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Critique de MadameTapioca


[ Roman paru en 1965 et édité pour cette rentrée par Delcourt ]

À l'âge de cinq ans, un garçon afro-américain aveugle est abandonné par son père dans une institution pour non-voyants. Ludlow Washington y souffrira pendant onze ans, jusqu'à ce que ses dons musicaux lui offrent un billet de retour dans le monde. Il débute dans un orchestre d'une ville du Sud. Il découvre la vie, il découvre les femmes, il découvre que blancs et noirs ne sont pas égaux. Son avant-gardisme musical le mène à New York jusqu'au sommet de la scène jazz - où ses démons personnels menacent de le ramener vers le bas.

Ludlow Washington est un homme doué mais endommagé, un homme totalement mis à part de la société - par la cécité, par sa couleur de peau, par le talent - qui doit lutter contre l'adversité et l'ambition pour parvenir à l'acceptation et l'estime de soi qui lui ont toujours échappé. L'auteur explore le racisme et les turpitudes des hommes à travers les yeux d'un aveugle et c'est une idée totalement géniale. Il nous montre l'Amérique ségrégationniste non pas à travers les yeux de la société blanche ou de la société noire mais comme la perçoit celui qui ne voit pas de différence.
Dans le contexte de la scène jazz américaine, la syncope et l'improvisation de la musique servent de métaphore à la vie de ce musicien.

J'ai vraiment apprécié ce roman que je qualifierai de brut.
L'histoire est structurellement simple, racontée chronologiquement, sans fioritures, sans effet de manches, presque dans une économie de moyen et pourtant avec beaucoup de classe. William Melvin Kelley pose le bon mot ou bon moment. Aucun pathos non plus, pas d'émotion à outrance. On ne s'attache pas particulièrement au personnage (manipulateur, égoïste ) et pourtant c'est une histoire très humaine qui résonne à de nombreux niveaux. Trompeusement facile à lire.

Une lecture que je dois au Picabo River book club. Merci à Léa et aux éditions Delcourt.

Traduit par Éric Moreau
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