AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de GabyH


GabyH
11 novembre 2013
Premier matin ou l'analyse pointilleuse d'un thème universel.

Un thème universel, vraiment ? Jean-Claude Kaufmann, sans le nier, nous montre que la façon dont nous vivons ce moment intime est en fait le produit d'une modernité occidentale. L'analyse développée par l'auteur est ancrée dans la contemporanéité des sociétés occidentales : il s'agit de décrypter les comportements des individus à partir d'un échantillon d'enquête plutôt jeune, avec une perspective intergénérationnelle présente mais très limitée. Ainsi, le premier matin dont il est question ici est celui des plus jeunes des générations post-68.

Postulant que « le premier matin est un événement qui s'ignore », le sociologue nous invite à scruter, de manière objective et scientifique toutes les étapes qui composent la première étape de l'apprentissage d'une possible vie de couple. Quels sont les ingrédients qui transforment le premier matin en un moment savoureux et léger ou, au contraire, en un temps amer et dur à digérer ? Jean-Claude Kaufmann ne se prononcera pas, ou presque pas : Premier matin n'est pas un guide pratique mais bien une étude sociologique fondée sur une démarche scientifique. Dans la singularité des trajectoires relatées, parfois drôles, parfois horripilantes, l'auteur dégage, fidèle à sa mission, de grandes tendances. Rien de plus, rien de moins. Et pourtant, on finit par se retrouver dans certaines situations décrites par d'autres.

Cet ouvrage est d'une lecture facile et accessible, sans doute du fait du courant de la sociologie américaine dans lequel s'inscrit Jean-Claude Kaufmann : la grounded theory. Cette approche du travail sociologique s'appuie sur l'évocation plus que sur la conceptualisation comme stratégie pour que le lecteur s'approprie, à partir d'exemples, des conclusions non clairement énoncées. On ne peut que regretter que ce parti pris méthodologique ne soit exposé qu'à la fin de l'ouvrage car on s'impatiente un peu, dans les chapitres précédents, alors que l'on attend une conclusion théorique ou méthodologique qui ne vient pas. Bien que cette position soit assumée par l'auteur et défendue avec des arguments valables, elle reste quelque peu décevante. C'est à en effet le principal écueil de cette étude, qui peine à sortir de l'anecdote pour formuler une véritable conceptualisation sociologique de la formation du couple dans le monde actuel. Les novices en sociologie ou simplement les curieux y trouveront cependant leur compte mais les amateurs de théorie sociologique plus classique, malgré l'intérêt évident de la démarche, resteront sans doute sur leur faim.
Commenter  J’apprécie          180



Ont apprécié cette critique (17)voir plus




{* *}