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Critique de itculture


En 2018 avant d'écrire ce livre, Grégoire, 50 ans aujourd'hui et historien -fils de Jean-Paul- désirait avant tout répertorier et classer tous les documents du comité de soutien à son père avec l'aide de Yann Potin, son ami archiviste. Remisés dans une malle, il s'est alors pris de trouble lors de leur exhumation, et c'est ainsi qu'il décide d'en livrer un témoignage écrit, interrogeant ses souvenirs associés aux nombreux articles présents, archives de l'INA et notes personnelles de sa mère. C'est le récit de 3 années, pour lui et son frère Alexandre, cadet de 2 ans, d'une aventure à la fois douloureuse, mais pleine de rebondissements, qui les ont fait passer de l'enfance heureuse et insouciante à une préadolescence bouleversée. Malgré tout protégés par le soutien d'une mère responsable, cette mère, Joëlle Brunerie-Kauffman, qui se mit en totale disponibilité pour créer, entretenir et porter le combat jusqu'à la libération de son mari, le père de ses enfants. Enlevé à Beyrouth par un commando du Jihad islamique téléguidé par le Hezbollah libanais, sous l'influence de l'Iran (pour l'affaire Eurodif), Jean-Paul, otage au Liban de 1985 à 1988 est le sujet constitutif du document, or, il n'y apparaît qu'en filigrane.
À l'enlèvement de son père, Grégoire a 11 ans. Dans la narration, il revient sur les 3 années qui suivent l'enlèvement, mêlant ses souvenirs d'enfant et de préadolescent à son analyse d'historien. Certains anecdotiques, cependant médiatisés : la disparition de Philippe de Dieuleveult au Zaïre (la chasse au trésor), l'emballage du pont neuf par Christo, et d'autres plus personnels : son entrée pistonnée (puis celle de son frère), à Henri IV. Mauvais élève, il dit « C'était impossible qu'on aille bien ». N'est jamais éthique le comportement des journaux à sensation : Paris Match, quand il s'agit du vol et de la diffusion de clichés familiaux intimes ! Plus politique, il s'attaque à l'ombre portée de Mitterrand, Roland Dumas, dénué d'empathie, voire même de respect envers les proches. Mais il y eut les soutiens actifs des pairs dont L'évènement du jeudi et JF Khan, celui du Journal télévisé de 20 heures sur Antenne 2 où chaque soir était rappelé le nom des otages. Il y eut la présence agissante des amis, de la famille et la combativité inépuisable de Joëlle. de par son activisme, son mari était devenu un « diamant ». Wahid Gorgji, alors diplomate d'Iran lui aurait déclaré : « Vous avez eu tort. Votre mari, c'était personne, on pouvait l'échanger contre un plat de lentilles. Maintenant, vous en avez fait un diamant et c'est plus cher ».
Entre 1985 et 1987 à Paris, le Hezbollah libanais multipliera les attentats meurtriers, ce qui ne fait qu'intensifier la tension chez les familles d'otages, car le nombre a augmenté : Jean-Louis Normandin, Philippe Rochot, Aurel Cornéa, Georges Ancel, puis Camille Sontag et enfin Roger Auque (journalistes), s'ajouteront aux précédents : Jean-Paul Kauffman, Michel Seurat (sociologue, mort en 1986), Marcel Carton et Marcel Fontaine (diplomates).
C'est aussi la période de cohabitation Mitterrand-Chirac et l'entre-deux tours de l'élection présidentielle de 1988. Qui de la droite (Pasqua-Marchiani) ou de la gauche (Védrine-Dumas), a le plus manigancé par intérêt politicien pour aboutir à la libération de chacun ?
Car l'histoire n'a pas encore livré tous ses secrets, archives verrouillées à l'historien G. Kauffman. Il y a une immense opacité sur les contreparties qui ont été exigées pour la libération des otages, souligne Grégoire Kauffmann. La France a négocié avec l'Iran, mais on ne sait pas exactement sur quoi elle a transigé.
Fin heureuse du sinistre feuilleton le 4 mai 1988. Fin de la commémoration festive du retour le 4 mai 2018, manifestation célébrée par les otages, les amis, voire même Jean-Charles Marchiani, reçu comme un membre de la « famille » !

Lien : https://www.babelio.com/conf..
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