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Critique de SZRAMOWO


Le troisième indic d'Alexandre Kaufman, reçu à l'occasion de la dernière opération masse critique (Merci Babelio, Merci Flammarion), se lit d'une seule traite.
Une écriture simple et facile provoque une empathie naturelle pour le narrateur, qui dans le récit est Francis d'Auxerre, un supposé compagnon de cellule de Lakhdar, l'un des "tontons" qu'il fréquente lors de son immersion dans le milieu des indicateurs de police.
Le récit d'Alexandre Kaufmann relate l'expérience qu'il a mené entre avril 2018 et mai 2019 avec l'aide du Commandant Z., Christophe, et du commissaire Paul, un ami dingue de luttérature et de vélo.
Les aventures du journaliste se déroulent dans des bistrots du 19ème, du 20ème, porte de la Chapelle, porte de Champerret, et d'autres endroits parisiens que les journalistes qualifient "d'abandonnés de la République"...
Ayoub le Lybien, Lakhdar le Marocain, et Zofia l'Algérienne, sont devenus les compagnons du quotidien d'Alexandre Kaufmann lors de son enquête.
Vous pourrez lire dans le Monde du 24 septembre, un récit assez précis publié à l'occasion de la sortie du livre :
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/24/tontons-cousins-ou-balances-les-indics-se-mettent-a-table_6012764_3224.html
Le récit n'est pas sans rappeler le film le Cousin d'Alain Corneau, sorti en 1997, avec Alain Chabat et Patrick Timsit.
La lecture du Troisième Indic confirme ce que l'on connait déjà sur le monde des indicateurs et ses dérives.
Pour resituer la problématique des informateurs de police, l'auteur invoque "Antoine de Sartine, lieutenant général de police sous Louis XV, qui demandait aux professeurs de morale "Citez moi des honnêtes gens qui pourraient faire ce métier." Voire...
Les références à la Charte du Traitement des Informateurs (CTI) datant de 2004, rappellent que le "métier" d'indicateur est dorénavant encadré et rémunéré. Les informateurs de Police sont enregistrés au Bureau Central des Sources (BCS) qui en compte 2.000 à ce jour.
Chaque titre de chapitre est un extrait d'un article de la CTI et le propos de l'auteur est de montrer le décalage entre cette charte et la pratique des officiers de police judiciaire.
L'utilisation des Tontons, a par exemple souvent pour objet d'amener les contrevenants potentiels à commettre une infraction afin de caractériser le flagrant délit qui permettra de les interpeller...Par ailleurs, les Tontons jouent sur plusieurs tableaux en travaillant pour différents officiers dont les services ne communiquent pas entre eux...
Le récit est constitué d'autant de "preuves" que le monde des Tontons évolue sur la crête entre l'ombre et la lumière.
L'auteur éprouve une certaine compassion pour ces compagnons ephémères, "En dépit des apparences, son métier exige aussi une forme de tact." mais il reste le personnage central de l'histoire :
"La cheffe de groupe m'a instinctivement associé au monde de Lamine. L'héroïne, les armes, les berlines. Francis d'Auxerre est donc capables de faire illusion aux yeux d'une enquêtreic de la police judiciaire. Je pourrais savourer ma victoire si ma couverture n'était déjà déchirée : le Lybien a donné mon vrai nom à un trafiquant de pistolets-mitrailleurs."
"Sonné par l'effet de la cocaïne, je ne suis plus que l'écho de moi-même."
"Sans m'en apercevoir , je me suis laissé rattrapper par d'anciennes obsessions ; ces fictions romantiques qui me conduisaient autrefois aux quatre coins de la planète (...)"
Alexandre rappelle qu'il est le fils de Jean-Paul otage au Liban dans les années 1980 : "Je tiens sûrement ce protocole de mon enfance. de la perte provisioire de mon père. de ce chaos Libanais qui s'est invité dans ma chambre alors que je n'avais pas encore dix ans."
Un livre intéressant malgré ses défauts notamment en raison du style de l'écriture et de la sympathie que l'on ressent pour le narrateur jouant vrai en partageant la totalité de ses sentiments au cours de cette enquêt qui a pris une année de sa vie.
"Une fois de plus, ma volonté d'épater la galerIe m'a joué des tours." avoue-t-il avec sincérité.
La conclusion appartient au commandant Z. qui déclare à Kaufmann
"Tu sais avec les Tontons, on ne sait pas trop à quoi s'attendre (...)"
Un livre intéressant, plein d'humanité qui laisse toutefois une impression d'inachevé ou d'inabouti.



Lien : https://camalonga.wordpress...
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