Comme en prévision d’un temps où les bombes renverraient progressivement l’humanité dans le passé, où la civilisation moderne serait terrassée par un adversaire au formidable pouvoir de destruction. Un astéroïde. Un virus. Une arme chimique. Seulement vingt ans en arrière, pour commencer. Disparition d’Internet. Puis quatre-vingts ans en arrière. Plus de télévision. Plus de téléphone. Puis encore plus loin. À une époque où la société ne serait plus qu’un vague souvenir, où les hommes vivraient de nouveau de la chasse et de la cueillette et passeraient leurs nuits autour d’un feu sur lequel ils veilleraient attentivement de crainte de mourir de froid dans leur sommeil.
Nous autres, humains, croyons avoir le droit d’accorder la vie ou de donner la mort. Réfléchissez à notre relation à la mort. Nous n’hésitons pas à la favoriser. Or la mort n’a pas besoin de nous. Elle finit toujours par s’imposer d’elle-même. Aussi pénible soit la vie, ce n’est pas à nous d’infliger la mort. Celle-ci survient quand le moment est venu.
Le sommeil ponctue l’éveil, qui lui-même ponctue le sommeil ; le bon devient pire, et le pire devient meilleur ; le grand devient plus petit et ne peut devenir plus grand que s’il a, à un moment, été plus petit. C’est ainsi que la vie naît de la mort, et inversement.
L’insomnie peut avoir de graves conséquences pour notre santé. C’est lors de nos phases de sommeil profond que nos défenses immunitaires se développent. Soixante-douze heures sans sommeil peuvent suffire à rendre fous la plupart des gens.
Elle se réjouissait tellement à l’idée de lui montrer l’éclipse de ce soir. Un peu comme si elle avait elle-même organisé cet événement pour lui. Comme un enfant qui exhibe son dessin à un adulte.
Un soliste croit toujours qu’il n’a pas besoin des autres. Qu’il peut sauver le monde à lui tout seul, alors que c’est impossible. On fait tous des promesses qu’on ne peut pas tenir.
Condamner un homme à la peine capitale revient seulement à précipiter l’inévitable. La mort en elle-même ne constitue en rien une peine, et le Coupable s’en tirerait à bon compte.
Le silence. C’est le pire. Pire que le sang. Pire que les cris de Maman. Parce que le silence essaie de me dire quelque chose. Que ma vie est désormais vide de sens.
L’échec est un luxe que nous ne pouvons nous permettre. Pour nous, c’est une chose inconcevable. Et c’est comme ça chaque soir. Chaque année. À chaque seconde.
Je préfère croire aux choses que je peux observer dans mon microscope, ou auxquelles je peux me mesurer d’une autre manière. Des preuves. On élabore une théorie, puis on s’efforce de la prouver. Inversement…