alliances mais aussi à créer des tensions parce qu'apparemment, aucun homme ne peut rester indifférent à son charme. Sa force incroyable ne lui suffisait pas ? Il fallait qu'elle puisse jouer sur tous les tableaux ? Sa relation avec Hadrien m'a quelquefois dérangé également, surtout vers le dernier quart du roman. La tension entre eux est palpable et même si le jeu du chat et de la souris ne dure que très peu de temps, j'ai apprécié leur complicité. Mais, par la suite, on ne peut que se rendre compte d'une chose : Kaelyn est beaucoup trop dépendante d'Hadrian. Décrite comme une combattante avant même son arrivée aux portes d'Azman, Kaelyn semble cependant avoir tout appris avec son mentor. Elle ne réfléchit et agit qu'à travers lui alors qu'Hadrien tente de lui apprendre à faire la part des choses et à s'en sortir par ses propres moyens.

Kaelyn est certes une femme forte, mais elle a toujours besoin de l'appui de cet homme pour prouver sa valeur. En dehors de ce point très important dans l'appréciation de cette histoire, les autres côtés de l'intrigue sont plus appréciables. Beaucoup de personnages évoluent au sein de Damnas, issus de classes sociales très différentes, et il est intéressant de découvrir le point de vue et la vie des deux camps, comme celui des riches et des plus pauvres de la capitale. Azman se situe dans le même univers que le Puits des mémoires et d'Aeternia mais même si les quelques références présentes à propos de Woltan et Kyrenia ne m'ont pas donné l'impression d'évoluer dans le même univers. Dans des décors qui paraissent plus orientales, l'auteur s'attache à créer un royaume plus oisif et riche en ornements et festivités, ce qui est loin de m'avoir déplu. Quelques facilités se font ressentir dans l'intrigue, particulièrement au niveau des décisions militaires et le plan de Fenia, l'épouse d'Hadrian, m'a paru quelque peu tiré par les cheveux. Les raisons de sa colère paraissent minimes face aux actions ahurissantes perpétrées pour les venger. Gabriel Katz est néanmoins toujours doué pour développer son récit mêlant action et politique. Les différentes communautés sont distinctes et il est intéressant de découvrir celle des Waeg, forces brutales, sauvages et difficiles à contrôler. Je suis plutôt contente de cette lecture même si je l'ai trouvé en dessous de ces deux autres sagas davantage reconnus à juste titre. Prendre une héroïne dans un univers dominé par les hommes était une très bonne idée mais il aurait fallu que celle-ci puisse réellement voler de ses propres ailes sans attendre continuellement l'aval de son mentor.
Lien : https://entournantlespages.w..
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