Ayant été littéralement retournée par le récit "
Les trois lumières " au point d'avoir renoncé à la chronique, il me semblait périlleux de me plonger dans le livre précédent de
Claire Keegan tant le risque de frustration, de déception, me paraissait inévitable.
Et pourtant la curiosité l'emporte, la fascination pour l'écriture, l'étrange désir de se perdre encore dans cette émotion.
Quinze nouvelles, un véritable étourdissement, un recueil qui porte si bien son titre. Les femmes, dans ces textes, traversent une immensité froide, s'éloignent de leurs repères. Il y a quelque chose de redoutable, de rude et d'impérieux dans ces mots là. Des portraits qui égratignent. Et pourtant, le ton, s'il est incisif, n'est pas à l'introspection. C'est l'intensité des scènes, effrayantes de précision pour le moindre détail, l'incertitude d'une attitude, ces secondes de temps flottant, une densité saisie et saisissante en instantanés à la fois pudiques et prosaïques.
On peut être surpris, dérangée parce que c'est parfois dérangeant, par la violence des sentiments suggérés, par la crudité de certains mots après avoir lu "
Les trois lumières ". Cependant, il s'agit bien du même style épuré qui dit l'essentiel, la même force d'évocation à travers des moments choisis au quotidien, la même pointe qui touche au plus juste, une tension sensible. Et ces phrases qui s'insinuent.
Ce recueil là, c'est une lumière blanche.
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