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Critique de Anjali84


Notre société compte de plus en plus de célibataires, et pas uniquement la nôtre, le mouvement semblant se déployer en même temps que le développement socio-économique des populations.
Témoin averti des signes de notre temps, des mouvements du couple, des hommes et femmes de la France contemporaine, le sociologue Jean-Claude Kaufmann revoit en 2006 son essai autour du célibat féminin.

Mais ainsi qu'il l'affirme dans la préface, peu d'éléments ont changé en une quasi-décennie, si ce n'est l'arrivée d'Internet sur le marché de la rencontre, la mondialisation des échanges qui s'en est ensuivie ainsi que le célibat devenu phénomène de mode (nous sommes à l'époque de Sex and the city). Si les manifestations de la vie en solo sont quelque peu différentes, le ressenti demeure pourtant identique.

Divisé en trois parties, la Femme seule et le prince charmant jette un éclairage nouveau sur le célibat que connaissent de plus en plus de femmes entre 20 et 50 ans. Jean-Claude Kaufmann l'inscrit dans une perspective socio-historique. Loin d'être simplement un choix ou une caractéristique de "vieille fille" inadaptée au modèle communément admis, il est le fruit d'une dynamique sociale, incitant la femme à se libérer, à retarder l'entrée dans un moule désormais vécu comme archaïque et, plus largement, de l'individualisation de la société.

Mais prises dans ce flux, les femmes en solo n'ont pas conscience des mouvements à l'oeuvre. le sociologue brosse leur portrait, à partir de témoignages écrits, dans toute sa complexité. Il nomme cela la "vie en deux". Etre célibataire apporte tour à tour joie de vivre en toute indépendance, légèreté, richesse sociale (qu'envient bien souvent les femmes en couple installé), et "solitude noire", découragement et repli sur soi. Renier la réalisation de soi et la liberté du célibat pour une stabilité et une vie plus sereine (la triade mari-maison-bébé) se révèle très problématique.

La figure du Prince, qui occupe les pensées et les rêves, devient polymorphe. Il doit être parfois celui des contes, l'homme parfait arrachant à la médiocrité quotidienne. Mais il est aussi l'amoureux des premiers jours qui fait vibrer, le futur père potentiel qui rassure, l'ami-amant disponible mais pas envahissant. La routine amoureuse attire mais révulse en même temps et l'homme marié s'engouffre bien vite dans cette brèche.
Le Prince existe également pour la femme mariée. Dans tous les cas il demeure du domaine du rêve et permet d'accepter la "vraie vie", la réalité d'un amour tangible.

Le célibat n'est pas figuré comme une tare ou un problème inexplicable, ce que ressentent fréquemment les jeunes femmes en butte au "doigt accusateur" de la société ou de leurs propres représentations. Il devient la preuve d'une construction identitaire ouverte (la "trajectoire d'autonomie" que décrit Kaufmann), mouvante, passionnante et surtout miroir de notre époque. Il n'est pas une preuve du "rien" que croient être certaines de ces femmes, il est un nouveau mode de vie, lié à des modèles inédits pas encore intériorisés et à peine théorisés.
Lien : http://los-demas.blogspot.fr..
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