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Critique de Isacom


Marre de la bouillotte ? Prenez donc un chat pour dormir près de vous.
Le chat refuse de rester sur votre lit ? Mettez-y une pucelle droguée.
Parce que les jeunes filles du titre, elles ne sont pas endormies, non : elles sont assommées par un puissant somnifère.
Est-ce pour se livrer à des actes scabreux qu'Eguchi le narrateur paie pour ces jeunes filles ?
Non non : il est averti dès l'incipit par la maquerelle. "N'essayez pas de mettre les doigts dans la bouche de la petite qui dort ! Ça ne serait pas convenable !"
Alors pourquoi, mais pourquoi ?
Pour être au lit avec une femme sans éprouver de honte à ne plus... hisser le pavillon. Voilà pourquoi cette maison existe, réservée aux "clients de tout repos".
Alors Eguchi les tripote tout de même, les demoiselles en question. Il décrit minutieusement leur odeur, le grain de leur peau, la forme de leurs dents.
Et chacune de ses observations l'amène à se souvenir de sa vie passée, des femmes rencontrées, d'une balade avec sa fille (on comprend qu'il a des trucs pas clairs à régler, ce père de trois filles), et de l'agonie de sa mère.
Bref, les nuits d'Eguchi sont davantage méditatives qu'érotiques.
Il y a sans doute un fantasme japonais avec les femmes endormies, évoqué aussi dans La confession impudique de Tanizaki (et on pense également aux "love dolls"): face à une énorme pression sociale, culturelle, à "être un homme", une femme inconsciente est, davantage qu'une proie, un objet. Et surtout : un objet qui ne vous juge pas.
C'est extrêmement triste, et en tout cas révélateur des injonctions que subissent les hommes. Voici un homme vieillissant, solitaire, qui a derrière lui une vie bien remplie mais qui voit devant lui la nuit qui approche.
C'est triste, c'est mélancolique, et c'est très bien écrit.
Toutefois, j'avoue que, comme chez Hemingway, la belle écriture ne compense pas le peu d'intérêt que je porte aux thèmes abordés. Moi qui approche l'âge d'Eguchi, m'imaginer payant pour avoir un "bel endormi" de 16 ans dans mon lit m'a même fait exploser de rire.
Traduit par R. Sieffert.
Challenge Nobel
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