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Critique de andras


Après "La chambre noire de Longwood" qui nous avait emmené à Sainte-Hélène à la découverte de la dernière demeure de Napoléon, Jean-Paul Kauffmann nous transporte cette fois en Prusse orientale, sur les lieux d'un autre moment clé de la "geste" napoléonienne, la bataille d'Eylau qui s'est déroulée le 7 et 8 février 1807 et qui fut une hécatombe aussi bien du côté français (5000 morts, 24000 blessés) que du côté russe (7 à 9000 morts, 20000 blessés). Les deux belligérants revendiquèrent la victoire. Napoléon le fit par un laconique "La victoire nous est restée".

Preussisch-Eylau s'appelle aujourd'hui Bagrationovsk et fait partie de l'oblast de Kaliningrad, un territoire grand comme l'Ile de France coincé entre la Lituanie et la Pologne, qui fut concédé à l'Union Soviétique en 1945. le territoire est toujours russe, bien qu'éloigné du territoire de la mère partie de plusieurs centaines de kilomètres. Sa capitale, Kaliningrad, au bord de la mer Baltique, s'appelait autrefois Königsberg, berceau de la Prusse et lieu de résidence, toute sa vie durant, du philosophe Emmanuel Kant. JP Kauffmann choisit de se rendre dans ce territoire avec sa femme Joëlle et leurs deux enfants à l'occasion de la célébration du bicentenaire de la bataille, en février 2007. le livre est le récit de ce voyage, à la recherche des traces réelles ou imaginaires laissées par la bataille. Deux oeuvres artistiques sont omniprésentes dans ce récit : d'une part le roman De Balzac "Le colonel Chabert" (le retour chez lui à Paris d'un colonel de la Grande Armée, dix ans après avoir été laissé pour mort sur le champ de bataille d'Eylau) et d'autre part le tableau de Gros, visible au Louvre, intitulé "Le cimetière d'Eylau" qui représente Napoléon avec quelques uns de ses généraux le lendemain de la bataille.

Le livre est un savant et savoureux mélange entre péripéties de la bataille, notes biographiques, indications historiques et géographiques et petits évènements et rencontres qui émaillent le voyage familial. C'est tout l'art de l'auteur de nous montrer comment le passé peut irriguer et nourrir le présent, comment patience et opiniâtreté peuvent faire que le temps perdu soit un jour retrouvé. Mais la mésaventure de Chabert nous montre aussi que le passé peut être interdit de cité, condamné par l'oubli et la malveillance à demeurer à jamais refoulé. Une superbe leçon d'histoire, de philosophie et, par dessus tout, de littérature.
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