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Critique de Zazette97


Paru en français en 2011, "Les trois lumières" est le premier roman de l'écrivaine irlandaise Claire Keegan, également auteure du recueil de nouvelles "Antarctique".

Par une lourde après-midi d'été, une petite fille se fait emmener par son père à la ferme des Kinsella, un couple sans enfants auprès duquel elle séjournera le temps que ses parents règlent leurs problèmes d'argent.
Au contact de cette famille d'accueil provisoire, la fillette découvre des sensations nouvelles comme celle de prendre un bon bain chaud ou de se voir offrir de beaux vêtements mais surtout cette tendre bienveillance à nulle autre pareille dont l'ont toujours privée ses parents.
Mais elle le sait, ce bonheur ne pourrait durer qu'un temps seulement...

Tout au long de ce court roman, nous partageons l'émerveillement mais aussi les doutes de cette jeune narratrice dont le sentiment d'appartenir enfin à une vraie famille, d'être choyée cotoie la crainte de voir son bonheur prendre fin d'un jour à l'autre.
J'ai aimé le regard tour à tour enfantin et mature que cette enfant un peu sauvage mais pas contraire porte sur le monde des adultes.

Toutefois, deux choses m'ont tout de même dérangée dans cette lecture.
J'ai été étonnée du manque de jugement de cette petite fille par rapport à l'abandon de ses parents. le lecteur sait que sa mère est à nouveau enceinte et que celle-ci se serait volontiers passée de cette bouche à nourrir supplémentaire.
Mais pourquoi cette fillette doit-elle aller vivre chez des inconnus alors que ses soeurs peuvent rester à la maison ?
Celle-ci ne semble pas percevoir l'injustice de la situation ni en vouloir à ses parents comme le ferait une enfant de son âge. J'ai trouvé ce comportement un peu trop sage, passif.

Lorsque son père la conduit auprès des Kinsella, il ne se retourne même pas pour lui dire aurevoir (et il oublie de lui donner ses affaires) ou remercier les Kinsella de prendre soin de sa fille.
Même chose au retour, aucun témoignage de reconnaissance à ce couple qui a quand même veillé à tous les besoins de l'enfant - sans parler des cadeaux - et pas la moindre manifestation de joie des parents en revoyant leur fille.
Qui plus est, le père se permet de dire aux Kinsella qu'ils ne seraient pas capable de gérer une famille, un comble quand on sait qu'il leur a justement abandonné sa fille et qu'il sait pertinemment bien quel malheur les habite ! Certes, les Kinsella sont présentés comme de braves gens prêts à rendre service mais tout de même, se laisser traiter de la sorte sans broncher ? Je n'ai pas trouvé cela crédible.

Dans le cas d'une nouvelle, le lecteur accepte que seul un aspect/moment déterminant d'une histoire soit traité. En revanche, lorsqu'on lit un roman, on s'attend quand même à ce que l'histoire se déploie davantage et à ce que la majorité des questions trouve réponse.
Je pense que j'aurais du lire ce trop court roman comme une nouvelle. Peut-être n'aurais-je pas été rappelée à l'ordre par un certain pragmatisme.
Une jolie lecture, portée par une plume délicate malgré un thème assez dur, mais à laquelle il manquait néanmoins selon moi un peu de consistance.
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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