Il n'y a rien qui plaise davantage aux gens, rien qui les fasse rire davantage, mais l'imitation doit être réussie car, si elle n'est pas bonne, tu deviens pitoyable. Pour imiter quelqu'un, espèce d'idiot, gamin stupide, caillou borné et sous-doué, il ne suffit pas que tu lui ressembles, il faut que tu lui ressembles plus qu'il ne se ressemble à lui-même car lui, il peut se permettre d'être comme il veut, mais toi, tu dois devenir lui en tout point et, si tu n'en es pas capable, alors abandonne, laisse tomber, retourne au moulin de ton papa et ne gaspille pas le temps de Firmin !
Il s'agit d'observer, tu comprends ? C'est là l'essentiel: regarde bien ! Comprends les gens. Ce n'est pas si compliqué. Ils ne sont pas difficiles. Leurs désirs ne sortent pas de l'ordinaire, seulement chacun veut ce qu'il désire de façon un peu différente. Une fois que tu as compris en quoi, il te suffit de vouloir les choses de la même manière pour que ton corps suive, que ta voix s'adapte d'elle-même et que ton regard soit le bon.
(page 283)
Un temps infini ne peut pas se terminer.Donc il a bien dû commencer.Mais avant ça ? Un avant avant le temps? C'est à vous donner le vertige.
( p.37)
Au-dessus de nous, Tyll Ulespiègle se retourna avec lenteur et nonchalance- non pas comme quelqu'un qui est en danger, mais comme quelqu'un qui regarde avec curiosité autour de lui.Il avait le pied droit posé sur la longueur de la corde, le pied gauche en travers, les genoux fléchis et les poings sur les hanches.
Et nous tous, qui levions les yeux, nous avons soudain compris ce qu'était la légèreté. Nous avons compris à quoi pouvait ressembler la vie de quelqu'un qui fait vraiment ce qu'il veut, ne croit à rien et n'obéit à personne; nous avons compris comment ce serait d'être comme ça, et aussi que nous ne le serions jamais.
( Actes Sud, février 2020)
Deux fois par an, nous recevions la visite du collecteur des impôts, qui semblait toujours étonné de nous voir en vie. (p. 9)
Je pense que vous pouvez appeler cela de la politique.
— Mais sais-tu ce qui est encore mieux ? Encore mieux que de mourir en paix ?
— Dis-le-moi.
— Ne pas mourir, petite Liz. C’est beaucoup mieux.
- On t'apprendra tout, dit l'âne. Moi, Nele, la vieille et Tyll. Et tu partiras d'ici. Le monde est grand. Tu pourras le voir. Je ne m'appelle pas bêtement âne, j'ai aussi un nom, je m’appelle Origène.
(page 18)
Voilà, dit l’abbé de sa voix posée, comment les choses s’étaient passées, jour après jour, année après année. Une telle famine. Tant de maladies. L’alternance des armées et des maraudeurs. Le pays s’était dépeuplé. Les forêts avaient disparu, les villages avaient brûlé, les gens avaient fui Dieu sait où.