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Critique de jongorenard


Till l'Espiègle a changé d'époque, il a quitté son Moyen-Âge pour atterrir au XVIIe siècle. Il a même changé de nom, il est maintenant Tyll Ulespiègle. Et si l'époque dans laquelle il vit est incertaine, la misère, elle, ne l'est pas. Nous sommes en pleine guerre de Trente Ans, époque qui ne manque pour le célèbre saltimbanque ni de messieurs de haut rang à moquer, ni de savants à ridiculiser, ni de gens crédules à berner. Dans "Le roman de Tyll Ulespiègle", le récit, qui n'est pas linéaire mais écrit à partir de différents points de vue, fait voyager à travers les horreurs et les ravages de la guerre de Trente Ans, du Saint-Empire Romain, et de la cour de Frédéric, le roi d'hiver et son épouse Élisabeth Stuart. Cette structure offre une expérience de lecture périlleuse, mais stimulante. Normal pour un funambule. Tyll se retrouve ainsi au centre de certains chapitres et à la périphérie d'autres. Ce n'est qu'à la fin que j'ai pu voir comment tous les épisodes s'accordaient avec brio. J'ai été particulièrement impressionné par le fait que chaque événement ait été présenté par deux personnes ou plus dans une version légèrement différente. Ce procédé suggère qu'une mémoire infidèle ou un intérêt personnel peuvent modifier la petite ou la grande histoire. Mais le Tyll de Daniel Kehlmann n'est pas le même que celui du folklore médiéval. Il est le reflet de temps macabres et cruels, temps d'étranges croyances pour lesquelles les gens tuent et sont tués. Avec son humour noir et sa figure tragique, il agit comme un miroir pour les autres personnages, leur renvoyant une image cruelle, perfide ou absurde. Artiste itinérant, il arrive dans les villages avec « son pourpoint bigarré, sa capuche déformée et son manteau en peau de veau ». Il met en scène des comédies avec des dragons, des sorcières, des rois maléfiques. Il est accompagné de sa « soeur » Nele et d'Origène, un âne qui parle. Il est exubérant, irrésistible, charmant, grossier, moqueur et lance des ordres absurdes, que les spectateurs en transe exécutent. Les aventures et les voyages de Tyll sont décrits avec verve par Daniel Kehlmann qui vénère l'art de l'histoire. Son écriture est pleine de charme, d'intelligence, d'humour et d'espièglerie au milieu des horreurs de la guerre. J'ai également apprécié les aspects surnaturels du roman, le petit peuple, les sorts, les dragons qui étaient chose admise à l'époque. Je finirai en recommandant ce livre et en félicitant la traductrice qui, il me semble, a fait un travail formidable. En lisant "Le roman de Tyll Ulespiègle", j'ai eu l'impression qu'il n'était pas traduit, mais écrit en français.
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