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Critique de Luniver


J'ai beau être athée, les livres avec un fort caractère religieux m'attirent régulièrement, surtout lorsqu'ils traitent de morale pratique, de choix auxquels tout le monde est confronté un jour ou l'autre, et pas d'obscurs dogmes théologiques auxquels personne ne comprend goutte.

Le lecteur d'aujourd'hui n'aura pas beaucoup de mal à comprendre les enjeux du roman : dans un petit village grec sous domination turc arrive un groupe de réfugiés, grecs eux aussi. Leur village a été rasé et pillé, et ils demandent un petit coup de main de la part de leurs compatriotes pour repartir du bon pied. La religion orthodoxe, comme la majorité des confessions passées, présentes et futures, recommande d'ouvrir son coeur, et sa maison, pour venir en aide à un frère en difficulté. Les habitants du village, comme la majorité des fidèles passés, présents et futurs, refusent obstinément quelque aide que ce soit et font tout pour que ces indésirables sortent de leur vue.

Une tradition du village demande à quelques citoyens de jouer le temps d'une année les rôles évangéliques : Jésus, les apôtres, Judas, … Comme le titre du livre le laisse sous-entendre, ces citoyens, soucieux d'aider les réfugiés, vont suivre la même destinée que leurs célèbres modèles. Avec un final facile à prévoir, pour ceux qui ont lu la Bible ou se sont fait spoilés la fin.

Le roman peut toujours s'interpréter de deux manières : les personnages ont une histoire et un ancrage local dans leur village très fort, et les relations entre eux ont de l'importance dans le récit. D'un autre côté, ils représentent également des archétypes universels facilement reconnaissables. Ainsi, l'instituteur est à la fois le frère du pope qui essaie de faire vivre le patriotisme grec dans le village, mais aussi le Savoir, incapable de se faire entendre dans les temps de crise et qui laisse des drames se produire sans intervention, un peu par peur, et beaucoup par lâcheté.
De même, à côté de considération politique très concrète, on trouvera dans l'histoire des châtiments divins et des guérisons miraculeuses.

Ce mélange des genres m'a pas mal déstabilisé, comme à chaque fois que quelques éléments magiques se glissent subrepticement dans un univers qui paraît très réaliste. Néanmoins, le propos du livre reste très percutant. Qu'on soit croyant ou non, on est bien forcé de reconnaître que des Christs ne cessent d'être crucifié chaque jour. Et que dans une telle situation, on se retrouverait probablement du côté des bourreaux.
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